Les fortes chaleurs à venir cet été pourraient effectivement conduire à une augmentation notable du nombre de sinistres. Les conseils de Groupama.
Élevage en période de canicule : rafraîchir
« Les porcs et les volailles sont les plus vulnérables, il leur faut des bâtiments climatisés ou de l’ombre », estime Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint en charge de l’agriculture à l’Inra. Les bovins sont moins fragiles, même si la production de lait s’en ressent par exemple, et les conséquences sur leurs organismes peuvent arriver plus tard.
Ventilateur, aération, brumisateur sont les solutions les plus simples évoquées par les acteurs interrogés par l’AFP. Le chercheur de l’Inra met également en avant l’agroforesterie qui introduit des arbres sur des parcelles agricoles, pour fournir plus d’ombre au bétail.
Mais ces solutions d’appoint sont-elles durables? Au-dessus de 22 degrés, les bovins sortent de leur zone de confort thermique. La limite est à 25 degrés pour les porcs. Le seuil de tolérance des poulets change selon l’âge, il est de 33 degrés à la naissance, mais seulement 20 degrés à 42 jours.
Ces solutions sont donc trop « court-termistes » pour l’association de protection des animaux CIWF, qui souligne aussi l’augmentation de l’énergie consommée.
Déménager l’élevage en période de canicule
Difficile de faire coïncider des besoins vitaux, il ne s’agit pas seulement ici de bien-être animal et une hausse des températures de 1,5 à 3 degrés.
« Les zones d’élevage vont évoluer, il va être de moins en moins simple de faire de l’élevage, en particulier laitier, au sud de la Loire. On va se concentrer sur les façades maritimes, Normandie par exemple, sur les zones qui ont accès à l’herbe et qui ont de la pluie », avance Marie-Cécile Damave, responsable innovations et marchés du groupe de réflexion Agridées.
Faire évoluer les espèces
La génétique pourrait amener un élément de réponse, mais les programmes sur le sujet restent rares.
« Aujourd’hui, il est plus rentable pour un investisseur de lancer un programme de recherches pour améliorer la qualité de la viande, les résultats sont directs. Alors que pour le changement climatique, il n’y a pas de marché », analyse un cadre de l’Inra.
Petit à petit toutefois, la prise de conscience se fait: « les choses changent, on cumule plusieurs années très chaudes et sèches. Les recherches pour adapter les animaux à la chaleur sont clairement des objets de travaux de la génétique qui arrivent en France », poursuit Jean-Louis Peyraud.
Il évoque également des recherches sur « la digestion des animaux monogastriques (tous, sauf les ruminants dotés de plusieurs estomacs), des animaux qui peuvent absorber des ressources d’une qualité inférieure ou l’élaboration de produits riches en cellulose ».
« Les croisements sont plus résistants », remarque aussi Jean-Christophe Moreau, chef de projet changement climatique et sécurisation des systèmes à l’Institut de l’élevage (Idele), qui s’occupe des bovins.
« Rendre l’herbe plus résiliante »
Ce sont surtout les sécheresses à répétition qui menacent l’alimentation des troupeaux qui inquiètent M. Moreau: « Les champs sont grillés, dans certaines zones les agriculteurs distribuent maintenant les récoltes du printemps qui étaient prévues pour l’hiver. C’est la deuxième année d’affilée ».
Là aussi la génétique peut aider. Différentes pistes sont explorées pour « rendre l’herbe plus résiliante » selon Marie-Cécile Damave.
Les cultures de nouveaux végétaux plus résistants à la sécheresse commencent à apparaître, comme le sorgho, la luzerne et la betterave fourragère.
Pour M. Moreau, tout est lié à l’eau, qui se fait rare en été dans beaucoup de régions: « les semenciers proposent régulièrement de nouvelles plantes, la dernière à la mode c’est la chicorée, dont les racines vont chercher de l’eau profondément dans le sol, mais il ne faut pas attendre de miracle, s’il n’y a plus d’eau rien ne poussera ».
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