Premiers pas dans des ‘vrais’ champs en France pour la Premos de Krone. Après un passage éclair l’an dernier pour une présentation sur 500 m près du siège français du constructeur, la fabrique mobile de fabrication de pellets a passé quinze jours en Normandie. La société AGB (Villers-sur-Mer, 14) a ainsi pu utiliser l’engin qu’Arnaud Besnier (gérant) suit de longue date. Avec l’activité de compostage des déchets verts notamment, l’entreprise est familière d’une logique d’industrialisation qui correspond bien à la Premos. Depuis les « trois ans qu’on m’a parlé de cette idée », l’entrepreneur a eu le temps d’imaginer. Vu l’investissement, « il faudra que ce matériel tourne 10 mois dans l’année », comme la déchiqueteuse pour laquelle est bloqué un bon mois de maintenance annuelle, en plus de l’entretien régulier.
Une organisation industrielle pour la valoriser
Le parallèle avec la déchiqueteuse ne s’arrêta pas là, puisque la Premos lui a aussi emprunté son Xerion 5000 et son chauffeur attitrés. « Il fallait trouver un tracteur d’au moins 400 ch pour organiser ces essais », confient les représentants du constructeur. L’entrepreneur reprend : « On est sur un produit équivalent à la plaquette. Pour aboutir à un travail de qualité, il faut que le chauffeur sente la matière passer dans la machine, en se repérant aux bruits, au régime moteur… » Julien Claudon, responsable produit de Krone, confirme que plusieurs paramètres sont à gérer finement pour agglomérer un pellet qui se tienne. Il y a par exemple le taux d’humidité du produit, qui doit rester « entre 12 et 16 % » ou la vitesse de travail.
Alimentation, paillage et éventuellement énergie à l’avenir
Afficionados de vitesse ou de records de bigs pondus à la journée, passez votre andain ! Ici, après une moissonneuse de 9,30 m, la Premos avance à peine à 1 km/h, pour un débit annoncé de 5 t/h de paille prête à l’emploi, facile à transporter et à stocker. « Densifier ainsi le produit en une seule fois, c’est intéressant pour moi », poursuit Arnaud Besnier. Il précise avoir déjà des sollicitations, pour un service qu’il pense facturer entre 120 et 140 €/t, « pour du paillage de volailles, pour des chevaux, de la luzerne, du foin… » Le panel qu’il décrit est finalement assez représentatif du public ciblé par James Charron, le directeur commercial de Krone en France : « le pellet va surtout intéresser les éleveurs pour l’alimentation, avec du foin, de la luzerne… ou pour le paillage, dans un premier temps. » Julien Claudon précise : « Un kilo pellet absorbe 4 l d’eau. » Après son passage dans les matrices, la paille est « au bon format pour la litière, même des volailles » et elle a été aseptisée. « La compression génère une augmentation de la température. Le pellet arrive dans la trémie à 80°C. »
Parmi les agriculteurs qui s’intéressent déjà aux opportunités qu’ouvre cet outil, les associés du jeune projet Secoppa n’ont pas manqué l’occasion. « On savait déjà qu’elle fonctionnait bien pour la paille. On voulait voir ce que ça donnait avec de la luzerne », confie le président Vincent Barbot. « Quand on a su qu’elle venait, nous avons contacté l’entreprise AGB pour essayer. » Dès son arrivée d’Allemagne, l’unité était dans un champ de luzerne d’un adhérent, « mais on n’a pas pu aller au bout de la parcelle », résumé l’agriculteur. Et si des bouchons de luzerne ont pu être produits par l’entrepreneur de travaux agricoles par la suite, l’expérience confirme la délicatesse du process vis-à-vis des conditions de travail et des paramètres d’humidité notamment. L’hypothèse de travailler en poste fixe à la sortie du futur séchoir, sur un produit plus homogène et maîtrisé, reste donc une piste crédible. D’autant que le constructeur allemand travaille déjà la question d’une alimentation de la Premos en poste fixe qui semble indispensable à sa rentabilité.