La taille des brins de l’ensilage influe sur la conservation et la valorisation du fourrage. L’objectif est d’avoir des brins d’une longueur moyenne ‘rendu auge’ de 8 à 10mm. Pour ajuster les réglages le jour du chantier d’ensilage de maïs, l’éleveur doit prendre en compte notamment l’agressivité des outils de reprise. Il devra par exemple augmenter la longueur s’il ronge son silo avec un système de fraise.
Rappelons ici que les essais sur la valorisation de l’ensilage de maïs en ‘brins longs’ n’ont pas mis en évidence de différences de performances par rapport à l’ensilage en ‘brins courts’ (8 à 10mm rendu auge).
Longueur des brins, la taille compte
La longueur de coupe dite ‘théorique’ correspond à la consigne de réglage donnée en cabine. En pratique, elle est souvent entre 13 et 18mm quand le maïs affiche un taux de matière sèche idéal. Pour autant la longueur réelle peut ne pas y correspondre. En effet, le résultat en sortie de la goulotte varie sous l’effet de plusieurs facteurs. Ils sont liés aux plantes: le gabarit et l’état de l’appareil végétatif, ou encore leur teneur en MS. D’autres paramètres dépendent de la machine. L’usure des couteaux est un exemple. L’éclateur en est un autre. Selon le type et l’agressivité, cet organe peut en effet exercer un effet ‘recoupe’ sur le fourrage.
Il est donc primordial de juger le résultat au silo et d’ajuster en conséquence les réglages si nécessaire. Le jugement doit se faire sur un fourrage représentatif de la ou des parcelles et être réitéré d’autant plus souvent que les parcelles sont hétérogènes entre elles. Les tamis, tels que le tamis secoueur Arvalis ou le tamis Penn State Separator, permettent de chiffrer plus objectivement la granulométrie du fourrage (tableaux 1 et 2).
Les systèmes d’ajustement automatique de la longueur de coupe au regard de la teneur en MS du fourrage peuvent être utiles. Cependant, il doivent être ‘bornés’ dans une plage de longueur de coupe raisonnable. Celle-ci est de l’ordre de + ou – 2 à 3mm de variation autour de la longueur de coupe moyenne définie.
Plus court quand c’est plus sec
Si la récolte doit s’effectuer à une teneur en MS supérieure à 38%, la conservation du fourrage devient prioritaire. Pour cela l’éleveur doit alors viser 10 à 12mm de longueur des brins dès la sortie de la goulotte. L’outil de reprise du fourrage n’entre alors plus dans l’équation.
Ensilage du maïs: coupe franche demandée
Dans tous les cas, les couteaux de l’ensileuse doivent couper, et bien couper. D’une part les longs morceaux, supérieurs à 20mm, rendent le tassage plus difficile. D’autre part, selon le type de rations, ces brins sont susceptibles d’être triés par les animaux. Cela induit un déséquilibre nutritionnel potentiellement néfaste entre la ration ‘théorique’ distribuée et celle réellement ingérée. Pour éviter ces déconvenues, il est nécessaire d’affûter régulièrement les couteaux de l’ensileuse et d’ajuster le couteau et contre-couteau.
Côté grains, la préconisation se résume en deux points. Aucun grain ne doit être retrouvé intact. L’essentiel doit même être éclaté en quatre morceaux. Cette préconisation garantit une valorisation optimale de l’amidon. Ce dernier constitue près de la moitié de l’apport énergétique du maïs fourrage. Rappelons aussi que le respect du stade de récolte (entre 32 et 35%MS), ainsi que le respect d’une durée de stockage minimale de deux mois avant ouverture sont deux paramètres tout aussi importants pour garantir sa bonne digestion.
Jouer de la bassine le jour du chantier de l’ensilage du maïs
Cette observation semble simple à effectuer. En réalité, elle n’est pas si évidente. L’observation d’une poignée de fourrage n’est pas suffisamment fiable. Ce jugement oculaire est biaisé par la proportion d’amidon, la couleur du fourrage, etc. La méthode de la bassine est très simple, rapide et gratuite. En isolant le grain du reste du produit, elle ouvre le champ à un jugement objectif de son éclatement.
La mesure du Corn Silage Processing Score (CSPS), désormais disponible auprès de certains laboratoires en France, permet quant à elle de chiffrer le niveau d’éclatement obtenu. Par définition, l’information n’est pas disponible le jour du chantier. Néanmoins, cette solution permet d’objectiver précisément la qualité d’éclatement des grains. Un score inférieur à 50 traduit un faible éclatement. On visera idéalement un score proche ou supérieur à 70 et ce d’autant plus que le stade de récolte est avancé et que la durée de conservation est courte.
Le jour du chantier, si le contrôle pointe un niveau d’éclatement des grains insuffisant, il est possible réagir immédiatement en réduisant l’écartement entre les rouleaux éclateurs. C’est là le seul réglage sur lequel l’opérateur a la main à cet instant, mais d’autres paramètres influent tels que l’usure des éclateurs, d’où l’importance de vérifier leur état en fin de campagne précédente et de les changer si besoin.
L’entretien régulier de la machine est nécessaire
Depuis quelques années, les constructeurs ont aussi renforcé l’agressivité des éclateurs en proposant de nouvelles configurations de rouleaux ainsi qu’en augmentant le différentiel de vitesse de rotation. Ce dernier point a un effet important. Il renforce l’action d’écrasement par une action de cisaillement des grains. À noter qu’un serrage important de l’éclateur, couplé à un différentiel de vitesse des rouleaux élevé, génère un effet ‘recoupe’ important. Ainsi, après des ajustements du réglage de l’éclateur, il peut s’avérer nécessaire de vérifier à nouveau la longueur de coupe.
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