Chez Vincent Grégoire, la moisson 2019 passe par un champ expérimental sur une parcelle en dernière année d’exploitation avant urbanisation. L’éleveur de porcs est habitué à cultiver du pois de printemps, qu’il valorise avec ses lots de charcutiers. « L’intérêt que je vois est que cela apporte de la variété dans les ingrédients de mes rations, et de le faire sans OGM. »
De la protéine ‘maison’
Son essai (1) vise à évaluer l’effet d’une association de ce pois avec de l’orge sur la pression des adventices notamment. Car la réduction de l’IFT est un objectif que l’éleveur poursuit. « L’itinéraire normal pour le pois ici comprend un desherbage en pré-levée doublé d’un passage en post-levée », précise Quentin Levieux, conseiller du Ceta 35.
De l’orge dans le pois
Ainsi, au milieu de la parcelle conduite avec cet itinéraire classique, l’agriculteur a disposé quatre bandes qui n’ont reçu qu’un seul traitement en post-levée. Leur autre particularité, c’est qu’entre les pieds de protéagineux se sont épanouis des épis d’orge. « L’essai a porté sur les densités de semis optimales du pois et de l’orge », précise le conseiller qui a trouvé des ressources en Suisse et auprès de l’Inra du Rheu pour définir le protocole.
« Nous avons fait une bande avec 50% de la dose de pois préconisée, plus 50% de la dose d’orge, parce que c’est une répartition qui s’impose un peu instinctivement. » Un deuxième passage a été opéré pour semer 80% de la dose de pois plus 40% de celle d’orge, ce qui correspond aux références de l’Institut bio en Suisse qui est « un référent en matière de cultures associées. » Une modalité préconisée par l’Inra de Le Rheu (75% du pois + 50% de l’orge) a aussi intégré le dispositif complété par une modalité 100% pois (80 grains/m²) + 30% orge (90 grains/m²). La dernière « visait à assurer un maximum l’effet couverture du sol au démarrage », justifie Quentin Levieux. De prime abord, c’est dans ces proportions que le mélange semble avoir été le plus satisfaisant sur le pont bascule, avec un rendement évalué à 59 q/ha, contre un résultat global pour l’ensemble de mélanges de 55 q/ha.
Conditions défavorables à la levée et au démarrage
Avec cette moyenne, les mélanges affichent une productivité améliorée de 30% par rapport à la culture pure (témoin). Mais avant de tirer des conclusions, il reste encore de nombreux paramètres à évaluer, tels que les proportions entre la céréale et le protéagineux dans la récolte. Quentin nuance aussi : « Il faut voir tout de même que la levée et le démarrage de la culture ont été compliqués cette année, entre autres à cause des oiseaux », ce qui a été moins défavorable au mélange ‘couverture’. Le taux de levée global, environ 60%, a été décevant.
30% de biomasse récoltée en plus avec les mélanges
Pour l’an prochain, l’agriculteur envisage déjà d’entendre la technique à 50% voire 100% de sa sole de pois. D’ici là, il aura aussi eu des premières réponses par rapport au tri. Car c’est aussi un sujet que soulève ces associations qui fleurissent dans la région, chez plusieurs éleveurs de porcs produisant eux-mêmes leur alimentation. A l’automne, l’animateur du Ceta 35 prévoit en effet d’organiser une démonstration de tri grâce à la récolte réalisée sur l’essai.
La recherche d’autonomie protéique en élevage fait l’objet d’un numéro Entraid’ – spécial Space.
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