En général, ce ne sont pas les viticulteurs qui prennent la décision de se lancer dans la certification HVE. «C’est une volonté de la coopérative dont l’objectif est d’avoir 100% d’exploitations certifiées HVE» explique André Fabre, président de la cuma les Ollières à Monfort-sur-Argens. «Mais c’est un passage obligé, un premier pas dans le sens de l’avenir de notre métier au niveau social et bien sûr économique.»
Certification HVE: préservation de la biodiversité avant tout
L’agriculture HVE est une certification des exploitations qui s’engagent dans des démarches respectueuses de l’environnement. «Mais ce n’est pas forcément une porte pour se diriger vers l’agriculture biologique. La certification HVE est basée sur la préservation de la biodiversité. Comme les haies ou arbres qui ne doivent pas être supprimés. Ce qui n’est pas, par contre, interdit en bio.» «Il y a bien sûr aussi un travail sur la stratégie phytosanitaire et la gestion de la fertilisation» explique André Bonnet, le président de la cuma du Moulin. «Le but est d’aller vers une réduction des intrants.»
Pour les exploitations, c’est une nouvelle façon de travailler. «On se dirige vers la suppression des herbicides. Nombreux sont ceux qui sont déjà passés au désherbage mécanique. C’est aussi un label permettant une reconnaissance par les consommateurs du travail effectué.»
Les évolutions dans les cuma
Mais difficile pourtant de se projeter vers l’avenir. Les différents adhérents reconnaissent pourtant que la période est plutôt bonne pour la viticulture. Pour Gérald Fabre, «nous sommes très tributaires des marchés, notamment à l’export, et aussi des normes et des lois qui changent régulièrement. Je pense que les prochains changements viendront plus des volontés de nos concitoyens que des évolutions techniques souhaitées par les viticulteurs. Il faudra aussi arriver à recadrer ceux qui ne respectent pas les normes. Ils ne sont certes pas nombreux. Mais ils donnent cependant une mauvaise image à une profession qui s’engage largement vers de nouvelles pratiques. Il nous faut aussi apprendre à mieux communiquer et expliquer ce qu’on fait.»
Pour les deux cuma, dont le matériel est principalement axé sur les vendanges, la certification HVE ne va pas avoir d’incidence sur l’organisation. Par contre, d’autres évolutions sont à venir. «Aujourd’hui, il est difficile de trouver de la main d’œuvre» constate André Fabre. «Avec le groupement d’employeurs, qui est maintenant dans les statuts de notre cuma, il est possible d’imaginer employer une équipe par exemple pour la taille via le GE et la faire travailler chez les adhérents de la cuma. Cela permettrait une fidélisation de la main d’œuvre et un travail administratif réduit.»
Pour André Bonnet, «l’évolution va peut-être concerner les pulvérisateurs avec les distances à respecter et la limitation de la dérive. On se dirige vers de nouvelles normes qui vont être de plus en plus sévères. Mais aussi vers de nouveaux matériels qui seront de plus en plus perfectionnés. Ils seront donc plus chers et ce sera difficile pour une petite exploitation d’investir en individuel. La cuma aura donc peut-être un rôle à jouer.»
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Provence-Alpes-Côte d’Azur – décembre 2019.
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