[Stratégie d’exploitation] Déléguer à la cuma pour être performant et serein

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[Stratégie d’exploitation] Déléguer à la cuma pour être performant et serein

Seul sur un élevage laitier de 700 000 l, le chef d’exploitation ne peut pas tout faire. Sylvain Rolland délègue un maximum des interventions culturales. A la cuma, il trouve un service efficace.

La cuma sur laquelle peut compter l’éleveur pour assurer la réalisation des travaux des champs, est un allié précieux grâce auquel il peut se concentrer sur son cœur de métier : la conduite de l’élevage.

Tous les ans, Sylvain Rolland paie de l’ordre de 70 000 € à sa cuma. Une somme ? Pourtant, au regard du service rendu, il y a de quoi relativiser. Pour ne regarder que les lignes comptables liées au matériel qu’il détient, faisons un tour exhaustif du parc de l’élevage de Guer : un télescopique, « le seul matériel en cours d’amortissement », un tracteur de 70 ch et une pailleuse. Autant dire que tout « est réduit au minimum », question coût de détention. S’il n’y a même pas une désileuse dans l’inventaire, c’est que la mélangeuse (dont il se montre très satisfait) est aussi un matériel de la cuma du Sillon. Pour celui-ci, la dépense est de 8 à 9 000 € (11,50 €/1 000 l) et l’éleveur doit assurer la tournée une semaine sur trois. Présentation de la stratégie exploitation agricole laitière dans le Morbihan.

Facteur de souplesse et de progrès

Avant d’en être le président, Anthony Rouillé est un adhérent de la cuma la Berricoise. La facture de la cuma pour son gaec représente 42 000 €/an. Il confirme l’intérêt de cette dépense. « Détenir un tracteur de 150 ch, c’est 1 200 €/mois. Avec la même somme, je fais semer 185 ha de maïs avec le combiné de la cuma, coût du travail inclus. » Il résume ainsi les deux principaux arguments de la solution cuma : soulager l’exploitation du point de vue financier, « pour passer les crises ou envisager d’investir sur d’autres postes comme la traite… », et limiter le temps de travail nécessaire à la bonne marche de l’entreprise.

Pour lui, l’avenir des cuma, c’est avec de l’emploi. « Le développement des exploitations laitières se fera, soit en étant extensif, soit en faisant plus de lait par unité de main-d’œuvre, mais l’éleveur ne pourra pas être partout. » A Berric, son groupe compte des adhérents qui ensilent déjà une centaine d’hectares de maïs, et il propose la récolte en chantier complet grâce au rapprochement avec une cuma voisine. Aussi responsable de la fédération, Anthony constate que sur le terrain, « tout le monde vient à la délégation. Même des cuma qui n’ont pas de tracteur dans leur parc commencent à embaucher ».

Stratégie exploitation agricole : être performant sur le lait

A Guer, la cuma du Sillon n’en est plus à la mise en route de la délégation. « J’ai toujours connu la cuma, mon père en a été le président 15 ans… », explique Sylvain Rolland. La cuma fait partie de sa ferme, la façon dont cette dernière a évolué s’explique par l’existence de la cuma. Néanmoins, son attachement n’empêche pas l’éleveur de se montrer pragmatique. Par exemple, c’est une Eta qui sème le maïs : « En un passage, le combiné décompacte, travaille la ligne de semis, sème et dépose l’engrais. A la cuma, nous ne sommes pas équipés. »

Pour presque toutes les autres opérations, c’est la cuma du Sillon qui intervient : « on a un outil performant, dont nous décidons le tarif, le planning » et qui lui permet d’atteindre ses objectifs. « Le matin, je suis ici vers 8 h 30 et j’espère être à la maison à 19 h. » Et s’il œuvre encore lui-même pour le fumier, Sylvain aspire à réaliser le moins possible les travaux exceptionnels.

« Je vois bien les voisins qui sont encore dans les champs à minuit. » Surtout, la performance de son atelier lait est essentielle. Le lait, c’est 90 % du revenu de l’entreprise. « Je n’ai pas le droit de me rater. La surveillance est primordiale », estime-t-il. Or quand on est dans les champs, on n’est plus dans la stabulation. « Quand on a confiance dans le chauffeur, avec une bonne équipe, on peut déléguer facilement », ce qui semble être son cas. Pourquoi se priver ?

Sylvain Rolland imagine que l’évolution statutaire pourrait être une opportunité pour améliorer le fonctionnement de son groupe qui emploie 4 salariés en CDI et renforce l’équipe avec 2 CDD de mars à décembre. « Il y a peut-être moyen d’éviter d’avoir à faire des recrutements et une mise en route tous les ans », en proposant de nouvelles tâches aux salariés en emploi partagé ou pour suppléer les trois éleveurs impliqués dans la conduite de la désileuse. 


Les deux fermes en chiffres

Sylvain Rolland est désormais installé en EARL depuis 6 mois et le départ en retraite de sa mère. En plus du troupeau de 75 vaches (traite automatisée), il gère une surface de 115 ha principalement dédiée aux fourrages (herbe et maïs + blé et colza). Il adhère à la cuma du Sillon et à sa voisine, la cuma des Violettes (matériel uniquement).

Les trois associés du gaec des Prés cultivent 150 ha (prairies, maïs, blé, colza) et livrent 1,1 Ml de lait par an. Ils ont un apprenti et passent par la cuma la Berricoise pour toutes les récoltes, le fumier et les chantiers de semis et préparation du sol. Entre les cultures de vente, les couverts…, il y a 130 ha/an à implanter. Pour le maïs, avec un combiné guidé en RTK, le tarif est de 70 €/ha.


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