Dans un contexte de réduction des herbicides, le désherbage arrive au cœur des discussions. Le projet européen de recherche Sweedhart s’est attaché à étudier comment éliminer les semences d’adventices présentes à la moisson. Un des volets concernait la dévitalisation des semences grâces à la chaleur des gaz d’échappement. En procédant à des tests sur une moissonneuse, ils ont montré qu’une température de 140°C appliquée durant 4 à 6 s est nécessaire. Point positif : l’énergie nécessaire ne coûte rien. Points négatifs : il faut concevoir l’échangeur qui permettrait d’obtenir cette température et cette durée de contact. Sachant qu’en pratique les semences d’adventices se cachent au sein de la menue paille, qui fait isolant. Et qu’en allant trop loin on risque l’inflammation.
Les chercheurs ont également établi que seulement 10 à 40% des graines d’adventices, selon l’espèce, passent dans la moissonneuse. Une fraction seulement est donc susceptibles d’être détruite ou récupérée. Le reste se tient déjà au sol ou bien passe en dessous de la coupe.
éliminer les semences d’adventices à la moisson : récolte totale
Une autre solution envisagée serait de simplifier radicalement la moissonneuse-batteuse, en lui supprimant le caisson de nettoyage. Le grain récolté « sale », voire le mélange paille-grain, serait nettoyé en atelier, à poste fixe. On conditionnerait les menus pailles et les graines d’adventices qui les accompagnent pour en faire du combustible ou de la litière. Le procédé semble très intéressant sur le plan économique. Malheureusement, les machines pour le mettre en œuvre n’existent pas. Le système McLeod développé au Canada il y a quelques années allait dans ce sens. Il n’a toutefois pas eu de suite.
Récupération classique
Des solutions plus réalistes, déjà pratiquées, sont également envisageables. La dépose des menues pailles sur l’andain par un récupérateur permet de les collecter lors du pressage. Les experts du projet Sweedhart estiment toutefois que la moitié des semences indésirables s’échappent durant les opérations. La collecte dans une remorque ou un caisson depuis la moissonneuse dotée d’un récupérateur est également pratiquée. Elle soulève quelques questions de logistique.
En Australie, les adeptes du Controlled traffic farming confrontés à des problèmes de désherbage déposent parfois les menues pailles dans les voies de circulation. Il est alors facile de contrôler ce qui a pu lever sur ces lignes bien identifiées. Quelques agriculteurs d’Australie ou d’Amérique du Nord ont pour leur part opté pour un broyeur qui pulvérise les menues pailles, et les semences qui s’y cachent. L’appareil s’avère toutefois exigeant en puissance.
Balance économique
Toute ces méthodes ont un coût. Il serait d’autant plus acceptable qu’il n’y a pas de solution chimique alternative de désherbage (herbicides interdits, adventices résistantes…) ou que les menues pailles ont une valeur marchande élevée dans l’environnement de l’exploitation (méthanisation, combustible, litière, etc). Sur le plan agronomique, les experts de l’étude estiment à 33% la part de matière organique exportable. Pour un rendement de 8t/ha de paille et 1,5t/ha de menues pailles, cela représente 1,64t/ha de paille et les 1,5t/ha de menues pailles. Le projet Sweedhart a rassemblé l’institut Fraunhofer Fraunhofer, l’Université de Copenhague, l’Université norvégienne de sciences et technologie (NTNU), et le constructeur Claas. Il a donné lieu à une série de publication scientifiques.
En complément :
Notre dossier menues pailles, avec les différentes solutions de récolte ou de broyage.