S’il a plu quelques millimètres ces dernières semaines, les réserves en eau des sols des Hauts-de-France ont été mise à rude épreuve. Tout comme les plantes. En blé, les conditions de semis déterminent leur vigueur et donc leur capacité à puiser l’eau du sol grâce au système racinaire.
Le blé en bonne voie
«Pour la plupart, les blés sont au stade épiaison et sont plutôt bien développés, reconnaît David Boucher, agronome pour le groupe Carré, négoce qui se déploie dans les Hauts-de-France. Seuls les blés implantés plus tardivement en novembre après les betteraves ou les pommes de terre n’ont pas pu se développer en profondeur et puiser la quantité d’eau qu’il leur était nécessaire.» Pour ceux-là, on peut remarquer des abandons de talles et quelques régressions.
Toutefois, de manière générale, la fertilité des épis potentielle et le poids de 1000 grains probables sont encore très élevés. Il faut rester vigilants sur l’apparitions de certains champignons. Une situation qui diffère des orges de printemps. Elles n’ont pour dire pas reçu d’eau ce qui limite leur développement.
Des alternatives à l’apport d’engrais
Il ne reste plus que quelques semaines avant que l’azote ne fasse effet sur les céréales. Si certains agriculteurs hésitent à apporter de l’engrais, David Boucher l’assure, « il est encore temps qu’il pleuve et que l’engrais soit efficace pour la plante. D’autant qu’il existe des solutions foliaires pour éviter ce tracas. Un tas de biostimulants sont également disponibles pour avoir le même effet qu’un dernier apport d’engrais. Il y a des bactéries symbiotiques par exemple ou des acides aminés qui vont booster les mécanismes naturels de la plante.» Toutefois, ce genre de solutions sont à anticiper pour espérer profiter pleinement de leur efficacité.
Les colzas ont conservé, comme les céréales d’hiver, un bon potentiel. Le manque de pluie a été bénéfique puisque la floraison a été très longue. Et ceux bien implantés ont pu puiser l’eau du sol. Sans certaines zones cependant, la neige du début de printemps a pesé sur la plante et a occasionné quelques dégâts ici et là. «Il faudra tout de même être patient à la récolte, les dernières siliques les plus pourvues sont au pied de la plante», rappelle David Boucher.
Pas le même son de cloche pour les cultures de printemps
Si elles ont été implantées dans de bonnes conditions, les cultures de printemps n’ont reçu relativement peu de pluie. Pour les lins, la plante a décroché alors que sa levée était plutôt bien partie. Quant aux betteraves, dans les bonnes terres, elles se développent bien.
«Ce sont dans des sols à moins gros potentiel que la culture souffre, reconnaît l’agronome. Heureusement la betterave a la capacité de bloquer son développement à un certain stade quelques semaines pour le poursuivre après le stress.»
En pommes de terre et en maïs, les plantes poussent doucement mais les plants ont de la réserve. «Si le désherbage racinaire ne fonctionne pas, il faut tenter le foliaire, conseille David Boucher. Car au moindre coup d’eau, les molécules entrées dans le sol vont s’activer et si elles sont trop nombreuses, elles risquent de donner un coup de massue à la plante.»