Sur leur exploitation de type polyculture-élevage en Saône-et-Loire, Anthony Decerle et son père Christian Decerle (également président de la chambre d’agriculture régionale) ont réalisé deux études mécagest en 2013 et 2018. «La première étude a permis d’établir un état des lieux», explique Christian Decerle. «Tandis que la seconde a validé les décisions prises à la suite de la première.»
L’enjeu de cette démarche était la gestion du parc matériel vieillissant de l’exploitation. «Nous avions 3 tracteurs et une désileuse-distributrice avec beaucoup d’heures», précise Anthony Decerle. «Les tracteurs commençaient à déclencher des frais d’entretien et de réparation importants. Nous voulions être sûrs de prendre la bonne décision.»
«Ne plus prendre de décision au doigt mouillé»
Dans son fonctionnement, l’enquête mécagest répartit le matériel en 6 postes: carburant, traction, travail du sol, semis-fertilisation-traitement, transport-manutention-épandage-entretien et récolte. «Cette étude a évalué ce que pouvait se permettre l’exploitation en terme d’annuité. Nous avons ainsi décidé de remplacer les 3 tracteurs par 2 modèles d’occasion plus récents. La désileuse-distributrice a laissé sa place à une machine neuve, la première de l’exploitation.»
Les chiffres prouvent aujourd’hui que cette décision était la bonne. Les 7000 € d’annuités supplémentaires liés à l’achat des tracteurs sont déjà compensés (au bout de 3 trimestres) par la réduction des frais annuels de réparation. «Mécagest permet d’être sûr de ne pas prendre de risque dans sa stratégie d’équipement», insiste Christian Decerle. «Et il y a aussi ce qui est moins facilement mesurable, comme le confort de travailler avec du matériel récent plus performant.»
850 euros HT
Réaliser une étude mécagest coûte 850 € HT. Un coût jugé raisonnable par Christian et Anthony Decerle, au regard de ce qu’elle apporte. «Si l’on prend l’exemple du transport et de la manutention, notre exploitation affichait un coût de 68 €/ha, face à une référence régionale de 27 €/ha», explique Anthony Decerle. Historiquement, l’exploitation faisait majoritairement appel à une ETA pour l’épandage des fumiers. «Avec le mécagest, nous avons optimisé notre stratégie entre matériel en propriété, matériel en cuma et prestation par une Eta. Désormais, nous gérons nous-mêmes ces chantiers avec l’épandeur de la cuma la Guichoise. Nous devrions ainsi abaisser notre coût d’au moins 20 €/ha (environ 4000 € au total).»
D’une manière générale, dans le contexte socio-économique agricole actuel, «il est important de réaliser des audits d’exploitation pour prendre les bonnes décisions en se basant sur des paramètres objectifs», explique Christian Decerle. Les facilités d’accès au financement peuvent rapidement faire glisser vers le surendettement. «Aujourd’hui, les décisions comme la stratégie de mécanisation ne peuvent plus se faire au doigt mouillé.» Il y a aujourd’hui des outils performants mis en avant par Cuma Bourgogne Franche-Comté et le conseil régional, il ne faut pas avoir peur de les utiliser. Pour Christian Decerle et son fils, l’objectif sera de réaliser un mécagest tous les 5 à 6 ans.