Mobiliser ses adhérents, pour que tout le monde donne le meilleur de soi-même: est-on si loin de la définition du management?
« Ça surprend tout le monde, mais nous ne votons jamais, précise d’emblée Dominique Olivier, directeur de la coopérative « de territoire » Fermes de Figeac. « Quand nous avons des projets, nous les baladons de réunion en réunion, les faisons évoluer pendant des mois jusqu’à ce qu’on trouve un consensus. Fermes de Figeac prend du recul tous les 3 ou 4 ans sur ses projets. Elle a phosphoré ces dernières années sur son histoire, ses valeurs, son projet, avec les Ateliers de l’innovation sociale Oxymore et le think tank Sol & Civilisation. »
« Aujourd’hui nous travaillons sur le concept de l’entreprise libérée, même si nous ne le reprenons pas tel quel. Nous pensons que la valeur ajoutée d’un territoire est liée à celle que l’on produit, elle-même étant liée à l’innovation. Et l’innovation, c’est l’ensemble des idées de chacun, pas celles de deux chercheurs dans un coin, ou bien d’un président et d’un directeur. »
Lexique: -Entreprise libérée : forme organisationnelle dans laquelle les salariés sont totalement libres et responsables dans les actions qu'ils jugent bon, eux et non leur patron, d'entreprendre. (I. Getz) -Holacratie : système d'organisation de la gouvernance, fondé sur la mise en œuvre formalisée de l’intelligence collective. Elle permet de disséminer les mécanismes de prise de décision au travers d'une organisation d'équipes auto-organisées. -Sociocratie : approche qui mobilise l'intelligence collective de tous les membres d'une organisation, et assure une prise de décision sans objection garantissant une efficacité optimale. |
« Nous sommes donc en train de mettre en place un nouveau circuit de décision*. On a défini 4 enjeux pour la coop, dont la mutation vers l’agroécologie et la gouvernance coopérative. L’objectif, c’est que l’organigramme de la coop explose. Demain on se reposera sur nos 11 groupes « projet », qui vont nous délivrer une feuille de route chacun. Ces groupes sont constitués d’agriculteurs, de salariés, d’administrateurs et parfois de consommateurs. Les agriculteurs sont rémunérés pour leur participation. »
Des moyens pour réfléchir
« Nous donnons à chaque groupe des moyens pour faire progresser sa réflexion. Il peut s’agir de voyages d’étude, de machines, de temps, d’appel à expertise… Ils comptent 8-10 personnes. Certains partiront d’autres rentreront. » Un vaste chantier entamé pour doper la participation des adhérents de la coopérative, jeunes en tête. La coopérative a d’ailleurs peuplé le Bureau avec ces jeunes installés, qui, avec les délégués du personnel, constituent désormais le Cabinet de coordination de Fermes de Figeac.
« On s’aperçoit que pour motiver les gens il existe une multitude de petits leviers. Nous avons formé un groupe, le « grill des Eleveurs » dans lequel on sort faire des démonstrations toute l’année (35 fois cette année), pour lesquelles on rémunère les éleveurs. On a plein de petites actions, visites de fermes, randos, animations en fonction des thématiques, qui font qu’on a des groupes qui travaillent avec des agriculteurs. C’est un peu de la broderie, de petites actions les unes à côtés des autres. »
« Je sens que nos adhérents répondent sur certains thèmes et pas d’autres. Quand vous voulez les mettre sur de la technique agricole, ça ne les passionne plus. On fait une ferme photovoltaïque il y a 200 personnes dans la salle. La nature des agriculteurs a changé. Les jeunes agriculteurs qui s’installent ont des diplômes d’ingénieurs agricoles. La technique ils la voient sur internet. Les sujets qui les intéressent ne sont plus du tout les mêmes, il nous faut sans arrêt réfléchir sur quelle est leur motivation profonde. »
Fermes de Figeac est associée au Pôle Territorial de Coopération Économique Figeacteurs qui œuvre depuis 2 ans à favoriser une coopération inter-entreprises sur le territoire du Pays de Figeac avec l’ensemble des acteurs économiques et sociaux. Le Pôle organise le lundi 11 décembre une conférence intitulée « Le bonheure au travail : et si on libérait l’entreprise ? » à la salle Balène de Figeac.
*Formalisé dans le cadre d’une certification ISO 26000
A lire également: « Motiver ses adhérents: pari réussi pour la cuma lotoise de Saint-Cyprien » et « Renouvellement du matériel: le chauffeur a son mot à dire«