Si depuis un mois, les cours des grains sur le marché à terme sont à la hausse, il faut rester prudent. « Nous avons subit une grosse baisse des prix de céréales au printemps, remet en perspective Arthur Portier, expert des marchés des céréales pour Agritel. Au plus bas, le 31 mai, le blé était côté à 215 €/t contre 310 €/t au moment le plus haut en 2023. »
Prix des céréales: la météo avant tout
Si on assiste à une légère remontée des cours c’est parce que le « weather market » (les tendances météorologiques) prend le dessus sur d’autres considérations.
En effet, le déficit hydrique aux Etats-Unis dans la principale zone de production de maïs fait craindre une baisse des rendements. « Le boisseau de maïs est passé de 5,5 $ au 18 mai à 6,4 $ au 20 juin, illustre l’expert. Cela entraine tous les autres marchés des grains. »
Mais c’est aussi une tendance très fragile. Puisqu’il suffirait d’un épisode de pluie pour faire pencher la balance dans l’autre sens.
À notre échelle, les conditions climatiques européennes avec un déficit en eau au Nord et une surabondance de pluies au Sud, font craindre de mauvaises récoltes. En Espagne par exemple, les rendements sont en baisse de 60%.
En France, les cultures semblent se dégrader depuis plusieurs semaines ce qui a tendance a faire monter quelque peu le prix des transactions. À l’image des orges brassicoles qui sont évaluées à 300 €/t contre 250 il y a quelques semaines. Un prix qui ne favorise pourtant pas les transactions.
La Russie qui pèse
Par ailleurs, les aspects géopolitiques pèsent toujours sur les marchés avec le corridor humanitaire en suspend en mer Noire. Depuis début août 2022, le corridor humanitaire conclu entre la Russie et les occidentaux a permis d’exporter 33 millions de tonnes de grains ukrainiens.
« La question se pose sur la reconduction de ce corridor le 18 juillet prochain, fait remarquer Arthur Portier. Celle-ci, comme pour la dernière fois, est en suspens. Une situation haussière pour les marchés. »
Par ailleurs, la récolte russe s’annonce avec de bons potentiels. Avec une production estimée à 85 millions de tonnes de grains. « Il risque d’y avoir beaucoup de grains à exporter, c’est là que les origines France, estimées à 11 millions de tonnes, vont devoir être compétitives, indique l’expert. À ce jour, elles ne le sont pas du tout. »
Compétitivité française
En revanche, en Ukraine, la production de grains est attendue en baisse à 16 millions de tonnes. Soit la moitié de ce qui est récolté d’habitude. Les surfaces emblavées sont en diminution de 40 %. Alors que les conditions climatiques sont plutôt favorables au développement des plantes.
« Ce potentiel manque de marchandise est déjà intégré dans le marché avec la sur production russe », précise Arthur Portier. Cette situation en mer Noire reste surplombée par la récolte catastrophique aux Etats-Unis.
« D’ici les récoltes des pays de l’hémisphère sud, on ne s’attend pas à de grandes surprises, estime l’expert. Les conditions climatiques dans ces pays et le potentiel de rendement des cultures pourront jouer sur les prix des céréales. Mais pas avant novembre. »
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