Les moissons 2022 démarrent doucement dans le Sud-Ouest, avec dans certains secteurs jusqu’à deux semaines d’avance. À l’image de la campagne, globalement marquée par un manque de précipitations, ces récoltes démarrent dans un climat très sec.
Cela se ressent sur les poids spécifiques -assez faibles- et donc sur les rendements. Heureusement, « les prix sont là », soulignent les responsables de cuma interrogés. Lesquels veillent à préserver leurs machines pour éviter toute surchauffe, et donc tout risque d’incendie pour ces moissons 2022.
Moissons 2022 dans l’Aude: des grains secs et légers
Dans l’Aude, à la cuma de Soupex (zone Lauragais), « on vient de commencer sur l’orge, sur 4,5ha. Au total en céréales, on récolte 200ha, avec une case IH Axiale », détaille Jean-Paul Marty, le président.
« C’est mon fils, salarié-adhérent, qui la conduit. » Sur ces premiers hectares, « c’était sec, très sec, à 11% d’humidité. Les rendements sont un peu légers du coup. La récolte est moins belle que l’année dernière. Il me semble qu’on est à 53 q/ha, soit à peu près 20 de moins que l’année dernière. »
« C’est dû au manque d’eau, » analyse-t-il. « Pour le moment, c’est tellement sec que ça casse, c’est impeccable, propre. Lundi on attaquera le blé dur, avec l’orge, ça fait le gros de nos surfaces. Il devrait être tellement brûlé par le soleil, que les glumes seront très dures à enlever. »
Dans le Tarn-et-Garonne: -30% sur les orges
Dans le Tarn-et-Garonne, à la cuma du Centre et du Rieutord, les moissons ont débuté samedi 11 juin avec les orges sur une dizaine d’hectares.
« L’orge est bien sèche », pointe Régis Buzenac, le président. La machine, une Claas Lexion 630, récolte en céréales à paille environ 300ha (sur un total de 450ha). On a deux chauffeurs, qui sont aussi adhérents, qui gèrent très bien la tournée. On a aussi un responsable batteuse. Sur les orges, on a constaté un poids spécifique très bas, de l’ordre de 55. Et des rendements moyens à environ 4t/ha. D’habitude on taquine les 6t avec un PS plus élevé, autour de 70. »
Moissons 2022 au Centre et Rieutord: « ça va se compliquer avec les orages »
« Là, les orges ne pèsent pas, automatiquement, le rendement n’est pas le même. On est à 30% de moins. Les blés vont être pareils, je pense, ils ont été échaudés. Il a manqué d’eau sur notre secteur. »
À propos des conditions, Régis Buzenac anticipe: « Oui, fait très chaud et très sec, mais quand c’est comme ça, on a un fort risque d’orage. Et c’est là que ça peut être compliqué. On va avoir des fenêtres de tir très réduites je pense. Comme chaque année, c’est une habitude maintenant. »
Cuma de l’Ail dans le Gers: 15 jours d’avance
« Ça a démarré la semaine dernière, précise Sébastien Junqua, le président. « Au niveau de la cuma, on a deux petits groupes et deux machines -une Laverda 306 et Massey Ferguson 7073-, conduites par les adhérents, pour 600 ou 700ha. »
« On a commencé par récolter une quarantaine d’hectares de colza semence, qui avait été fauchés et andainés au préalable. Et on a attaqué les orges vendredi, le 10 juin, une quarantaine d’hectares également, et en pois, 38ha. Après on aura les blés durs, blés tendres classiques, blés améliorants, blés durs, pois chiches. »
« Les premiers retours pour le colza sont plutôt moyens, autour de 17q/ha bruts, aux normes ça fera moins. Ce sont des colzas irrigués, donc c’est assez décevant. En pois, la moyenne se situe entre 20 et 25q. Là c’est plus que décevant. Ils ont pris le gel en début de floraison, comme les colzas d’ailleurs. Et après on a eu un cycle avec quasiment pas d’eau donc c’est logique. »
Sols et rendements: profondeur et réserve utile font la différence
« Les orges sont assez hétérogènes, ça s’étale de 35q à un peu plus de 60. Les plus bas, sur des plateaux séchants avec peu de fonds. Les 60q sont plutôt sur des terres profondes avec une bonne exposition, » analyse Sébastien Junqua.
Au niveau des conditions de récolte, « c’est vraiment très sec. Même par rapport aux dernières années, on est plus de 15 jours en avance. On n’a pas eu d’épisodes pluvieux, comme à certains endroits. »
« Il faut surveiller, on a des températures élevées, ça éprouve les machines. Il faut bien contrôler les niveaux, le matin, bien les souffler pour éviter tout problème mécanique. Si une machine n’est pas bien nettoyée, s’il y a de la poussière, elle aura tendance à plus vite chauffer et on peut rapidement voir des problèmes. »