Par son exotisme, on aurait tendance à associer le bambou au miscanthus. S’ils ont un cycle de vie qui se ressemble, leur débouchés diffèrent. En effet, tous les deux se plantent sous forme de rhizomes et sont vivaces. Ils sont récoltés à l’aide d’ensileuses en hiver grâce à une croissance très rapide. Mais leur devenir est quelque peu différent. Zoom sur la culture du bambou et ses débouchés.
Propres débouchés du bambou
« La culture du bambou et ses débouchés ressemblent à ceux de la ressource bois et ses utilisations sont également similaires, explique Dimitri Guyot, co-fondateur de Horizom, société qui développe la culture du bambou en France. Le bambou est alors utilisé en biomatériaux en plaquettes comme dans la fabrication des panneaux de particules, de la farine pour faire du bioplastique, dans les chaufferies ou encore dans l’industrie du végétal. » Les marchés sont en pleine extension, soutenus par l’objectif des entreprises de réduire leur empreinte carbone. Ces dernières se tournent davantage vers les ressources renouvelables.
Elles sont en effet très demandeuses de ce type de ressource pour tenter de remplacer celles non renouvelables. « La cellulose du bambou peut être utilisée dans la fabrication du papier, illustre le fondateur. Mais la lignine entre aussi dans la composition des colles ou des sucres pour les aliments. Les débouchés sont beaucoup plus variés qu’avec miscanthus. » D’autant plus que la demande est bien présente : la biomasse permet de substituer les ressources à base de pétrole, par exemple. Mais les arbres plantés et qui poussent lentement ne suffiront pas.
20 h de travail/ha/an
Outre ces débouchés florissants, c’est aussi pour l’empreinte carbone que le bambou peut s’avérer intéressant. « La plante ne demande que très peu d’intrants, avec une faible fertilisation tout au long de son développement, explique Dimitri Guyot. Mais son cycle de production assez court et très productif permet de stocker du carbone. » Le bambou se développe sur le même principe que les taillis à très courte rotation. Le producteur de bambou peut ainsi espérer, selon Horizom, gagner entre 40 et 50 €/ha/an en crédit carbone.
Planté à une densité de 400 plants/ha, les rhizomes sont récoltés quatre années après. Jusqu’à leurs 30 ans, on estime qu’ils produisent suffisamment mais qu’il faut prévoir de renouveler la plantation. « Il faut consacrer environ 20 heures de travail par hectare et par an, a calculé le co-fondateur. Celles-ci correspondent aux applications d’intrants, à la récolte et à l’entretien des inter rangs après la plantation ainsi que des bordures de parcelles. » Car pour éviter que le bambou ne prenne une place trop importante, il faut le broyer régulièrement.
Biomasse en quantité
Toutefois, pour assurer sa productivité, il est préférable de l’irriguer. « Cela stabilise les rendements et sécurise la production sur le long terme, précise Dimitri Guyot. On estime qu’il faut compter 1 500 m3 d’eau/ha de bambou apportés uniquement au printemps. » C’est pour cela que l’entreprise Horizom est implantée dans les Landes et tente de développer les débouchés depuis un an. « Pour remplacer les ressources non dégradables, il va falloir de la biomasse et en quantité, lance le cofondateur. Les forêts à ce jour ne suffiront pas et quand bien même on viendrait à planter des arbres en nombre, le temps qu’ils produisent de la biomasse serait trop long ! »
Jordan Mounet, agriculteur dans les Landes, a choisi d’implanter 5,5 hectares de bambou. Si pour le moment, il l’a fait pour l’expérimentation, il compte bien obtenir davantage de valeur ajoutée. Il témoigne. « J’ai implanté 5,5 hectares de bambou à titre expérimental en octobre 2022. Avec la société Horizom nous avons pour objectif de déterminer la variété la plus compatible parmi les 13 que nous avons implantées. Nous nous appuyons principalement sur l’irrigation nécessaire, la main-d’œuvre dont on a besoin et la fertilisation demandée. Pour le moment, nous avons quelques ordres de grandeur mais aucun retour chiffré sur ces aspects lâ. »
La culture du bambou et ses débouchés plus rentables
« J’ai aussi sur mon exploitation une quarantaine d’hectares de miscanthus. J’ai voulu tester le bambou car j’espère retirer une plus grande valeur ajoutée. Si les marchés de ces deux productions semblent similaires, ceux qui se destinent pour le bambou semblent plus qualitatifs en produisant de la biomasse pour la valoriser en biochar ou en une matière pour remplacer le caoutchouc des pneus. Je mise sur les futurs débouchés du bambou qui seront davantage déterminés d’ici ma première récolte dans six ans. »
« En implantant du bambou, ajoute-t-il, j’ai également misé sur la diversification des productions et débouchés. À l’inverse du miscanthus, où chaque producteur détermine le prix de son produit, le bambou, lui, profite d’une filière qui commence à se structurer grâce à Horizom. Je n’aurai pas besoin de passer du temps à commercialiser la fibre de bambou, ni à la stocker chez moi. C’est aussi plus sécurisant au niveau de la production et de la commercialisation. »
Plante robuste
« De plus, souligne-t-il, grâce aux crédits carbone que peuvent me procurer les plantations de bambou, la quasi-totalité des investissements liés à la plantation est remboursée. Cela fait rentrer de la trésorerie dans mon exploitation. Alors certes, le bambou est un peu plus coûteux à produire, avec notamment l’irrigation, mais c’est aussi une plante plus robuste dans le temps. Elle est moins sensible aux maladies et aux ravageurs. Les rendements sont également plus élevés. Avec une valeur ajoutée plus importante, j’espère avoir fait le bon choix. »
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