Quel est le coût d’un chantier d’ensilage de maïs au total ? De nombreux facteurs font bien entendu varier la réponse. Nous allons d’abord partir d’une ensileuse de 640 ch achetée 388 000 € et utilisée durant 8 ans. Pour le transport, nous disposons d’une flotte de tracteurs de 160 ch, coûtant 35 €/h avec le carburant, associés à des bennes de 40 m³ homologuées 40 km/h et coûtant 0,89 €/km. Le chantier se situe à 3 km, soit 6 km à parcourir par voyage. D’autre part, le maïs affiche un rendement de 14 tMS/ha, et un taux de matière sèche de 33 %. Deux tracteurs également de 160 ch sont présents au silo. La main-d’œuvre, salariée ou non, est quant à elle valorisée à 24 €/h.
Coût d’un chantier d’ensilage : quatre facteurs au banc d’essai
Sur ces bases, nous allons examiner l’effet de quatre facteurs essentiels : le nombre d’heures annuelles d’utilisation de l’ensileuse, le débit de chantier de la machine, l’éloignement des parcelles et le tarif du carburant.
Coût moyen d’un chantier d’ensilage.
Dans ces conditions, notre ensileuse affiche un coût de détention de 347 €/h hors conduite, et 371 €/h avec. Mais il faut bien amener ce fourrage au silo. À 6 km de distance, il faudra ajouter 193 €/h de transport, soit un total de 564 €/h, ou encore 16,10 €/tMS. Ajoutons-y deux tracteurs de 160 ch avec lame pour confectionner le silo. L’ensemble revient alors, 682 €/h, soit 19,50 €/tMS. Dans ce coût total, l’ensilage proprement dit pèse pour 55 % du total, devant le transport pour 28 % et le silo pour 17 %. Et au sein de l’ensilage, la décote de la machine et le carburant représentent l’essentiel des coûts.
Effet nombre d’heures annuelles
Premier facteur de changement envisagé : le nombre d’heures annuel d’activité de l’ensileuse. Si elle ne tourne que 180 h/an, la machine seule va prendre 20 €/h, soit 6 % d’augmentation. Ce peut être le cas dans des secteurs avec essentiellement de l’herbe ou essentiellement du maïs, et des éleveurs voulant privilégier la disponibilité. Le chantier, transport compris, monte alors à 584 €/h, ou 16,70 €/tMS, et le rendu silo à 702 €/h, ou 20,10 €/tMS. Sur l’ensemble, la hausse se limite à 3 %.
Le coût de chantier selon le nombre annuel d’heures rotor.
Si, en revanche, l’ensileuse peut monter à 230 h/an, elle descend à un coût de détention de 324 €/h. Soit 23 €/h, ou 7 %, en moins. C’est plus facile à atteindre avec un bon étalement des chantiers entre herbe, CIVE et maïs, et une diversité des précocités au sein du groupe ou dans le cadre d’une l’inter-cuma. Le chantier avec transport tombe alors à 541 €/h, ou 15,40 €/tMS, une baisse de 4 %. Le rendu silo affiche, quant à lui, 659 €/h, ou 18,80 €/tMS, soit une économie de 3 %.
Effet débit de chantier sur le coût d’un chantier d’ensilage
Autre effet à étudier : le débit de chantier. S’il doit diminuer pour cause de mauvaise organisation, de récolte versée ou de parcellaire défavorable, de combien augmente le coût de la tonne de matière sèche récoltée ? En descendant de 2,5 à seulement 2 ha/h, on passe de 10,60 € à 13,20 € pour l’ensileuse avec chauffeur et carburant. Soit 25 % de hausse. En bout de course au silo, les 19,50 € montent à 24,50 €, une augmentation de 23 %. L’effet est très marqué.
Dans l’autre sens, on peut imaginer grimper à un débit de chantier de 3 ha/h, avec de super chauffeurs et des conditions idéales. Le montant de l’ensileuse avec conduite et carburant descend à 8,80 €/tMS, soit 17 % en moins. Le coût du rendu silo affiche pour sa part 17,80 €/tMS, soit un bonus de 9 %.
Le coût à la tonne de matière sèche selon le débit de chantier.
Effet distances
Selon nos calculs, le transport pèse pour 28 % du total d’un chantier d’ensilage à 3 km. C’est donc un élément de poids qui mérite attention, un article de notre édition Rayons X sur l’ensilage en fait d’ailleurs l’analyse. Disons simplement que, si les parcelles s’éloignent et se trouvent à 5 km au lieu de 3, nos hypothèses de travail amènent à un coût total du chantier de 761 €/h. Le transport y compte alors pour 36 % du total, soit 272 €/h.
L’éloignement des parcelles et la disponibilité des bennes impactent plus ou moins fortement le coût de chantier.
Effet GNR
Dernier critère de coût dans cette étude : le tarif du carburant. Nous avons basé nos calculs sur un prix du GNR de 1,10 €/l. Quelles seraient les conséquences d’une variation de 20 centimes en plus ou en moins, soit 18 % de hausse ou de baisse ? Sur l’ensileuse, la différence s’élève à 21,80 €/h, tandis qu’elle se limite à 2,50 €/h pour les tracteurs. À l’échelle du chantier complet rendu silo, l’enjeu de cette variation de 20 centimes du litre de GNR serait en fait de 22 €/h en plus ou en moins.
Impact du GNR sur le chantier d’ensilage.
Voilà pour les coûts. De son côté, l’éleveur est attentif à la valeur de son ensilage en litres de lait ou en kilos de viande. Il n’a pas intérêt à réduire à tout prix le coût de l’opération de récolte. En effet, cette valeur dépend de plusieurs facteurs eux-mêmes liés au chantier :
- Récolter au bon stade ;
- Disposer de l’ensileuse le jour J ;
- Réaliser une longueur de coupe optimale au regard du taux de matière sèche, de la facilité à tasser et à conserver, de l’appétence du produit final et de la cohérence avec l’équipement de distribution de la ration.
Il est également nécessaire d’éclater suffisamment les grains de maïs pour libérer l’amidon. Pour cela, il est important de disposer d’un éclateur efficace et bien réglé. Il faut savoir modérer la vitesse d’avancement. Enfin, la confection du silo, avec des engins suffisamment lourds et qui passent le temps nécessaire, constitue la cerise sur le gâteau pour un ensilage à haute valeur nutritionnelle.
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