Ils sont une poignée de salariés agricoles à avoir fait le pas de participer à cet échange sur la confiance entre employeurs et salariés agricoles. Et ils ont des choses à dire! Du négatif et du positif, avec le sentiment que le potentiel existe mais qu’il reste beaucoup à faire. Premier constat: les salariés présents sont formés. Issus du secteur viticole et d’une exploitation forestière, ils aiment leur travail, qu’ils ont choisi, et ils en sont fiers. Deuxième constat: la confiance ne s’installe que s’ils estiment que leur employeur est compétent et si cet employeur les considère eux-mêmes comme compétents.
Reconnaître la compétence de l’autre
Sans cette reconnaissance mutuelle des compétences de l’autre, un cercle vicieux s’installe, très bien décrit par Georges*. Ce dernier, salarié pendant de nombreuses années dans une concession automobile, est passionné par l’approche qualité, l’organisation et l’anticipation des besoins. Il a été réceptionniste et en charge d’une équipe d’une douzaine de personnes avant de se reconvertir par passion dans le travail de la vigne. “Lorsque le salarié propose une solution face à un problème, qu’il n’est pas écouté, qu’il n’est jamais écouté, je considère qu’il est normal qu’il se mette en retrait. C’est une situation qui brouille tous les contacts entre employeur et salarié.” “ Moi, ça m’a fait changer de comportement”, explique-t-il. “A la fin, j’attendais de recevoir les consignes noir sur blanc. Je trouvais toujours quelque chose à faire pour ne plus être proactif.” Une situation complètement paradoxale!
Une ligne directrice et des écrits
A l’inverse, Paul* décrit la relation de confiance qui s’est instaurée entre son employeur et lui, sur une exploitation forestière. Après une expérience difficile (un co-gérant non compétent), “l’un des employeurs m’a demandé de prendre la responsabilité du domaine. J’ai accepté. L’employeur était à l’extérieur, mais dès le départ, nous nous sommes faits confiance et nous avons mis en place une organisation. Tout était écrit.” “J’ai proposé une ligne directrice qui a été acceptée par l’employeur, poursuit Paul. « Celle d’être efficace mais en toute sécurité, ce qui demandait beaucoup d’organisation dans le travail. Je participais à l’achat des matériels, j’avais un objectif annuel et une libre organisation des mes horaires. C’est ce qui manque peut-être en agriculture. Comme nous étions à distance, je notifiais, je rendais des comptes et il n’y avait pas de non-dits. Tout était évoqué rapidement. Je me suis aussi formé tout au long de ma carrière à la communication et au management.”
Une demande d’évaluation
A l’unanimité, ces salariés, lestés par ces expériences, demandent de l’autonomie, de l’écoute, un minimum de reconnaissance (ce qui ne se traduit pas nécessairement par de l’argent), et un système d’évaluation permanente. Seule façon de faire grandir la confiance entre employeurs et salariés.
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*Les prénoms ont été modifiés.