La région Centre - Val de Loire compte plus de 50 cuma spécialisées en viticulture. Elles regroupent plus de 1 000 vignerons sur les trois départements du Val de Loire et réalisent un chiffre d’affaires annuel de plus de 2,5 millions d’euros. La lutte contre le gel engendre un développement important des cuma régionales. L’imbrication des parcelles amène en effet les vignerons à organiser collectivement la lutte. De ce point de vue, la cuma reste le moyen le plus sécurisant pour mettre en place, à long terme, les investissements nécessaires.
un aléa qui coûte cher
Les aléas climatiques en général et les épisodes de gel en particulier engendrent des baisses de volume préjudiciables à l’équilibre économique des exploitations. Plus grave encore, le manque de vins peut engendrer des pertes durables de marchés. L’ensemble de la filière et l’économie locale sont ainsi régulièrement touchés. La succession d’années de gel accroît encore les difficultés. Au-delà de la garantie financière (assurance récolte), c’est bien la préservation des volumes de production qui doit donc être privilégiée.
Les tours antigel
Le succès des tours antigel fixes, installées sur un socle de béton, s’explique par l’efficacité avérée de ce moyen de lutte et la facilité de mise en œuvre. Les tours fixes ont été choisies prioritairement car elles couvrent une surface plus importante. Chaque tour couvre environ 5 ha. Lorsque le vignoble le permet et que les vignerons parviennent à s’engager collectivement, les tours peuvent être disposées selon un quadrillage qui démultiplie l’efficacité. L’investissement est de l’ordre de 40 000 à 45 000 € ht par tour avec l’installation du socle béton. L’amortissement ainsi que la durée d’engagement est de l’ordre de 15 à 20 ans.
La cuma a aussi un rôle de coordination : le pilotage des tours est confié à des responsables mandatés pour assurer le déclenchement et le fonctionnement le plus optimal possible des tours. D’ailleurs, un travail de recherche sur l’efficacité du fonctionnement des tours antigel a été engagé récemment afin d’en améliorer le pilotage.
La cuma permet également de mutualiser et de réduire les coûts de maintenance, d’entretien et de fonctionnement de ces tours.
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Des cuma anciennes en développement
La cuma des Vignobles a été créée en 2000, suite à plusieurs épisodes de gel. Elle est située dans le Cher sur l’aire d’appellation AOC Quincy. Trente deux tours équipées de bougies chauffantes et à motorisation diesel avaient alors été installées. Cette première tranche amortie, la cuma a investi en 2016 dans 27 nouvelles tours à motorisation gaz (Orchard Rite).
Dans le Loir-et-Cher, une cuma départementale spécifique de protection contre le gel, Protecgel, a été créée en 2004. Elle possède 25 tours dont 22 à gaz, du constructeur américain Orchard Rite. En Indre-et-Loire, la cuma Gel de Cravant, est localisée sur l’aire d’appellation AOC Chinon. Elle possède 46 tours antigel, dont 38 installées récemment.
La cuma des Saints de Glace a été constituée en novembre 2017 par huit exploitations viticoles. Les adhérents sont situés dans l’aire d’appellation AOC Chinon et AOC Touraine. Une autre cuma, la cuma des Tours, a quant à elle été constituée en juillet 2018 par neuf exploitations viticoles. Les adhérents sont situés dans l’aire d’appellation AOC Montlouis-sur-Loire, AOC Amboise, AOC Touraine.
Le soutien financier important apporté par le Conseil régional dans le cadre de sa politique de filière et l’abondement des fonds européens (Feader) a permis la concrétisation de nombreux projets en Centre - Val de Loire ces deux dernières années.
Tours mobiles et pratiques
Ces deux cuma récemment créées ont fait le choix de tours mobiles dépliables diesel. Ainsi, 19 tours Tow and Blow du constructeur néo-zélandais doivent être installées. Ce modèle couvre entre 3 et 4 ha contre un gel jusqu’à -3°C. Il faut compter environ 35 000 € ht par tour. A la différence de sa concurrente américaine, qui peut couvrir jusqu’à 6 ha, elle ne nécessite pas de fondation au sol et peut donc être déplacée selon les besoins de ses utilisateurs (tour repliable et mobile). Elle est remorquable à l’aide d’un tracteur ou d’un véhicule utilitaire. Son socle de soutien doit être stabilisé pour sécuriser la position et mettre à niveau pour opérer mais aucun permis de construire n’est nécessaire. Le coût annuel prévisionnel s’établit ainsi à moins de 650 €/ha, ce qui est très compétitif par rapport à un achat individuel.
L’aspersion : une autre alternative
L’aspersion des vignes semble également donner satisfaction. Principe : protéger le végétal par une fine couche de glace. Quand l’eau gèle, sa transition de la phase liquide à la phase solide est exothermique. L’eau, en gelant, libère des calories qui vont protéger le bourgeon qui est en-dessous contre le gel. Il faut ensuite impérativement maintenir l’arrosage en continu, jusqu’à ce que la température remonte au-dessus de +3°C.
Le système de protection contre le gel par aspersion est déclenché par une sonde dès que la température descend en dessous d’un seuil réglé généralement à +1°C. Une électrovanne alimente le réseau antigel. Des asperseurs ou micro-asperseurs projettent l’eau sur les arbres, les vignes ou les serres à protéger. Cependant, la technique est consommatrice en eau et impose une surveillance rigoureuse pour s’assurer qu’il n’y ait pas de fuites dans les réseaux. De plus, les frais d’entretien de l’installation peuvent s’avérer coûteux. Actuellement, la cuma Protect 2001, située sur l’aire d’appellation AOC Saint-Nicolas de Bourgueil, met en œuvre ce mode de protection sur une petite centaine d’hectares.
Deux nouvelles cuma aspersion
La cuma Bourgueil Viti Aspersion a été créée fin juillet 2018 pour protéger une petite cinquantaine d’hectares de 19 exploitations viticoles situées sur l’aire d’appellation AOC Bourgueil. Une seconde cuma a été créée en septembre 2018 pour protéger 40 ha. Les contraintes de la Loi sur l’eau limitent ce type de projets.
Par ailleurs, les coûts de revient varient énormément selon le coût de l’eau. Parfois, la cuma peut pomper directement dans un cours d’eau. Souvent, elle doit acheter des terrains pour construire des retenues d’eau et enterrer des canalisations jusqu’aux parcelles. Ce réseau peut être de plusieurs kilomètres avec des passages sous routes (voir même autoroute !!) à réaliser.
Références techniques et organisationnelles
Chaque épisode de gel successif génère de nouveaux projets de protection. L’année écoulée a vu la création de quatre nouvelles cuma en région Centre destinées à cette activité. Les animateurs cuma accompagnent ces projets qui nécessitent un à deux ans de travail en cas de création. Mais ils peuvent aujourd’hui s’appuyer sur des références sérieuses, tant sur le plan technique qu’organisationnel.
Le conseil régional finance de nombreux projets
Interpellé par les vignerons suite à plusieurs épisodes de gel, le Conseil régional a mobilisé un budget important pour aider à la mise en place de moyens de lutte, dans le cadre de sa politique de soutien à la filière viticole : le cap’filière. En deux ans (2016/2017), 1,8 million d’euros d’aide, dont la moitié du Conseil régional et l’autre moitié du Feader (Fonds européen agricole de développement régional) ont été attribués pour l’installation de 184 tours anti-gel, pour un total de plus de 7 millions d’euros d’investissement. 60 % de ces tours ont été acquises en cuma. Huit groupes de vignerons en cuma ont investi dans 109 tours, soit une surface protégée de plus de 500 ha sur quatre départements. Dans le prochain cap’filière 2018-2022, il est prévu d’aider à l’acquisition de 50 nouvelles tours en cuma. La protection de 100 ha par aspersion est également budgétée.
Anthony Chambrin, conseiller cuma spécialiste viti-vini Dès 2016, lors de la construction du projet de régionalisation du réseau cuma, il avait été décidé de renforcer l’accompagnement des cuma viticoles par l’embauche d’un animateur spécialisé. Ce projet s’est concrétisé fin 2017 avec l’arrivée d’Anthony Chambrin. Basé à Blois, il assure l’animation et le suivi de toutes les cuma viticoles du Loir-et-Cher et d’Indre-et-Loire. Il anime également les autres cuma du Loir-et-Cher. Anthony a travaillé plusieurs années chez plusieurs concessionnaires de matériels viti-vinicoles. Il met aujourd’hui cette expérience à votre service. N’hésitez pas à le contacter au 07 86 66 06 81.