Les valeurs de débit de chantier ‘à dire d’expert’ s’avèrent insuffisantes pour qui veut s’en servir pour organiser et prévoir au plus juste l’activité d’un nouvel investissement. Les déplacements entre l’exploitation et les parcelles représentent en effet un temps non négligeable. Pour y voir plus clair, le service agroéquipements de la fncuma suit, avec l’appui des animateurs du réseau, une population de compteurs connectés Karnott sur une large palette de matériels. Le but est de chiffrer les débits de chantier réels, en tenant compte du temps passé sur la route. Seules les activités correspondant à de vrais travaux sont prises en compte, mais certaines parcelles peuvent être traitées en plusieurs fois. Cela explique qu’on parle de surface travaillée du chantier et non de surface de la parcelle elle-même.
Une analyse sur 850 ha
Les tendances n’ont rien de nouveau. Chacun sait qu’on perd moins de temps dans une parcelle grande et en longueur que dans une parcelle petite et biscornue ! Mais ici la différence est chiffrée. Ce sont autant d’éléments utiles pour mieux organiser les travaux et, dans une cuma, pour mieux arbitrer les ordres de passage entre adhérents. Se baser uniquement sur l’ordre dans lequel arrivent les réservations peut conduire à multiplier exagérément les kilomètres sur route. Une ensileuse automotrice de 920 ch équipée d’un bec à maïs 10 rangs a ainsi fait l’objet d’un suivi durant une campagne dans une cuma du bocage normand, sur un total de 63 chantiers. Surface récoltée : 850 ha.
Après analyse et traitement des enregistrements, il apparaît que les déplacements représentent 17 % du temps total d’activité. Pour une distance parcourue en parcelle de 1 211 km, il a fallu passer 980 km sur les routes et chemins. La distance entre deux interventions s’élevait en moyenne à 14,6 km. Les temps morts ont, quant à eux, pesé pour 13 % du temps total d’activité de l’ensileuse. Sans doute l’attente d’une benne, du nettoyage ou la résolution d’éventuels incidents. Le débit de chantier dans la parcelle atteint ainsi 3,3 ha/h, mais en intégrant le temps passé sur la route, il tombe à 2,7 ha/h. C’est même 2,3 ha/h si on tient compte aussi des 13 % de temps morts. Ce serait le repère à prendre en compte pour chiffrer le potentiel d’une journée de travail.
Débits de chantier réels : un effet surface indiscutable
En étudiant la taille des 63 chantiers analysés, il s’avère qu’elle intervient bien dans le débit mesuré. En effet, dans les petites surfaces, 4,7 ha en moyenne, ce dernier se cantonne à 2,8 ha/h, en prenant en compte seulement le temps productif. Au-delà de cette surface, pour les chantiers de 10 à 19,9 ha, le débit en parcelle passe à 3,4 ha/h. Au passage, la vitesse d’avancement moyenne augmente un peu. Dans les chantiers de 20 ha et plus, on gagne encore un cran, avec un débit instantané de 3,75 ha/h.
Dans une cuma, et même dans une seule exploitation, les déplacements s’avèrent inévitables. Savoir ce qu’ils coûtent permet de mieux réfléchir à un changement de pratiques, à une optimisation des ordres de passage entre adhérents voire à des échanges de parcelles.
Conclusion : débits de chantier réels
- 3,3 ha/h (en parcelle)
- 2,7 ha/h (parcelle + hors parcelle)
- 2,3 ha/h (parcelle + hors parcelle + temps mort)
- Ensileuse de 920 ch – Campagne 2021 – 63 chantiers – 850 ha.
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