Complément de revenu avec l’accueil à la ferme

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Complément de revenu avec l’accueil à la ferme

L’agrotourisme suscite beaucoup d’intérêt dans le monde agricole. Ci-dessus, accueil de public à la ferme pédagogique de Champtiaux en Corrèze.

Les vacances et les loisirs de la population peuvent être une source de complément de revenu pour les agriculteurs qui développent l’accueil sur leurs exploitations. Cependant, comme toute autre activité, l’agrotourisme demande du savoir-faire et des moyens à la hauteur du projet.

Le panel d’activités agrotouristiques est large. On pense bien sûr à l’hébergement : gîtes, chambres d’hôtes, campings, hébergements insolites… Mais aussi à la restauration : table d’hôtes, sac de pique-nique, vente de produits fermiers sur l’exploitation. Sans oublier les activités relatives aux loisirs : découverte de la ferme et des savoir-faire, animations ludiques, promenades à cheval etc.

14 000 exploitations pratiquent l’agrotourisme

« Aujourd’hui en France, près de 14 000 exploitations agricoles exercent des activités liées au tourisme », communique sur son site la Chambre d’agriculture de l’Ariège. Cette activité implique une sensibilité particulière à l’accueil du public, petit ou grand. Elle suppose aussi d’être capable de parler d’agriculture en général et de son exploitation en particulier. Pour bénéficier d’appuis et de conseils, des structures spécialisées existent. Coordonné par le service des Chambres d’agriculture, le réseau c Bienvenue à la Ferme » accompagne aujourd’hui les 8 000 agriculteurs en agritourisme et/ou en circuits courts. Citons aussi le réseau « Accueil Paysan » qui promeut un tourisme solidaire.

Savoir où l’on va…

On peut difficilement partir dans cette voie sur un coup de tête. En fonction de la nature du projet et de son dimensionnement, on déterminera les investissements nécessaires, le besoin en main-d’œuvre et en compétences. Au préalable, une petite étude de marché permettra d’évaluer la concurrence existante et la clientèle potentielle en fonction des saisons. La création d’une activité agrotouristique sur son exploitation peut éventuellement s’ajuster avec des prestations proposées par d’autres acteurs locaux déjà en place. Ces complémentarités pouvant constituer des packs complets de prestations, susceptibles de séduire les amateurs de tourisme rural.

Dans le montage financier, la part d’autofinancement consacré au projet contribuera à le crédibiliser auprès du banquier. Le retour d’expérience d’un tiers sera précieux pour vérifier si les chiffres retenus dans le budget prévisionnel sont réalistes : le volume d’activités prévu (nombre de repas, de nuitées, d’entrées…) et les prix de vente proposés. Il conviendra aussi de calculer le coût de revient et le seuil de rentabilité des prestations.

Pour que votre activité puisse trouver l’écho nécessaire, il sera peut-être utile aussi de lancer des actions de promotion, en plus du traditionnel bouche-à-oreille…

Des seuils pour rester dans l’activité agricole

Des limites existent, pour garder le statut d’exploitation agricole. D’abord, l’agriculteur doit commercialiser les produits issus de son exploitation. Soit des produits bruts soit des produits transformés. A contrario, la revente de marchandise provenant de l’extérieur peut entraîner une requalification en activité commerciale. Dans une ferme-auberge, il est exigé que 51 % au moins des matières premières utilisées soient issues de l’exploitation. Du point de vue fiscal, les activités de tourisme à la ferme cessent d’être classées en bénéfice agricole si le CA dépasse 50 % des recettes tirées de l’exploitation agricole, et 100 000 €, selon les notaires.

L’agrotourisme : un secteur porteur

Pour Isabelle Perry, référente agrotourisme, circuits courts et diversification aux Chambres d’agriculture de France, et élue à la Chambre des Vosges, l’agrotourisme est porteur. « Cela concerne, pour une proportion importante, des conjointes d’agriculteurs qui souvent ont rejoint l’exploitation et ont développé cette activité pour constituer un complément de revenu. »

L’offre « Vivez Fermier » proposée par le réseau « Bienvenue à la Ferme », qui vise à développer l’activité des fermes adhérentes, génère un CA moyen de 40 428 € par exploitation. « En Bretagne, pour l’activité vacances d’enfants du réseau, le tarif moyen proposé est de 55 € par jour et par enfant et 120 € sur les temps de week-end », cite ainsi le réseau.

Quant aux investissements, ils sont très liés au type de projet. Pour la mise en place d’activités autour des vacances d’enfants (fermes découverte ou pédagogique) les investissements initiaux sont peu élevés. « Ce seront d’abord les visites qui représentent le poste de dépenses le plus important. En moyenne, la main-d’œuvre des fermes découverte ou pédagogique de Bourgogne est composée de 1,02 UTH exploitant et 2,25 UTH salariés à mi-temps. »

Gourmand en temps

L’agrotourisme demande en effet du temps, confirme Isabelle Perry, qui gère elle-même un gîte rural. « Une exploitation avec trois gîtes de quatre personnes et un gîte de huit personnes, atteignant un taux de remplissage supérieur à 70 % (35 à 40 semaines/an) avec Gîtes de France, va nécessiter la présence du chef d’exploitation à raison de 20,5 à 24h/sem, la salariée permanente de l’exploitation (8 h/sem) et une salariée temporaire de 4 à 5 h le samedi à partir de trois à quatre gîtes renouvelés », indique à titre d’exemple, Bienvenue à la Ferme.

L’agrotourisme présente aussi des exigences particulières qui incombent à toutes les structures qui accueillent du public : le respect des normes sanitaires et des règles de sécurité. S’il existe peu d’arrêts d’activités, en revanche, la pérennité de l’agrotourisme se pose lorsque les exploitants cèdent leurs exploitations. « Il arrive que les repreneurs ne soient pas toujours intéressés pour reprendre cette activité », observe Isabelle Perry.

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