Poitou-Charentes est une terre d’élection pour la filière caprine. On y compte près de 900 élevages professionnels sur les 4.739 exploitations identifiées en France. Et depuis quelques années, le moral est meilleur. L’effectif national s’est stabilisé à 845.000 chèvres selon les chiffres du GEB (Idele) publiés en septembre 2018. Idem pour la production laitière dont le prix payé en 2017 est de 703 €/1.000 l. Un niveau correct qui a peu bougé depuis 3 ans. Cette embellie succède à plusieurs années consécutives très moroses entre 2010 et 2014. Cette ambiance plus confiante s’est manifestée dans les allées du salon Caprinov qui s’est tenu fin novembre à Niort.
Performances contrastées
Le CER France Poitou-Charentes, qui suit la gestion de 440 exploitations caprines, a mené une enquête ciblée sur 66 élevages spécialisés (atelier caprin supérieur à 70% des produits) pour mieux jauger la santé économique du secteur. D’emblée, un enseignement saute aux yeux. Le résultat par UMO fait le grand écart: de 53.000 pour le ¼ supérieur à 8.000 pour le ¼ inférieur.
Dans le faisceau d’explications, on retrouve la productivité par unité de main-d’œuvre (nb. de chèvres/UMO) et celle par animal (lait/chèvre) qui sont inégales: 870 l contre 730 et 248 chèvres contre 208 entre les deux quarts extrêmes. Dans un échantillon plus resserré de 28 élevages, les résultats observés montrent une grande dispersion, à la fois en termes de prix de revient: de 410 à 820 euros par 1.000 l. Et de marge brute: de 287 à 632 €/1.000 l.
Les frais d’alimentation suivis des charges de mécanisation représentent les deux premiers postes de dépenses. A eux deux, ils représentent 57% des charges réelles sur lesquelles existent probablement quelques marges de manœuvre. En revanche, dans les performances économiques des élevages, on n’observe pas d’économies d’échelle. «Il n’existe pas de lien entre le volume produit et le prix de revient», analysent Arnaud Mouillet et Michel Debernard, les deux auteurs de l’étude. L’essentiel est sans doute de « saturer » l’outil de production et en particulier, les bâtiments d’élevages dont les coûts de construction ont augmenté ces dernières années.
90% des éleveurs veulent poursuivre ou agrandir
10% des éleveurs interrogés déclarent envisager de cesser leur activité dans les 3 ans. C’est moins que dans certaines autres filières d’élevage. Il s’agit en priorité d’éleveurs de plus de 55 ans ou/et ayant des petits troupeaux (une centaine de chèvres) ou de faibles revenus. «Dans la conjoncture actuelle, les intentions de développement de l’atelier caprin pourraient compenser les arrêts de production», pronostiquent les responsables du CER. Seul un retournement brutal des cours (non envisagé à l’heure actuelle), ou bien encore le poids réel des difficultés à recruter des salariés ou des associés, pourraient infirmer ce scénario.
A lire aussi à propos de la filière caprine:
Elevages caprins : l’innovation en marche