La robotisation laitière rend-elle plus heureux ?

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La robotisation laitière rend-elle plus heureux ?

Avec le robot, les éleveurs sont dégagés de certaines tâches répétitives qui peuvent être usantes à la longue. Mais l’arrivée du robot va induire une nouvelle charge mentale.

Les ARACT (*) de Lorraine et Champagne - Ardennes ont enquêté 29 élevages équipées de robots de traite, avec une question centrale : le robot contribue t –il à la qualité de vie au travail des éleveurs laitiers ?

Le nombre d’exploitations françaises pourvues d’un robot de traite, ne cesse de croître. Fin 2015, 4800 étaient équipées de 6150 stales. Devant l’ampleur du phénomène, l’ARACT a cherché à savoir si oui ou non, cette robotisation de la traite était synonyme de mieux – être professionnel et personnel : pénibilité physique, charge mentale, climat social, temps de travail, … (voir l’étude complète publiée en 2017 sur le site de l’ARACT).

Un rythme bouleversé !

En majorité, les réponses des éleveurs interrogés sont formelles : le gain de temps d’astreinte est estimé à environ 2 minutes par vache et par jour, soit 2 heures pour 60 vaches. Le robot apporte un réel soulagement physique très apprécié par les éleveurs mobilisés habituellement deux fois par jour pour poser et déposer les griffes … Toutefois, le temps de travail consacré à l’atelier lait peut être identique et même croître. Cette nouvelle technologie entraine en effet de nouvelles activités de gestion du matériel et de traitement des informations très abondantes fournies par le logiciel.

Gérer la charge mentale

Certes, les éleveurs laitiers vont peut-être grappiller quelques minutes de plus au lit le matin et surtout gagner en souplesse d’organisation. Par contre, la charge mentale ne diminue pas. Car les nombreuses alarmes programmables sur le système risquent de troubler le rythme des jours. Et ceci, y compris en dehors des plages quotidiennes de travail. Le suivi du troupeau habituellement concentré au moment de la traite du matin et du soir, sera désormais fractionné au cours de la journée. « Grâce » aux nouvelles technologies qui permettent à l’éleveur de rester connecté 24h/24h avec son cheptel (même s’il est parti en vacances), la tentation est grande de ne plus jamais « couper » complètement de son environnement de travail ! D’autant plus si une application vidéo est installée sur son smartphone …

Robotisation : gain de productivité

Les éleveurs rencontrés ont très souvent gagné en productivité et en performances animales (une fois passée la période d’apprentissage du robot tout du moins). La détection des maux dont souffre la vache serait mieux anticipée qu’avec une installation de traite classique (exemple : détecter plus en amont une mammite). Même si tout le monde s’accorde à dire que l’ingénieux robot ne remplacera jamais l’œil avisé d’un éleveur bien sûr ! Attention, l’appropriation de la robotique n’est pas uniforme pour tout le monde. Les anciennes générations sembleraient moins agiles dans ce registre. Ce challenge technique doit donc être bien évalué avant d’investir. Evidemment, il convient d’associer à cette réflexion les autres associés ou salariés de l’exploitation.

Nouveau rapport homme/animal

Insidieusement, le robot va modifier aussi le rapport de l’homme à l’animal. « Il devient parfois plus difficile d’approcher la vache pour effectuer un soin » rapporte l’un des éleveurs rencontrés. L’identité du métier d’éleveur laitier se transforme imperceptiblement avec l’arrivée de ces nouvelles technologies … Enfin, cet investissement coûteux en équipements et en frais d’installations et de maintenance fait peser sur les épaules de l’éleveur une exigence supplémentaire de rentabilité. Une préoccupation qui s’impose avec beaucoup d’acuité dans une filière éprouvée par les crises successives de 2009 et 2016.

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