Valorisation des couverts végétaux en élevage
Les couverts végétaux peuvent représenter un fourrage que l’on appelle couramment un méteil. De par sa composition, il a des effets positifs sur la santé animale, avec une amélioration du fonctionnement digestif des animaux grâce à l’apport d’une diversité de plantes. Ces apports offrent des éléments nutritifs multiples ; minéraux et acides aminés. Cela permet de préparer une ration moins acidogène, basée sur des fourrages variés. Les éleveurs constatent également une diminution des frais vétérinaires.
Récolte en ensilage et ou enrubannage
Selon les équipements disponibles de récolte et de stockage présents sur les exploitations, la récolte du méteil peut être effectuée sous une forme fermentée, soit en ensilage ou en enrubannage. La date de récolte est importante pour viser un fourrage doté d’une valeur nutritionnelle la plus élevée possible en protéines. Le choix des espèces à l’implantation a tout son importance, avec un intérêt pour les mélanges à fortes proportions légumineuses et un peu de graminées pour l’aspect tuteur. Pour produire de la viande ou du lait, un animal n’utilise pas 100 % des éléments nutritifs. Une partie de ces éléments se retrouvent dans les déjections, qui en font des effluents riches et notamment en N, P, K. Ces apports d’effluents peuvent également diminuer la part d’achat d’engrais chimique.
En grain en rattrapage
La valeur alimentaire du fourrage diminue avec la maturité. Si les conditions n’ont pas permis de valoriser le méteil en fourrage, il est possible de le récolter en grain. Cela permet de réaliser un aliment de production pour les ruminants et les monogastriques, afin de rendre l’exploitation plus autonome. Il sera nécessaire de bien stocker les grains comme pour une céréale, avec un séchage en basse température pour préserver les éléments.
Valorisation des couverts végétaux en grandes cultures
Du côté des grandes cultures, deux options s’offrent aux agriculteurs. Soit ils restituent la biomasse du couvert végétal au sol, où ils valorisent la partie aérienne de la plante dans un méthaniseur.
L’atout de la méthanisation
L’option de la valorisation par un méthaniseur permet d’installer un cycle vertueux sur les exploitations. L’interculture, ou la Culture Intermédiaire à Valorisation Énergétique (CIVE), produit de la biomasse aérienne qui va alimenter une unité de méthanisation et une biomasse souterraine (racines) qui va constituer du carbone. L’avantage sur ce processus est de couvrir le sol tout l’hiver, de limiter l’érosion et la fuite des nitrates, sans avoir à gérer la biomasse du couvert avant la culture suivante : il ne reste que les chaumes et les racines après récolte. L’exportation de cette matière est compensée par des apports d’amendements organiques (les digestats). Ces amendements plus dégradés, composés d’éléments fertilisants sont plus disponibles pour la plante. Un autre avantage, plus palpable sur le long terme, est visible par ce système : la diminution de la pression en adventices résistantes aux produits phytopharmaceutiques. Grâce à la répétition des exportations, les agriculteurs arrivent à épuiser le stock semencier d’adventices dans les parcelles.
La « classique » restitution au sol
La restitution au sol du couvert végétal génère un apport de matière organique fraîche non négligeable. Lorsque l’agriculteur n’a pas accès à une source d’amendement organique, l’un des leviers pour améliorer la fertilité de ses sols est d’implanter des couverts végétaux. Ceux-ci vont mobiliser et rendre bio disponibles, les éléments fertilisants présents dans le sol, mais aussi restituer de l’azote à la culture suivante (légumineuses). Cette technique nécessite toutefois de l’anticipation pour éviter que les plantes en place ne diminuent trop la réserve en eau du sol, pouvant être préjudiciable pour la culture suivante.
La destruction des couverts végétaux doit aussi être anticipée en fonction des espèces présentes et de la culture qui va être implantée par la suite. Pour détruire la biomasse du couvert, les micro-organismes vont consommer des nutriments, et notamment de l’azote. Azote qui ne sera donc pas disponible pour la culture suivante, pouvant créer le phénomène de “faim d’azote”. Le dernier point de vigilance de cette technique est la gestion des ravageurs et notamment des mollusques, qui trouvent le gîte et le couvert dans la biomasse de l’interculture.
Valorisation des couverts végétaux en viticulture
La valorisation des couverts végétaux en viticulture fait suite à leur restitution au sol, tout comme en grandes cultures. Nous y retrouvons donc les mêmes avantages et contraintes, avec quelques spécificités liées à la culture pérenne. Il faut être vigilant sur l’aspect concurrence de l’eau, tout comme en grandes cultures. Sur la vigne, il est plus difficile d’estimer la période de concurrence de l’eau avec le couvert. Lorsque l’on aperçoit les premiers signes visuels sur la vigne, il est déjà un peu tard. Nous conseillons de débuter la destruction au stade de vigne « 2/3 feuilles étalées » sur des parcelles avec une réserve utile faible. Il faudra par la suite répéter les passages d’outils de destruction pour atténuer les repousses de graminées par exemple.
Des atouts pour toutes les filières
Quelle que soit la filière, les avantages des couverts végétaux sont bien connus. Les pratiques de valorisation abordées ci-dessus permettent d’adapter les stratégies individuelles de chaque exploitation en fonction de leurs priorités. Ces éléments de réflexion sont régulièrement abordés dans les groupes de développement et les GIEE portés par la fédération des cuma des Charentes. À ce jour, le réseau cuma charentais compte cinq groupes qui représentent les filières dominantes : viticoles, grandes cultures et élevage. Cette année, un sixième groupe d’éleveurs a vu le jour en Charente.
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