Dans les pays où la ressource en eau est limitée, comment se déclinent les systèmes agricoles ?
De quels types d’équipements disposent les agriculteurs de ces pays-là ?
Ils sont tous équipés principalement de système d’irrigation goutte-à-goutte. C’est un système, lorsqu’il est bien entretenu et l’utilisation bien maîtrisée qui permet d’optimiser ses apports d’eau.
Le coût de ces installations n’est pas négligeable, surtout lorsqu’on y ajoute les frais d’utilisation comme l’électricité ou le gasoil. À cela s’ajoutent des frais d’entretien… Il faut aussi avoir en tête que dans ces pays, l’eau coûte beaucoup plus cher qu’en France. L’optimisation est donc de rigueur.
En revanche, dans certains pays, où l’accès à l’eau est peut-être plus simple, on va trouver davantage de grandes cultures et donc de pivots ou de canon. La perte en eau peut être plus élevée par rapport à un système d’irrigation goutte-à-goutte. Tout dépend de la maîtrise et du réglage de ces outils.
En effet, outre l’équipement, il y a l’écosystème. Dans ces pays, les agriculteurs sont à la pointe, ils sont formés à l’optimisation de la ressource en eau, mais aussi à l’utilisation de leur équipement afin qu’ils soient le plus précis possible. En Israël, c’est dès l’école qu’on inculque aux enfants la gestion de l’eau et son optimisation.
Il y a aussi les aménagements des territoires en faveur de l’eau dont disposent les agriculteurs ?
Oui, dans tous ces pays, l’eau est nécessaire à la production agricole qui elle est primordiale à l’économie du pays. De ce fait, les pouvoirs publics ne lésinent pas sur les aménagements du territoire.
En Espagne par exemple, le gouvernement a misé depuis longtemps sur les retenues d’eau avec des barrages et des pompes. Que ce soit à l’échelle de la parcelle ou du territoire. Au Maroc ou en Israël, les autorités misent davantage sur la dessalinisation de l’eau. Ces pays ont déjà investi beaucoup pour se procurer de l’eau. Mais ce n’est pas sans conséquences, de nombreux conflits sont basés sur l’accès à l’eau.
Comment les pouvoirs publics accompagnent-ils les agriculteurs de ces pays ?
Au Maroc par exemple, les installations de goutte-à-goutte sont subventionnées à 100 % par l’État. Seul l’entretien ou le renouvellement des équipements sont à la charge des agriculteurs.
En Australie, les agriculteurs disposent d’un quota volumique d’eau qu’ils peuvent revendre s’ils n’ont pas utilisé la totalité de l’eau qu’il leur est octroyé.
Qu’en est-il du recyclage de l’eau ?
À l’échelle de l’exploitation, surtout lorsque la culture est hors sol, les agriculteurs sont capables de recycler l’eau qui n’est pas utilisée par les plantes. Sur un territoire, c’est encore très balbutiant.
Dans certains pays comme en Espagne, l’eau des stations d’épuration est recyclée et stockée, mais ce n’est vraiment pas le cas dans la majorité des pays.
Quelles comparaisons peut-on mener avec la France en matière de gestion de l’eau ?
C’est très difficile de comparer. Nous n’avons pas les mêmes systèmes agricoles. En France, les agriculteurs ne maîtrisent pas le climat puisque la majorité des cultures est en pleine terre. Dans les pays où la ressource est limitée, la gestion est plutôt simple, les agriculteurs savent la quantité dont ils ont besoin pour obtenir un rendement suffisant. Ils peuvent ensuite facilement irriguer.
En France, le climat est très changeant et demande aux agriculteurs de s’adapter constamment. Les investissements en système d’irrigation sont moins rentables. En 2022, pouvoir irriguer ses cultures était une nécessité. Tandis qu’en 2024, c’est presque du gaspillage. Il est donc difficile d’avoir de la visibilité et assurer de la rentabilité que ce soit en matière d’équipement qu’en quantité et qualité de production. Une chose est sûre, si l’agriculteur n’est pas équipé, qu’il n’a pas accès à un réservoir d’eau et qu’il ne l’économise pas, il ne peut pas faire face à la sécheresse.
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