8 millions de français en insécurité alimentaire, 18% des agriculteurs dans la panade!

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8 millions de français en insécurité alimentaire, 18% des agriculteurs dans la panade!

Pour les quatre organisations signataires, le système actuel n'est pas à la hauteur des enjeux de rémunération des agriculteurs, de protection de l’environnement et de santé publique.

Selon le Secours catholique, les Civam, Solidarité paysans et la Fédération française des diabétiques, notre système agricole et alimentaire est à revoir. Il ne répond pas aux besoins de rémunération des agriculteurs, de préservation de l’environnement et d’accès à une alimentation de qualité.

Les auteurs du rapport collectif intitulé  « L’injuste prix de notre alimentation – quels coûts pour la société et la planète ? » déplorent les nombreux dysfonctionnements qui entachent le système agricole et alimentaire actuel.

6,90 % des achats alimentaires perçus par les producteurs

Pour étayer leur analyse, ils s’appuient sur quelques chiffres marquants :

  • Pour 100 € d’achats alimentaires, seuls 6,90 € sont perçus par les producteurs français. En 1995, c’était 12 €.
  • En 15 ans, on dénombre 30 % d’oiseaux des champs en moins.
  • On constate une explosion du nombre de personnes diabétiques : +160 % en 20 ans.

Le Secours catholique, le réseau Civam, Solidarité paysans et la Fédération française des diabétiques dénoncent le système actuel. Et ils invitent la population à s’emparer de ces questions. Elles en font un principe démocratique. Les quatre organisations plaident pour revoir dans son intégralité un contrat social aujourd’hui caduque. A la fois en termes d’accessibilité sociale, de durabilité de notre alimentation et de juste rémunération des producteurs.

Aide alimentaire: 2 millions de bénéficiaires

« Aujourd’hui, 2 millions de français sont obligés de recourir à l’aide alimentaire, selon l’Anses et l’Insee », lit-on dans ce rapport. Des difficultés rendues encore plus aiguës avec l’inflation.

Pour beaucoup de ménages, l’alimentation est devenue la variable d’ajustement. En juin 2023, 47 % des ménages déclaraient avoir modifié leurs habitudes alimentaires pour cette raison. Des choix qui se font parfois au détriment de la santé humaine, d’après les données de l’Assurance maladie et de l’Inserm. Les pathologies liées à l’alimentation prennent un tournant épidémique, provoquant maladies cardiovasculaires, surpoids et obésité.

Deux fois plus de suicides chez les agris

Côté producteurs, on souffre aussi. 18% des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté, selon l’Insee. On compte deux fois plus de risques de suicide chez les agriculteurs que pour le reste de la population. Les auteurs pointent aussi les atteintes portées au milieu : « 40 points de collecte d’eau potable fermés chaque année en moyenne en France, à cause de nitrates et pesticides mesurés en trop grande quantité. » Ces externalités négatives induisent des coûts indirects que les quatre organisations estiment à 19 Mds€. Soit 12,3 Mds d’impact pour la santé, 3,4 Mds d’impacts sociaux, 3,4 Mds€ d’impact écologique.

Le rapport invite à repenser en profondeur l’organisation actuelle et la façon dont elle est soutenue par les pouvoirs publics. Les pistes de réforme esquissées bousculent la répartition actuelle des soutiens financiers au système agricole et alimentaire, évalués à 48 Mds€. Il s’agit pour les quatre organisations de revoir l’allocation des différentes subventions et exonérations fiscales et sociales.

Réguler la pub

Le rapport présente 30 propositions pour « garantir un accès équitable à une nourriture de qualité, tout en assurant un revenu décent pour les agriculteurs et en respectant les limites planétaires. »

Citons :

  • Massifier la transition agroécologique, en soutenant les agriculteurs qui s’engagent dans cette voie et en garantissant la transparence des prix à tous les échelons, jusqu’au consommateur.
  • Réguler la publicité sur l’alimentation, en particulier à destination des enfants en réponse à la catastrophe sanitaire.
  • Revaloriser les bas salaires et minima sociaux pour accéder à une alimentation de qualité.
  • Conditionner l’import de produits alimentaires au respect des normes environnementales, sanitaires et sociales de l’UE.

Ces changements risquent cependant d’être difficiles à mettre en œuvre au regard des différents lobbies en place, des faibles marges de manœuvre budgétaires et de la libre circulation des produits agricoles et alimentaires à l’échelle européenne, et pour partie à l’échelle mondiale.

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