La consultation de tous les sites de petits annonces agricoles aboutit au même verdict: le renchérissement considérable des cours de la paille. Idem chez les négociants tel que ce professionnel de la Vienne qui vend actuellement la paille de blé 80 € la tonne (prix départ). Soit 25 à 30 € de plus que l’an dernier. Des cours culminent même à 120 €! Le marché de la paille devient rapidement «spéculatif» les années «sans». Ce qui incitent les organisations agricoles à mettre en place des «opérations paille» qui redonnent ses lettres de noblesse à la solidarité paysanne.
Le barème fourrage 2018, publié par la Chambre d’agriculture de l’Oise, donne à titre indicatif des tarifs destinés à servir de base de discussion entre le vendeur et l’acheteur. Mais la publication de ce barème est intervenue avant l’été sec que nous venons de connaître. Et les cours suggérés étaient donc nettement plus sages (20 à 24 € la balle rectangulaire de 400 kg).
Litière, alimentation, construction, énergie
Les volumes de paille nécessaires sont généralement moins élevés pour les nouveaux bâtiments d’élevages conçus pour être plus économes. Si l’usage de la paille concerne d’abord la litière, elle peut être aussi intégrée dans l’alimentation bovine. Cette démarche est pratiquée surtout les années comme celle-ci, par des éleveurs en manque de fourrage. La paille pouvant notamment être incluse dans la ration des génisses laitières. Une telle pratique concourt à augmenter la demande.
Parallèlement, on constate également des achats de paille destinés désormais à la filière construction (isolation). On voit poindre aussi des flux d’achat réservés à la filière énergie (installation de cogénération à biomasse, chaudières à biomasse…) en provenance de certaines régions comme la Belgique ou les Pays-Bas, semble-t-il. Enfin, la disponibilité de paille tend à se réduire de la part de certaines exploitations céréalières. Elles sont en effet plus attentives à ne pas appauvrir leurs sols en exportant la totalité de la paille.
En direct à prix «stables»
Pour espérer des approvisionnements régulier à prix stables, de nombreux éleveurs contractent directement d’une année sur l’autre avec des producteurs de céréales. Ainsi, des éleveurs Aveyronnais vont chercher régulièrement des chargements de paille dans le département voisin du Gers.
En années normale, le gain économique par rapport à un achat chez un courtier, restera modeste si l’on comptabilise tous les coûts et le temps investi. En revanche, l’avantage est plus net lorsque le marché est tendu. Pour ces chantiers, des cuma mettent à disposition leurs presse. C’est le cas de la Montagne Bourbonnaise dans l’Allier. Trois à quatre presses à balles carrées migrent tous les ans hors de son territoire pour assurer l’approvisionnement en paille des éleveurs adhérents.
En quête d’alternatives
Le secteur de l’élevage cherche d’autres ressources de substitution à la paille. Dans le Gers, des essais de paillage avec du miscanthus ensilé ont été réalisés. Entraid’ s’est fait l’écho aussi de l’incorporation de plaquettes forestières en guise de litière. Cette pratique donne des résultats probants, sous certaines conditions: plaquettes suffisamment sèches, de préférence issues d’essences de bois blancs (saule, peuplier, tremble, bouleau, noisetier…) et assez fines. Le coût de production des plaquettes observés dans l’Allier se situe entre 5 et 9€ le m3. En comparaison avec la paille, cela correspondrait à une valeur comprise entre 30 et 50 € la tonne.
Enfin, le pressage de cannes de maïs est une autre alternative observée dans certaines contrées du Centre de la France ou du Sud-Ouest. Mais cela suppose un automne suffisamment sec et des précautions pour ne pas incorporer de terre au moment du pressage. Ce qui pourrait compromettre sa conservation.