Pour améliorer la sécurité du freinage des convois agricoles sur route, la réglementation européenne introduit des prescriptions techniques plus exigeantes dans les homologations nationales existantes. A partir du 1er janvier 2025, les véhicules traînés comme les remorques, épandeurs, plateaux, … (catégorie « R ») mais aussi tractés comme les semoirs, pulvérisateurs, presses à balles rondes ou carrées, … (catégorie « S ») devront être équipés d’un freinage en double ligne. Ainsi la simple ligne hydraulique va disparaître à cette date.
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Rappel : actuellement en France, environ 90% des véhicules traînés en service sont équipés de simple ligne hydraulique. Et entre 70 et 90% des remorques neuves vendues sont en simple ligne hydraulique. Se conformer à cette mesure représente une réelle difficulté pour les agriculteurs encore équipés de vieux matériels, tels que les anciennes remorques de 5 t, servant très épisodiquement au transport de semences par exemple.
Surcroît de complexité !
La présence de deux systèmes de freinage compliquent les choix. En effet, pour que le freinage de l’engin tracté ou traîné puisse fonctionner, il faut que leur équipement de freinage corresponde à celui du tracteur. Concrètement, un tracteur équipé seulement d’un dispositif de freinage pneumatique ne sera pas en mesure de freiner un matériel équipé en freinage hydraulique. Et inversement ! Or, les tracteurs neufs disposent en règle générale de l’un ou de l’autre des systèmes, mais pas forcément les deux ! Les choix d’investissement dans le tracteur et les outils traînés ou tractés devront donc tenir compte de ce besoin de cohérence.
Le partage des matériels, tracteurs et outils, entre plusieurs utilisateurs compliquera encore le choix. Une cuma sera incitée à privilégier plutôt l’un ou l’autre des systèmes pour l’ensemble de son parc, voir les deux dans certaines configurations. En parallèle, l’adhérent devra raisonner son choix en fonction des matériels de son propre parc de matériels mais aussi des matériels qu’il est susceptible d’emprunter à la cuma. Le raisonnement au niveau de la cuma et des adhérents mérite donc d’être anticipé dès les prochains renouvellements de matériels. Même si jusqu’au 31 décembre 2024, les constructeurs de matériels agricoles traînés ne sont pas obligés de vendre des matériels équipés de systèmes de freinage en double ligne ! Toutefois ceux-ci, qui ne seront plus aux normes de freinage requises en 2025, devraient perdre de leur valeur marchande. D’ores et déjà, le conseiller en agroéquipement de la Fncuma préconise d’investir dès maintenant dans des matériels R et S, équipés de double ligne si les tracteurs de la cuma ou des adhérents sont déjà en double ligne hydraulique ou pneumatique ou les deux en même temps.
Plusieurs tendances
« Les matériels de petite dimension sont en majorité équipés de systèmes hydrauliques » observe Nassim Hamiti. « A l’inverse, les plus gros sont davantage équipés en pneumatiques, quand au milieu de gamme, c’est contrasté ». Il constate également des tendances dominantes selon les pays : en Europe du Nord et en Allemagne, c’est principalement la technologie pneumatique qui est prisée. Claas par exemple équipe ses tracteurs en freinage pneumatique. Dans les pays d’Europe du Sud, dont la France, c’est l’hydraulique qui domine. Selon le type de tracteur, il peut y avoir aussi des différences. Pour l’arboriculture et la viticulture, les tractoristes proposent quasiment tous de la double ligne hydraulique.
Comparaison pneumatique – hydraulique
« Aujourd’hui, le pneumatique est une technologie éprouvée et largement répandue dans beaucoup de pays. Elle est déjà proposée par toutes les marques majeures de tracteurs et de machines traînées. Mais c’est plus cher que l’hydraulique et compliqué à installer sur certaines machines comme les tracteurs spécialisés » poursuit Nassim. « Concernant, l’hydraulique, les composants plus petits autorisent des conceptions compactes (tracteurs étroits, grosses remorques multi-essieux directeurs …). Mais aujourd’hui, il n’existe pas de matériels traînés homologués à 40 km/h en double ligne ligne hydraulique ».
Quel tracteur privilégier ?
Pour les responsables de cuma qui réfléchissent actuellement à un projet d’investissement dans un nouveau tracteur, Nassim Hamiti fait part de ses conseils : « Pour un tracteur de forte puissance en cuma, privilégier de l’équiper avec des deux systèmes hydraulique et pneumatique en même temps. Certains tractoristes comme John Deere et New Holland le proposent, soit de série ou en option. Cette solution permet de freiner les matériels traînés en parc en simple ligne et les futurs achats en double ligne hydraulique ou pneumatique. Pour un tracteur qui dépasse largement les 100 000€, remettre 3 000€ de plus pour avoir les deux types de freinage est l’assurance d’avoir une meilleure valeur marchande tout en solutionnant la contrainte technique des matériels traînés entre adhérents de cuma.
Pour un tracteur de moyenne puissance en cuma acheté dans les cinq prochaines années (avant le 1er janvier 2025), la double ligne hydraulique est suffisante. Cette solution coûte nettement moins cher et suffira pour freiner les matériels traînés en simple et double ligne hydraulique. Toutefois, si le choix du pneumatique est envisagé sur le tracteur, mieux vaut l’équiper d’une simple ligne hydraulique en plus de la double ligne pneumatique pour pouvoir freiner les matériels traînés en simple ligne, très présents dans le parc aujourd’hui ».
Compatibilité des dispositifs de freinage entre véhicules neufs ou en service. Source : Fncuma
Surcoût à prévoir
Certes, ces nouvelles normes vont sans doute alourdir encore les tarifs à l’achat. « A relativiser toutefois avec le coût du tracteur, nuance Nassim Hamiti. Par contre, sur une remorque qui vaut 10 000 € à 45 000€, on va forcément hésiter à l’équiper avec les deux systèmes ». Bref, plusieurs solutions existent pour résoudre l’équation, même si cela oblige à se creuser la tête.