Dans les Combrailles, trois jeunes ont repris la tête de leur cuma respective dans la continuité des travaux de leurs prédécesseurs et avec l’objectif de redonner un second souffle à leur outil en imposant leur style.
Reprendre pour relancer
Christophe Dugat a repris la présidence de la cuma des Pères, à Saint-Maurice-près-Pionsat, en 2013 alors que cette dernière vivotait. Créée en 1970, la coopérative renouvelait rarement son matériel et son dernier achat remontait à 1995. Lorsque le président (et membre de la création) a décidé de prendre sa retraite, la question du démantèlement s’est posée devant la santé précaire de l’outil. Christophe Dugat a alors proposé de reprendre le siège de président
à une seule condition : « Faire les choses à ma manière. »
Le jeune homme de 30 ans s’investit avec l’idée de faire renaître la cuma. « J’ai organisé plusieurs réunions avec les agriculteurs du secteur afin d’identifier leurs besoins et voir s’ils étaient prêts à adhérer si l’on investissait dans du matériel. » Afin d’avancer vite et bien, Christophe Dugat n’hésite pas à imposer son style, façon pilier de rugby. «Pas de politique ! Les ennuis et les histoires des uns et des autres, je n’en veux pas dans le fonctionnement de la cuma !»
Des résultats sans attente
Le résultat de cette conduite intransigeante est sans appel. Le jeune éleveur explique avoir, à la fois, relancé la cuma et rouvert le dialogue entre les agriculteurs de son secteur. «Nous n’avons plus l’impression de seulement nous croiser en tracteur.» Désormais, les projets d’investissements vont bon train. Dès 2014, une bétaillère, une pelleteuse, un parc de contention et plusieurs remorques sont acquis. Douze adhérents au commencement, ils sont désormais une vingtaine.
«Le bouche à oreille a attiré les jeunes », explique le président qui, fier de son expérience, affirme qu’« il faut de la discipline et de la transparence pour qu’une cuma fonctionne ».
Reprise de flambeau
Quelques dizaines de kilomètres plus loin à Saint-Priest-des-Champs, autre ambiance dans deux autres cuma. A la cuma de Biollet, Jérémy Lamadon a pris le relais de la présidence en 2016. « L’ancien président voulait laisser la place à un jeune pour redonner du souffle à la coopérative. » A 23 ans, le jeune homme se retrouve donc à la tête d’une cuma de 29 adhérents.
Pendant un an, son prédécesseur, toujours membre de la cuma, l’accompagne en lui prodiguant de précieux conseils. « Il m’a aidé à reprendre les comptes et tout l’administratif de la cuma. » Cette lourde charge pourrait en effrayer plus d’un mais Jérémy Lamadon explique avoir trouvé la force dans le réseau cuma. « La Fdcuma du Puy-de-Dôme est très réactive. Dès que j’ai besoin d’un renseignement, j’ai toujours une réponse. En tant que jeune président, c’est rassurant. »
Frères de cuma
Jérémy Lamadon peut également compter sur le soutien de son collègue Yoann Chaffreix, lui-même président de cuma depuis 2013, suite au décès de son prédécesseur. L’éleveur de 39 ans a repris les rênes de la cuma des deux Clochers pour faire « perdurer l’esprit de la coopérative ». La structure est alors en plein développement et possède un important parc matériel. Malgré les difficultés, l’éleveur n’a pas failli. «Un président de cuma n’est jamais seul. Les adhérents sont autour de lui», témoigne-t-il.
Depuis le changement de présidence, les cuma de Biollet et des Deux Clochers se sont rapprochées davantage pour travailler ensemble. Désormais, leur parc matériel, centré sur l’ensilage, se complète et rassemble les mêmes adhérents. Les deux présidents travaillent ensemble sur un projet de bâtiment de stockage du matériel qui devrait voir le jour en 2018.