Efficience et rentabilité grâce à la cuma d’irrigation 

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Efficience et rentabilité grâce à la cuma d’irrigation 

Laurent, Thibault Hubert et Alain Marcuard (de gauche à droite) se réunissent régulièrement avec les autres membres de la cuma du Cheneteau pour échanger sur l’efficience de l’irrigation en collectif.

Pour la cuma du Cheneteau, l’irrigation repose sur la force du collectif ce qui permet d’assurer la rentabilité des exploitations spécialisées en productions végétales. Une organisation bien rodée où le respect des règles est nécessaire pour un fonctionnement optimal pour ce type de cuma.

« Ici, s’il n’y avait pas l’irrigation, on ne produirait que des moutons », indique Alain Marcuard, président de la section 28 de la frcuma. Dans ce secteur du sud de l’Eure-et-Loir, les terres à dominante argilo-calcaires plus ou moins profondes tirent leur potentiel de l’irrigation, historiquement bien implantée en différents points de la nappe de Beauce.

Irrigation nécessaire

Et pour preuve. Un blé non irrigué affichait grosso modo un rendement d’à peine 45-50 quintaux (qx) l’an dernier, alors qu’avec deux tours d’eau le rendement tourne autour 70-80 qx. Mais c’est surtout la possibilité de diversifier les assolements avec des cultures à plus forte valeur ajoutée. Telles que les pommes de terre, les haricots verts ou encore les oignon. Cela confère à l’irrigation sa vertu essentielle pour l’économie agricole de ce secteur.

À titre d’exemple, en pomme de terre, des contrats de mise à disposition de parcelles permettent aux agriculteurs de percevoir une rémunération moyenne sur ce secteur d’environ 1 500 euros/hectare (€/ha). Tout cela sans avoir à gérer les autres chantiers tout au long du cycle cultural, mais en effectuant un nombre minimal de tours d’eau en plus des tours de plaine.

Assolement imposé

Ici, l’existence d’une cuma d’irrigation constitue donc une aubaine, notamment pour les agriculteurs ne disposant pas de leur propre forage. Le fonctionnement de la cuma du Cheneteau, regroupant 19 adhérents et gérants, désormais huit forages en propriété, a peu évolué au fil des années car les règles mises en place à sa création en 1977 sont plus que jamais d’actualité pour optimiser l’irrigation.

« Un assolement nous est imposé par les règles de la cuma pour que les forages puissent fonctionner au maximum de leur capacité sur la durée de la saison d’irrigation, d’avril à fin septembre », explique Laurent Sicot, président de la cuma du Cheneteau. Ainsi, sur les 90 ha que couvre un même forage, 45 ha doivent être consacrés à l’irrigation des céréales à paille. Les 45 ha restants à des cultures de printemps comme le maïs, les pommes de terre, les oignons, les haricots…

Rendre l’eau efficiente

Chaque irrigant a donc tout intérêt à raisonner son assolement en fonction de ces règles et des besoins des cultures spécialisées. La cuma a pour objectif de faciliter l’accès à l’eau de ses adhérents et a pour cela mis en place un réseau enterré efficient qui permet d’irriguer même en cas de panne sur un puit.

Autre investissement réalisé dans l’optique de baisser les coûts : la mise en place de variateurs, financée dans le cadre des aides FranceAgriMer en 2019, qui permet de faire des économies d’électricité non négligeables. « On gagne 0,03 € par m3 par rapport à la moyenne. Ces variateurs permettent d’adapter la consommation d’électricité selon le nombre d’enrouleurs utilisés », indique Thibault Hubert, trésorier du groupe.

Electricité : le poste stratégique

Pour maîtriser les coûts liés à l’énergie, une grande attention est portée aux contrats signés avec le fournisseur d’électricité. Avec un chiffre d’affaires cumulé de 91 000 € en 2023, dont 75 000 € concernent l’électricité, ce poste est donc stratégique. « Nous avons pu faire baisser les coûts en obtenant un prix groupé pour l’abonnement. 20 € par forage, poursuit le trésorier. Le remboursement TICFE (taxes intérieures de consommation d’électricité) nous a également permis de récupérer 22 000 € ».

La refacturation à l’adhérent se fait en fonction de sa consommation d’eau car chacun relève ses compteurs. Chaque m3 facturé englobe une charge de quasiment 83% liée à l’électricité, soit 23,7 centimes d’euros/m3. L’autre charge notable est le redevance Loire-Bretagne, à hauteur de 1,5 centimes du m3. Les autres charges sont les suivantes : assurance, frais bancaires, intérêts des emprunts et dotations aux amortissements.

Outre l’irrigation, la cuma du Cheneteau a également investi dans du matériel tel que deux herses étrilles et deux houes rotatives. Ils ont pu les acquérir grâce aux plans de soutien à l’investissement.

Suivi rigoureux des consommations

Pour que l’irrigation en collectif fonctionne, la mise en place d’un relevé régulier des compteurs est nécessaire. Cela assure un suivi rigoureux de la consommation d’eau, conformément aux restrictions éventuelles relatives à la nappe de Beauce. La Commission locale de l’eau (Cle) du Sage (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux) de la nappe de Beauce a arrêté le coefficient d’utilisation de l’eau en 2024. Il est de 0,79 contre 0,66 en 2023. Cela signifie que les irrigants disposent de volumes à hauteur de 21 % de moins que le volume de référence.

À la cuma du Cheneteau, un responsable de puit est désigné. Il s’assure des relevés de compteur, pour éviter toute fuite ou dysfonctionnement. Tel un chef  d’orchestre, il donne chaque soir le top départ pour ouvrir les vannes. Il indique quel type de buse à installer, en fonction du débit qui sort du puit.

Pour communiquer plus facilement, un groupe WhatsApp a été créé. Et pour diminuer la charge de travail, qui représente environ une heure pour le déplacement d’un enrouleur, le déclenchement de la mise en route est possible à distance grâce à un kit GSM.

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