Qu’est-ce qu’un épandage pertinent? Tout est question d’organisation. Qu’il s’agisse d’épandre plus de 20.000m3/an et par véhicule présent dans une cuma sans chauffeur salarié (article à paraître cet été sur notre site), ou d’innover pour améliorer le service: il n’y a pas de matériel efficace sans utilisation rationnelle. Dans le Morbihan, département aux 186 tonnes à lisier en cuma en service, la fdcuma organisait son assemblée générale 2021 sur le thème de l’épandage de lisier et digestat.
Temps de chantier divisé par trois
La cuma Agribocage (Iffendic, 35) témoignait en voisine à cette réunion du 18 juin. «Il y a deux ans, nous en arrivions à tourner presque en 24h/24. Personne n’était serein. Et il y avait un ras-le-bol des chauffeurs», se souvient le chef d’équipe Vincent Guérin. Il illustre ainsi la question de l’emploi en cuma et des conditions de travail qui a également animé la matinée à Val-d’Oust (sujet à lire en rubrique Morbihan du magazine Entraid de juillet – août 2021).
La cuma d’Ille-et-Vilaine a donc fait évoluer ses pratiques. En intercuma, elle vient même d’acquérir un véhicule de transport routier (à paraître cet été sur notre site).
Epandage pertinent: le sujet cache de multiples entrées
La nouvelle organisation qui se met en place «divise le temps de chantier par trois, selon une étude faite à la cuma de Pacé par exemple.» Le président de la cuma Agribocage, Hervé Lesné, complète son propos en évoquant le chantier d’un adhérent «qui mettait 10j pour sortir son lisier. Il a une cinquantaine d’hectares avec beaucoup de distance.» La dernière fois, la cuma a bouclé l’affaire «en trois jours».
Le président de cuma ouvre une autre parenthèse. «Je suis aussi élu à la communauté de communes. J’y constate que le secteur agricole est montré du doigt par rapport à la détérioration des routes.» Quand des convois d’épandage de 30 ou 35m³ circulent, la collectivité peut vite être tentée d’envisager «une taxe professionnelle pour l’entretien des routes.»
L’évolution vers un épandage pertinent est progressive
Avant l’investissement, «nous avions déjà commencé à faire du transport et du transfert avec une tonne bricolée», reprend Vincent Guérin. «Et au lieu de faire du 20m3/h, nous étions déjà monté à 40m3/h.» La cuma y trouve des intérêts, sachant que le transport demande moins de sophistication du matériel et de compétences que l’épandage. «On a des chauffeurs plus facilement pour faire le transport.»
Au rayon des outils adéquats pour l’épandage, l’expert du réseau cuma Hervé Masserot constate: «L’enfouisseur revient sur le marché. La raison première est que les utilisateurs voient qu’on fait tout en un seul passage.» Bien sûr, l’investissement se concrétise plus facilement «quand on a un groupe de cuma qui a plusieurs tonnes.» Quant au surcoût que représente ce genre d’équipements: «Avec un tel système qui limite les pertes, les cuma pourraient facturer un peu un surcout. L’éleveur s’y retrouverait tout de même», balaye-t-il.
Évolution des contraintes En matière d’épandage de lisier, «Les évolutions sur le matériel sont une réalité», lance Christopher Brachet, animateur de la fdcuma 56. Pour viser des gains en termes technico-économique, les éleveurs ont tout intérêt à s’y pencher. De même que pour prévoir l’évolution des contraintes. En cas de pic de pollution, et à l’instar de ce qui se passe pour les véhicules routiers, «désormais, le préfet de région a la possibilité d’interdire l’usage de la buse palette. Cela n’a pas été utilisé encore en France, mais les pouvoirs publics ont cette mesure sous le coude», illustre Hervé Masserot, référent épandage du réseau cuma Ouest. Néanmoins, à propos de l’échéance d’une concrétisation d’interdiction plus radicale, les animateurs ne se prononcent toujours pas. «Le sujet est dans le collimateur. Ça peut tomber.» Pour autant, rien n’est fixé. |
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