Le suspens était à son comble la semaine dernière concernant l’accord ou non de la poursuite des exportations de céréales ukrainiennes grâce au corridor instauré cet été. En effet, la Russie assurait, ces derniers jours, reconduire cet accord pour une durée de 60 jours au lieu de 120.
Un corridor nécessaire
Les exportations d’Ukraine étant en stand-by, les cotations ont légèrement progressé. Mais samedi 18 mars, elle a annoncé une reconduction dans les mêmes conditions qu’auparavant. Enclenchant de nouveau une légère baisse des cours des grains, normale pour cette saison.
En effet, la majorité des exportations européennes ont été réalisées dans ce premier semestre de commercialisation. La récolte des pays de l’hémisphère sud viennent approvisionner le marché mondial.
Des céréales sur le marché
« L’Australie bat les records de récolte de céréales, tout comme l’Inde et le Kazakhstan, annonce Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre chez FranceAgriMer. Le bilan mondial en blé a été revu à la hausse, de plus de 5 millions de tonnes, soit 789 millions de tonnes dans le monde. »
En revanche, en maïs, la récolte en Argentine est très décevante à cause d’une sécheresse qui impacte énormément leur récolte. Là-bas, la production chute de 50 % par rapport à l’an passé avec un rendement moyen établi à 2,3 t/ha.
Quant au Brésil, la production d’éthanol est en hausse de 37 %. Dans la même veine, l’estimation de leur production de maïs progresse.
L’autre aspect macroéconomique qui joue sur les marchés mondiaux concerne la baisse du dollar face à l’euro. Mais aussi un prix du pétrole et de l’énergie qui diminue et un taux de fret qui remonte car la Chine est revenue aux affaires.
Risque de ralentissement économique
« Le redressement des taux directeurs annoncé par la banque centrale européenne joue sur les marchés », poursuit l’expert de FranceAgriMer.
En effet, un ralentissement des investissements et, plus globalement, un ralentissement économique refait surface. Sans compter la faillite de la Silicon Valley bank et signature bank qui lance le spectre d’une crise financière.
Au niveau européen, l’état des cultures est globalement bon, malgré les situations de sécheresse dans le sud de l’Europe. « L’évolution à la baisse des cours des céréales est principalement due au manque de compétitivité de la marchandise européenne face à celle de la mer Noire », explique Clémence Lenoir, chargée d’études économiques chez FranceAgriMer.
Seul bémol, les grains ukrainiens qui pèsent sur les marchés européens. Depuis l’ouverture des marchés ukrainiens à l’Union européenne, des quantités de céréales transitent via les pays de l’Est.
S’il est difficile de le quantifier, leur bas prix pèsent sur les marchés polonais, notamment. Ce qui déséquilibre le marché.
Une récolte prometteuse
En France, malgré l’hiver sec, « les céréales qui sont implantées restent dans de très bons états », estiment les experts de FranceAgriMer.
Au 6 mars, 12% des surfaces de blé étaient au stade, épi 1 cm. En orge de printemps, 98 % des surfaces sont emblavées dont 20 % sont au stade tallage.
« Les rendements sont prometteurs grâce au bon développement et enracinement des céréales, estime Abir Mahajba, cheffe de projet programme Céré’Obs chez FranceAgriMer. Les pluies ont été favorables à l’efficacité des engrais et les stades de développement sont très hétérogènes. »
Toutefois, l’organisme national se veut prudent car « la disponibilité en eau demeure problématique dans de nombreuses régions françaises. »
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