Aujourd’hui, la réduction des charges de mécanisation est le principal levier pour améliorer le revenu des éleveurs. Paradoxalement, l’analyse de la mécanisation reste marginale alors qu’elle a un impact direct sur la viabilité économique et sociale de l’exploitation. Afin de sensibiliser et communiquer sur l’importance de ces charges sur les exploitations agricoles et de constituer un référentiel de données locales et actualisés, la fdcuma48 a lancé une étude sur les coûts de mécanisation des exploitations lozériennes selon leurs productions.
Echantillon et méthodologie
Cette étude a porté sur 24 exploitations, en système spécialisé bovins lait, réparties sur tout le département et avec des modes d’équipement variés (tout en propriété à la délégation quasi-totale). Ainsi, cet échantillon est assez représentatif de la « ferme Lozère ». En moyenne, ces exploitations comptent 2 UTH pour une production de 328 000 litres de lait (49 vaches laitières). D’un point de vue du foncier, les 109 ha mécanisables sont valorisés pour plus de la moitié en prairies temporaires, un tiers en prairies permanentes ou landes, et 10 % en céréales.
32 780 € de charges de mécanisation par an. Pour des résultats comparables, la main d’œuvre (interne et externe) et le remisage des matériels ne sont pas comptabilisés. Sont donc pris en compte dans le calcul : amortissement (réel et non linéaire), frais d’entretien, assurance, consommables (ficelles, carburant,…), location et prestations.
Après une étude individualisée et détaillée des charges de mécanisation sur chacune des exploitations, l’étude met en avant un coût global de la mécanisation de 32 780 € par an en moyenne. Pour ces exploitations, ces charges représentent tout de même 17 % de charges de l’exploitation, et 16 % du chiffre d’affaires.
La moitié des charges de mécanisation reposent sur la traction et le carburant
Si l’on ventile ces charges de mécanisation, on s’aperçoit que la traction et carburant représente plus de 50 % du coût (ndlr: ces chiffres émanant des comptabilité 2018 et 2019, les frais de carburant sont désormais beaucoup plus élevés).
Le parc tracteur est globalement cohérent avec la moyenne nationale avec 2,5 ch/ha, ou ramené à la main d’œuvre 150 ch/UTH.
Les matériels de récolte (21 % des charges de mécanisation), sont quant à eux très peu partagés. Les exploitants font plutôt le choix de déléguer les travaux même si cela reste encore timide par soucis de disponibilité des outils pour assurer la récolte au bon moment.
Avec 17 % des charges de mécanisation, le poste transport et manutention n’est pas négligeable. Il faut le corréler avec la multiplication des télescopiques sur les fermes pour une recherche de confort dans les travaux d’astreinte.
Enfin, loin derrière, les postes de semis, fertilisation, et de travail du sol représentent moins de 10 % des charges de mécanisation. En effet, malgré des investissements plus raisonnables en coût, les éleveurs ont souvent recours à la location en cuma ou la délégation pour diminuer les frais.
Des charges de mécanisation qui passent du simple au triple
Si l’on ramène ces coûts à la production animale, on comptabilise 98,50 € de charges de mécanisation par 1 000 litres de lait produit, ou ramené à l’animal, 445 € par UGB. De façon un peu plus concrète, un tiers du lait produit sert à payer les charges de mécanisation (hors remisage et main d’œuvre) !
De plus, cette étude met surtout en évidence que, au-delà des apparences qui peuvent nous faire penser que les systèmes sont similaires, d’importants écarts existent d’une exploitation à l’autre, pouvant aller du simple au triple !
En effet, sur cet échantillon de 24 exploitations, les écarts type sont très grands avec plus de 60 € les 1 000 L d’écart entre le quart inférieur et le quart supérieur. De même, si l’on regarde les chiffres ramenés au nombre de têtes à nourrir et donc à l’UGB, il y a 635 € d’écart entre la valeur minimale et la valeur maximale.
Les facteurs qui expliquent ces écarts de charges de mécanisation
En fin d’année, cela peut représenter une sacrée différence de revenu d’une exploitation à une autre. A travers cette étude, nous avons tenté de démasquer le vrai du faux sur quelques facteurs qui peuvent expliquer ces différences (cf bas de page).
Au final, une idée à retenir : gérer ses charges de mécanisation c’est adopter une stratégie d’équipement en connaissance de cause et l’assumer jusqu’au bout.
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En résumé
Vrai ou faux : le secteur géographique influe sur les charges ?
FAUX. Seules les exploitations de Margeride Est semblent avoir des coûts légèrement plus faibles (10 %).
Vrai ou faux : plus on a de surfaces, plus les charges augmentent ?
VRAI. C’est la tendance. Cependant, on trouve des exploitations avec même surface, et des charges qui varient du simple au double…
Vrai ou faux : en bio, on a forcément plus de charges plus élevées ?
VRAI, du fait du recours plus important aux actions mécaniques. Cependant, la moitié des exploitations Bio ont des charges méca plus faibles qu’une bonne partie des autres exploitations.
Vrai ou faux : j'investis, mes charges sont plus élevées ?
VRAI. On comptabilise 19% de charges en plus pour les exploitations en phase d’investissement.
Vrai ou faux : le télescopique ne coûte presque rien ?
FAUX. C’est un confort de travail, mais aussi un surcoût non négligeable : en moyenne 9 à 10 000 € par an.
Vrai ou faux : acheter des tracteurs de forte puissance est inutile ?
FAUX. C’est une question de rentabilité de l’outil (nombre d’heures, quel travail…). Il faut garder une cohérence entre le tracteur et l’outil attelé.
Vrai ou faux : la délégation des travaux coûte cher ?
FAUX. Cependant il faut faire attention au double équipement (déléguer et garder son outil au cas où).