La fédération régionale des cuma de Bourgogne tenait son assemblée générale, le 16 juin, au Prieuré de la Charité-sur-Loire (58). Alors que l’élevage allaitant peine à sortir d’années de disettes, l’idée de reprendre un peu d’autonomie dans l’alimentation des troupeaux charolais fait son chemin. Pour en parler, Matthieu Etchevara avait fait la route depuis les Landes, accompagné de Fanny Auclair, animatrice à la fédération des cuma 640, qui a suivi le projet liant aujourd’hui 57 éleveurs.
Consommation d’énergie faible, mobilité et viabilité d’une petite unité sont les points forts du toastage des oléo-protéagineux par rapport à l’extrusion. Les éleveurs landais se sont tournés vers la technique il y a deux ans afin de valoriser le soja produit sur les exploitations mais également garantir du «sans OGM» dans leurs filières dès l’alimentation de leurs troupeaux (canards, Blondes d’Aquitaine).
Environ 18 tonnes par jour
«C’est très pratique d’utilisation, explique l’éleveur landais. Il y a juste à surveiller les températures de chauffe.» Le four tourne à 280° et toaste en moyenne 2 tonnes par heure. Quand les graines ressortent, elle sont encore à 120°. Avant d’être stockées en cellules, elles sont ventilées pendant 3 à 4 heures. Une tonne de graines crues donne environ 930kg de toastées. Elles supportent bien la conservation. «Six mois sans problèmes», garantit Matthieu Etchevera
Le toaster, utilisé depuis deux ans, a coûté aux cumistes environ 80.000€. Son prix de revient est de 20€ par tonne auxquels s’ajoutent 40litres par heure de GnR, soit environ 45€ par tonne produite. Quant au capital social dans la cuma, il est d’environ 12€ par tonne engagée. Fin 2016, le toaster réunissait 57adhérents sur cinq départements. Il aura réalisé l’an dernier 698heures de travail pour passer 1.300tonnes de graines (soja et fèveroles). Un deuxième toaster doit arriver prochainement afin de réaliser deux tournées différentes. Les demandes d’adhésion ne tarissent pas.
Taux de matière grasse à compenser
«L’avantage du soja toasté, ce sont les unités fourragères et l’appétence pour les vaches. C’est parfait pour équilibrer les rations avec de l’ensilage maïs. Les valeurs nutritives sont similaires à un tourteau de soja mais il y a un souci par rapport au taux de matière grasse à 22%. En engraissement, on est limité, nous sommes donc en train d’essayer le toastage de la féverole pour compenser le besoin en protéines sans augmenter le taux de matière grasse», précise l’éleveur landais.
En Bourgogne, les éleveurs s’interrogent. Le soja, bien que réintroduit dans l’assolement de certains cultivateurs, n’est pas encore très présent dans la région. Quid des pois fourragers et du colza? L’autonomie protéique des troupeaux ne peut pas se pratiquer partout de la même façon. Pour autant, économiquement, le jeu en vaut peut-être bien la chandelle avec un coût de 50€/tonne en moyenne pour le toastage et un coût de production dans les Landes de 210€/tonne de soja. La tonne de soja pour l’alimentation coûte à Mathieu 260€ par tonne, bien loin des 400€/t de tourteau de soja. Une compression des charges sur laquelle vient se greffer la valorisation locale.
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