Face aux prix de l’énergie, le Space a mis l’accent cette année sur la maîtrise des dépenses. Le chahut sur le prix de l’électricité et du gaz a plombé les comptes de certaines exploitations très consommatrices : serres, poulaillers, maternités porcines, gros élevages laitiers robotisés, exploitations irrigantes… Ainsi, la molécule de gaz valait sur les marchés moins de 10 €/MWh au 2e semestre 2020. Contre 60 € en septembre 2023. Après avoir culminé à 120 € après le déclenchement de la guerre en Ukraine ! Ce sujet est d’autant plus sensible qu’on prévoit la fin des amortisseurs sur les prix de l’électricité au 31 décembre 2023. C’est pourquoi le Space a mis en avant plusieurs innovations technologiques tel que le Watt’N Wall. Un mur chauffant et/ou rafraîchissant des cloisons des cases post-sevrage.
Des investissements rapidement payants
Aucun agriculteur n’a le même coût d’énergie aujourd’hui. Ce qui les distingue ? Le niveau de consommation relatif au type de production, mais aussi la saisonnalité. L’été, le prix du kW est en général moins élevé. Le système d’élevage mis en œuvre (ex : système herbager ou maïs) a aussi son importance. De même que la qualité d’isolation des bâtiments. Le temps de retour des investissements ciblés sur les économies d’énergie devrait se réduire. « Avant, de telles dépenses pouvaient être amorties en 7 à 8 ans. Demain, elles pourront l’être dès 4 à 5 ans », pronostique Régis Le Carluer, conseiller à la chambre d’agriculture de Bretagne. Ainsi, l’achat d’un refroidisseur de lait peut être remboursable en seulement 4 ans grâce aux économies réalisées. Un point important pour anticiper la tendance durablement haussière des prix de l’énergie, selon le conseiller.
Mur chauffant « Watt’N Wall » primé lors du concours Innov’Space 2023, pouvant servir de chauffage ou de refroidissement du local dont il constituera les cloisons.
Certains choix d’économies d’énergie, comme l’isolation des bâtiments, engagent l’exploitation sur de nombreuses années. Mais d’autres peuvent être rapidement mises en œuvre. Ainsi, le changement de mode de conduite de votre tracteur peut entraîner un gain potentiel de 3 à 12 % de la consommation, selon Didier Debroize de la chambre d’agriculture de Bretagne. Le conseiller pointe du doigt aussi la surconsommation résultant de l’inadéquation entre tracteur et outils. Un autre poste génère des dépenses improductives d’énergie : les déplacements. De ce point de vue, les échanges amiables de parcelles génèrent beaucoup d’économies de carburant et de temps. Mais sur le terrain, peu d’exploitants procèdent à ces échanges.
Renégocier les contrats d’électricité ?
Les exploitations titulaires d’un tarif « bleu » valable pour les puissances inférieures à 37 kVA représentent environ entre 60 et 70 % des exploitations bretonnes, évalue Régis Le Carluer. Elles sont soumises à des prix de l’électricité moins fluctuants grâce à des grilles tarifaires standardisées. Les autres disposent en majorité de compteurs dont la puissance oscille entre 37 et 250 kVA. Cela correspond à une ferme laitière robotisée avec 2 robots de traite ou plus. Ou bien à une exploitation porcine de plus de 100 truies naisseurs-engraisseurs. Ces exploitations doivent souscrire à une offre de marché (chez le fournisseur historique ou chez un fournisseur alternatif). Certes, les conditions de prix de ces fournisseurs peuvent éventuellement être plus avantageuses. Mais elles risquent d’être aussi plus aléatoires selon la formule de contrat choisi : prix indexés au marché ou prix fixes sur une période donnée choisie.
C’est pourquoi certaines d’entreprises sollicitent l’appui d’un courtier en énergie tel que EnerBIOFlex qui présentait son activité au Space. Cette société, spécialiste énergétique pour le monde agricole, accompagne environ 1 000 exploitations. Elle réalise des audits énergétiques, accompagne la mise en place de production d’énergie renouvelable en autoconsommation ou vente et optimise les contrats d’énergie. Cette société de courtage ouvre la possibilité de souscrire à des achats groupés, ajustés à votre profil de consommateur.
Grégory Doubet, de la société Enerbioflex qui intervient auprès des agriculteurs dans l’optimisation des contrats d’énergie.
Prix de l’énergie : anticiper 1 an avant le renouvellement des contrats
Grégory Goubert, responsable commercial de la société Enerbioflex, conseille aux exploitations concernées d’anticiper au moins un an à l’avance le renouvellement de leurs contrats de fourniture d’électricité. Tout en évitant de s’engager dès à présent sur des contrats après le 31 décembre 2025. À cette date, le dispositif actuel « ARENH » (accès régulé à l’électricité nucléaire historique) qui permet aux fournisseurs alternatifs d’accéder à un prix régulé (42€/MWh), sera échu…
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