La cuma du Bas Quercy a mis en place des pénalités pour inciter les adhérents à régler leur facture à temps, avec succès. Implantée sur les coteaux moissagais depuis une cinquantaine d’années, elle compte près de 100 adhérents, tournées vers les grandes cultures, l’élevage et l’arboriculture. Retour sur la nouvelle pratique : des pénalités de facture des agriculteurs en cuma.
Pénalités de facture des agriculteurs en cuma : pourquoi ?
Cette coopérative du Bas Quercy se développe au fil des années. Mais avec un contexte agricole plus tendu et un bureau démuni, des difficultés de paiement surviennent chez plusieurs adhérents. Cela a pour résultat d’affaiblir le fonds de roulement de la cuma.
À l’annonce du départ du trésorier, lors de l’assemblée générale de 2021, la question du renouvellement du poste se pose. Voyant que la situation financière de la cuma se tend et au vu du temps nécessaire à la gestion de ce poste, aucun candidat ne souhaite alors reprendre les fonctions de trésorier.
Face à ce constat, François, ancien trésorier de la cuma, se propose, à la condition d’être suppléé. Dimitri et Sébastien intègrent donc le bureau de la cuma.
Il témoigne : “J’ai souhaité être soutenu dans mes fonctions de trésorier pour ne pas être débordé. En intégrant ces deux jeunes au bureau, on espère assurer la pérennité de la cuma.”
Trois trésoriers pour la cuma du Bas Quercy
Les tâches du trésorier se répartissent entre les trois membres. Les missions de ces derniers sont bien spécifiques. Le trésorier principal, François, assure le suivi du capital social et des dettes adhérents, ainsi que les relations avec les organismes de banque et assurance. Le trésorier adjoint, Dimitri, suit les échanges avec les fournisseurs (paiements, devis…). Il enregistre les bons de travaux sur le logiciel comptable de la cuma, avec le second adjoint, Sébastien, qui lui est chargé du calcul des coûts d’utilisation des matériels pour la facturation.
« Le fait d’avoir plusieurs trésoriers permet de répartir des mails et des appels selon le secteur géographique, les affinités et les missions de chacun », complète l’un d’eux. « Notre partenariat avec la fdcuma a été renforcé par le recrutement de nouveaux collaborateurs au sein de leurs équipes. Cette dynamique positive a permis d’optimiser nos échanges et de garantir une meilleure réactivité auprès de notre cuma », poursuit le vice-président.
Une longue bataille
En prenant ses fonctions, le trésorier principal constate : « le montant des impayés était supérieur à plus de la moitié du chiffre d’affaires de la cuma. Certains adhérents qui étaient à jour de paiement, avaient cessé de payer leur facture, voyant que d’autres accumulaient leurs dettes ».
Face à ces dérives, devenues trop lourdes pour la cuma d’accueil du Bas Quercy, le bureau s’est réuni et a décidé de mettre en place un cadre strict pour recouvrer les créances adhérents. Les adhérents ont été informés de cette nouveauté par courrier individuel. Cette décision a ensuite été mise au vote lors de l’Assemblée Générale de la cuma et adoptée à la majorité.
Par la suite, les statuts et règlement intérieur ont été actualisés, précisant les modalités de règlement des factures. “L’objectif était de faire payer les adhérents sans entrer dans une relation conflictuelle”, précise le bureau.
Pénalités de facture des agriculteurs en cuma : 1 % d’agios par mois
Le bureau souhaite laisser suffisamment de délai aux adhérents. Envoyée en février, les adhérents ont jusqu’à la fin du mois de décembre pour solder la facture. Passé ce délai, une pénalité de 1 % par mois de retard est appliquée sur la facture.
Afin d’éviter de produire une comptabilité intermédiaire, les pénalités sont facturées à chaque fin d’année. En revanche, si l’adhérent paye sa facture dans le mois où elle lui est adressée, il bénéficie d’un escompte.
Dissuasion efficace
Parmi les 25 adhérents qui détenaient des dettes anciennes à la cuma, seuls 2 adhérents se sont vus appliquer des pénalités de retard. Pour les autres, le dialogue avec les trésoriers aura, en partie, permis de résoudre les problèmes d’impayés : 20 adhérents ont pu rapidement solder leur dette et 1 adhérent a demandé un échéancier.
Maintenant, les adhérents communiquent plus facilement avec le bureau sur leur situation. Des échéanciers et autres aménagements leur sont proposés et les pénalités de retard sont évitées. « Nous adoptons la même souplesse que pour les factures. Les pénalités sont appliquées si l’échéancier n’est pas respecté » explique le trésorier de la cuma. La sortie d’adhérents a également été favorisée, en proposant une compensation de la dette par le capital social détenu.
Avec les adhérents ayant renoncé à ce nouveau cadre et les autres départs (retraite…), la cuma se projette avec presque moitié moins d’adhérents, mais une coopérative beaucoup plus saine.
Pour aller au-delà de la rigueur de paiement imposée, le bureau de la cuma a aussi formalisé de nouveau l’engagement des adhérents, notamment, l’appel des parts sociales. Cela, afin de faire prendre conscience aux adhérents leur utilisation des matériels de la cuma, ainsi que leur engagement. “La marche est plus haute pour accéder à la cuma mais plus sécurisante pour ses adhérents” poursuit le trésorier.
Pénalités finalement peu appliquées
D’un point de vue financier, « la première année, la cuma a réussi à recouvrir la moitié de ses créances, c’est-à-dire les retards de paiement des anciens adhérents, ce qui était la partie la plus facile. Aujourd’hui, la progression est plus lente, mais tout est cadré » précise le trésorier.
Pour ce qui est du bilan humain, le bureau a gagné en transparence avec ses adhérents. Ils ont des retours positifs d’adhérents qui sont plus confiants et optimistes pour la pérennisation de la cuma. Les échanges en sont plus fluides. « Maintenant tout est cadré, nous avons une visibilité sur les entrées d’argent. On retrouve progressivement un bon fonds de roulement à la cuma. » ajoute-t-il.
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