Acheter moins de tourteaux, c’est possible? Oui, mais cela implique d’actionner d’autres leviers. Le principal moyen de compensation est de réduire la part d’ensilage de maïs plante entière dans la ration, pour augmenter la part de fourrages plus riches en MAT.
Révolutionner tout son système, sa logique… est une possibilité. Plus raisonnablement, il existe tout de même des moyens de valoriser davantage des fourrages riches en protéines cultivés sur l’exploitation, préalables à la réduction des achats de concentrés azotés. «On peut apprendre à améliorer son autonomie tout en faisant avec l’existant», résument les organisateurs de l’atelier dédié à la question de l’autonomie, lors du prochain MécaElevage.
De 56 à 91% d’autonomie protéique moyenne selon les systèmes
Pour faciliter la tâche et encadrer la réflexion, les éleveurs peuvent avoir accès à des outils de diagnostic. Dans les Pays de la Loire, la chambre d’agriculture a travaillé avec Seenovia, l’Idèle et le réseau Civam pour élaborer Devautop. Permettant à la fois un diagnostic rapide de l’autonomie protéique et des simulations de stratégies pour améliorer son autonomie, il est avant tout un outil de sensibilisation grâce auquel chaque élevage peut se positionner par rapport à d’autres producteurs ayant un système fourrager similaire.
Ce classement s’opère selon trois critères: l’autonomie protéique (part de la protéine issue de l’exploitation dans le besoin total en protéine de l’élevage), le lait autonome (volume de lait annuel par vache permis par les protéines produites et valorisées sur l’exploitation), les surfaces mobilisées pour obtenir la MAT nécessaire à l’obtention de 100.000l de lait (intégrant la SFP, les surfaces de cultures intra-consommées et la surface équivalente aux achats d’aliments).
En 2017, 86 diagnostics Devautop ont été réalisés dans des exploitations ligériennes en systèmes bio (0-25% maïs), herbager (<20% maïs), maïs-herbe (20-35% maïs) et maïs dominant (>35% maïs). En moyenne, l’autonomie protéique est de 91% en bio, 72% en herbager, 67% en maïs-herbe et 56% en maïs dominant.
Vincent Fleurance est éleveur en Loire-Atlantique. Il a engagé son atelier dans une démarche d’amélioration de son autonomie protéique. Il souligne aussi l’importance de «la formation en groupe et du travail de mise en commun avec d’autres agriculteurs» pour avancer dans cette voie. D’une consommation de concentrés de 2t par tête, il n’en distribue plus que 1,6t et espère continuer de la réduire. Pour rencontrer des agriculteurs qui ont trouvé des solutions pour améliorer leur autonomie protéique, découvrir les outils accessibles…, un rendez-vous: MécaElevage, le 14 juin, dans le Maine-et-Loire. En complément, un logiciel permettant de mesurer l’impact économique des différents leviers d’amélioration de l’autonomie protéique est en cours d’élaboration et sera disponible début 2019.
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