Comment raisonner le désherbage du pois d’hiver? L’intervention en prélevée est un levier qui tempérera la concurrence des adventices lors de la reprise en sortie d’hiver. Elle est profitable face aux fortes infestations en dicotylédones concurrentielles (gaillet, renouées, matricaire) ou difficiles à maîtriser uniquement en post-levée (éthuse, arroche, renouée des oiseaux). La prélevée s’effectue au plus près du semis, sur des semences recouvertes de terre et un sol rappuyé.
Ces préalables limitent les risques de phytotoxicité. De plus, un sol frais au moment du traitement ainsi qu’une légère pluviométrie dans les jours suivants sont les conditions idéales pour sa bonne efficacité.
Une prélevée en cas de situations difficiles et d’adventices hivernales
La flore dominante en entrée d’hiver influence le choix des molécules à privilégier. Une base clomazone en cas de forte infestation de gaillet (Centium 36 CS ou Toutatis damtec). La présence de Véronique de perse argumente en revanche en faveur d’un programme à base d’aclonifen ou d’imazamox (Nirvana S, non recommandé en sol filtrant). L’aclonifen peut s’appliquer au plus près de la levée (stade crosse sous terre).
Attention toutefois: l’application d’une base d’aclonifen peut limiter sa réutilisation en post-levée selon le produit commercial et la dose appliquée en prélevée (voir tableau ci-dessous).
La post-levée, principal levier de gestion des dicotylédones sur pois d’hiver
En sortie d’hiver, les décisions de désherbage du pois d’hiver dépendront une nouvelle fois de la flore présente. L’application doit avoir lieu sur un stade jeune des adventices (cotylédons à 2-3 feuilles). Elle sera efficace en conditions poussantes et en dehors de fortes amplitudes thermiques. Une amplitude supérieure à 15°c peut en effet impliquer des problèmes de sélectivité. Les nuits trop froides (<5°C) sont également défavorables.
Le fractionnement peut apporter un plus en cas d’infestation moyenne ou d’adventices difficiles telles que les renouées. Cette stratégie suppose deux conditions. Premièrement il faut déclencher tôt le premier passage. Il faut ensuite respecter un délai de 10-15 jours avant le second.
Désherbage mécanique du pois d’hiver
Que la situation présente un risque de résistance ou que cette dernière soit avérées, un antigraminées racinaire à base de propyzamide est fortement conseillé. Le Kerb Flo est autorisé à 1,875l/ha jusqu’au stade 4 feuilles du pois.
La culture autorise une substitution mécanique au traitement de prélevée. La herse étrille ou la houe rotative peuvent aussi être complémentaires d’une application en post-levée. En revanche, le pois ne se prête pas au binage en raison de son écartement faible. Avant la levée, sur des adventices jeunes et donc faciles à détruire, un passage de herse étrille est possible, à l’aveugle, sous condition d’une portance suffisante. À la levée, la houe rotative devient la plus sélective. Son efficacité est liée au stade des adventices (fil blanc à 2 feuilles max). Cet outil est particulièrement adapté aux sols limoneux.
Enfin, après la levée, un passage de herse étrille reste possible, avant le stade 5 feuilles. Dans tout les cas, deux à trois journées de beau temps avant et après l’intervention garantiront la meilleure efficacité. Une fois que le pois commence à développer ses vrilles, le risque de pertes par arrachage s’élève. La fenêtre propice aux interventions mécaniques est fermée.
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