Cuma du Valchérie: un emploi concrétisé en moins d’un an
Nichée dans les hauteurs du Pilat, la cuma du Valchérie à Saint-Romain-les-Atheux, dans la Loire, est parvenue à mettre sur pied un groupement d’employeurs en quelques mois grâce à un DiNA. Depuis un an, un ouvrier agricole partage son temps entre six exploitations adhérentes.
La cuma du Valchérie est située dans une zone de polyculture-élevage avec environ 70 adhérents. «Dès le printemps 2018, nous avions parlé en CA des besoins de main-d’œuvre sur certaines exploitations et de la possibilité d’embaucher un salarié mutualisé. En préparant la modification des statuts au cours de l’hiver 2018-2019 en vue de notre AG, l’animatrice de la fdcuma de la Loire nous a interrogés sur notre souhait d’y inscrire la possibilité de créer un groupement d’employeurs au sein de la cuma», se souvient Thomas Odin, président de la cuma. «Comme nous avons répondu positivement avec une idée assez précise en tête, elle nous a alors proposé un accompagnement pour permettre de mettre sur pied ce groupement d’employeurs.» Tous les adhérents ont alors été prévenus du projet. Et six d’entre eux ont souhaité s’engager dans un DiNA pour concrétiser un emploi.
Salarié opérationnel depuis un an
«Après avoir mis sur la table tous les besoins des six exploitations, j’avais de gros doutes sur notre capacité à trouver des solutions pour répondre à tous les besoins des exploitations. Entre ceux qui voulaient une aide la semaine, d’autres des remplacements le week-end… Et pourtant, nous avons continué de travailler, et un premier planning a été imaginé pour répondre à tous les besoins… et ça a marché! Nous avons eu beaucoup de chance. Car en même temps que l’on travaillait sur une fiche de poste, un jeune du secteur nous a contactés.»
Mathias Cancade était sorti un an plus tôt du lycée agricole de Précieux. Il avait la volonté de travailler comme ouvrier agricole. «Comme nous savions qu’il était difficile de trouver un candidat, nous avons accéléré notre travail pour être prêt dès le début du mois de mai», raconte le président. Âgé de 20 ans, Mathias Cancade a été embauché le 2 mai par la cuma au service de six éleveurs sur un contrat de 35h annualisées. Il effectue une semaine de 24h et une semaine de 48h en travaillant un week-end sur deux.
Devenir employeur, un nouveau métier
«Ce rythme de travail me permet de m’organiser et de prévoir. Cela me convient bien. Je travaille avec six agriculteurs, qui ont des systèmes et des productions variés. C’est très enrichissant de découvrir les différentes façons de mener une exploitation», explique le jeune homme. Il aimerait un jour s’installer à son tour. «J’ai un projet d’installation, mais j’ai du temps devant moi.»
Les éleveurs ont rapidement perçu que le droit du travail présentait des subtilités et des complexités qui se levaient d’autant plus facilement qu’ils étaient accompagnés. «Nous n’avions jamais embauché quelqu’un auparavant, rappelle le jeune président de la cuma du Valchérie. Tout était nouveau pour nous. Dans le cadre du DiNA, la juriste de la chambre d’agriculture a relu tous les éléments. Et elle a validé le contrat de travail et la fiche de poste.» Pour les fiches de paie, la cuma délègue à un cabinet indépendant en lien avec la fdcuma de la Loire. Les six agriculteurs sont désormais des employeurs. «Nous devons rester souple et à l’écoute de notre salarié, estime Thomas Odin. Il faut que son poste soit attractif et intéressant. Nous envisageons de l’associer à nos réflexions autour du renouvellement du matériel par exemple.»
Cuma de Paluel: une embauche administrative réussie
La cuma de Paluel, en Savoie, a réussi son projet d’embauche administrative, là où beaucoup d’autres cuma de la région n’osent pas trop avancer. Une longue réflexion a abouti à la création d’un emploi afin de soulager les adhérents de la partie administrative. Une initiative qui a convaincu des cuma voisines d’adhérer au projet. Résultat: un emploi partagé pour cinq cuma.
Créée pour l’irrigation voilà 40 ans, la cuma de Paluel compte aujourd’hui 16 adhérents en élevage viande, lait, polyculture, maraîchage ou tabac. «Le Paluel est une rivière en contrebas. Au départ, la cuma crée 2 km de réseaux enterrés pour irriguer le tabac. Et elle investit dans des pompes et des enrouleurs.»
Désormais, la cuma gère 16 matériels allant du travail du sol à la fenaison. «Chacun est responsable d’un outil, nous n’avons pas de bâtiment.» Comme dans de nombreuses cuma, lorsque l’ancien président souhaite passer la main, peu de candidats se manifestaient. «J’ai repris la présidence, explique Emmanuel Guicherd, mais personnellement, je faisais faire ma comptabilité par le centre de gestion. Dans la cuma, deux adhérents sont présidents d’autres cuma alentours. Nous savions comme il est difficile de trouver un trésorier, chez tout le monde, c’est pareil. Nous nous sommes dit que nous pouvions peut-être plutôt déléguer les tâches que l’on aime le moins faire. A savoir la comptabilité.»
Embaucher à plusieurs
Confier la comptabilité au centre de gestion représente cependant un coût trop important. «Nous connaissions une personne qui exerce une activité partielle dans la commune et qui connaît bien la comptabilité parce qu’elle a travaillé en Cer.» Les deux autres présidents de cuma adhérents s’engagent à l’embaucher aussi. «Nous avons prévenu deux autres cuma alentour. L’une a répondu favorablement rapidement, l’autre a suivi deux mois après.»
Après un Dina pour mettre le projet au point, «le centre de gestion se charge uniquement du bulletin de salaire de la personne que nous avons embauchée pour la comptabilité. Sur l’année, elle travaille en moyenne 10 à 15h/mois. La première année nous avons dû acheter un ordinateur, le logiciel myCumaCompta et payer une formation pour le salarié. Maintenant, il édite les factures et assure la compta, prépare les assemblées générales. Nous n’avons aucun regret.»
Depuis, il est aussi beaucoup plus facile de convaincre les adhérents de s’engager dans la gestion de la cuma. «Cela a remis toutes les cuma adhérentes en ordre de marche. Tout le monde a accès au logiciel myCuma Compta. Nous prenons rendez-vous de temps en temps avec le trésorier. Ce qui est très positif, c’est que nous ne nous sommes pas trompés sur la personne. Ex-comptable en centre de gestion, il connaissait déjà le fonctionnement d’une exploitation. La réflexion nous a occupé un an, mais déléguer ce qu’on n’aime pas faire, c’était la bonne solution. Cela nous libère pour faire d’autres choses. Finalement, après cette expérience réussie, peut-être que plus tard, on embauchera aussi un chauffeur.»
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Auvergne-Rhône-Alpes PACA – Juin 2020.
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