La cuma de Valdériès, dans le Tarn, a déjà une longue histoire de salariat, en lien avec le pressage et l’épareuse. Mais les responsables ne sont plus les mêmes. Une fois le premier salarié (qui était aussi adhérent) retourné sur sa ferme, quelques expériences moins « solides » ont érodé la confiance des adhérents. Aussi, les nouveaux responsables ont dû quasiment repartir de zéro sur ce sujet. »On a rapidement compris qu’il était difficile d’attirer un salarié qualifié et motivé avec un temps partiel », résume Damien Cabot, le président de la cuma.
Construire de l’activité en continu à la cuma de Valdériès
L’équation est complexe… mais intéressante. « Pour construire un temps plein, nous avons dû aller demander s’il y avait de l’activité au-delà de nos adhérents », explique le trésorier, Rémy Massié.
Mais ce n’est pas tout : il faut aller chercher des heures en complément et non en supplément. « L’idée était de trouver de l’activité toute l’année. Donc des travaux qui peuvent s’enchaîner d’une saison à l’autre, plutôt que de rajouter des heures en période de pic », détaillent-ils.
En consultant les cuma voisines – Mailhoc, Andouque, Cagnac-les-Mines –, la solution émerge. « Nous avons développé une activité épareuse en service complet avec Cagnac et Mailhoc. En revanche, les adhérents d’Andouque étaient plus intéressés par de la mise à disposition sur les exploitations. »
Des compétences en conduite et élevage
C’est une particularité à la cuma de Valdériès : le premier salarié travaillait déjà sur les exploitations. « Cela permettait aux adhérents, même s’ils sont éleveurs, de se faire remplacer pour prendre des congés », souligne Damien Cabot. Le profil du salarié recherché s’affine au fur et à mesure. Il lui faudra pouvoir conduire des machines, mais également faire téter les veaux. Enfin, il devra savoir mettre en place l’irrigation ou aussi plumer des volailles.
Une fois l’offre d’emploi diffusée, les candidats ne se bousculent pas. Et pourtant la cuma trouve sa « perle rare »: « Parmi les candidats, se trouvait Morgan », note Rémy Massié. « Il avait moins de 20 ans à ce moment-là, et il nous a proposé de le prendre en tant qu’apprenti. Un stage à la cuma de Mailhoc lui avait apporté une bonne expérience de chauffeur. Il est intéressé par la variété des activités qu’on peut lui offrir. Et sa candidature nous a aussi permis de bénéficier des aides à l’apprentissage », précise le trésorier [de l’ordre de 6 000 € à cette époque, ndlr].
Apprentissage pour le salarié… et l’employeur
« Rétrospectivement, abonde Damien Cabot, ça nous a permis d’endosser notre fonction d’employeur en douceur. Quand il était à l’école, on avait un peu de temps pour organiser la séquence de travail suivante. »
Morgan travaille donc sur les exploitations des adhérents à la branche d’activité « groupement d’employeurs » de la cuma, tout au long de l’année. Il bénéficie d’un contrat annualisé qui lui permet d’alterner des saisons denses et d’autres moins, en respectant les durées maximales du Code du travail.
Au printemps, il s’occupe des clôtures, enchaîne avec les chantiers de pressage et de fauche, l’ensilage, les foins, les passages d’épareuse pour la mairie au printemps et à l’automne. L’hiver est bien sûr davantage dédié à l’entretien des matériels.
Et les responsables ont eu une bonne surprise à ce sujet : « Nous craignions, vu le nombre d’heures réalisées, que les tarifs en pâtissent. C’est l’inverse qui s’est produit : Morgan a réalisé un entretien préventif sur le parc matériel de la cuma, qui a permis d’éviter les pannes pendant les chantiers. Au final, on a maintenu, voire réduit les coûts. Et les adhérents ont davantage confiance. »
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