La journée fédérative du 19 décembre mobilisait 160 représentants des cuma d’Ille-et-Vilaine et des Côtes-d’Armor. Sur ce territoire, où tout de même quatre cuma sont nées sur l’année, la question de la dynamique de renouvellement générationnel se pose. Comment attirer les jeunes ? Comme partout. Au-delà de l’effectif des chefs d’exploitation qui a chuté de manière vertigineuse sur la dernière décennie, ou de leur âge moyen qui augmente, Sonia Lebras animatrice emploi de la fédération des cuma de Bretagne pointe que la profession évolue.
Plus de 15 % des agriculteurs sont doubles actifs
En 2021 par rapport à 2011, la proportion des exploitations entre 10 et 100 ha a largement diminué, au profit de la part des plus grandes, mais aussi de celle des très petites structures.
« Le nombre de conjoints et d’aides familiaux sur les exploitations est plus que divisé par 2 […] Plus de 15 % des agriculteurs sont doubles actifs », liste par exemple la conseillère en introduisant la séquence de témoignages dévolue à de jeunes administrateurs de cuma. Ces derniers attestent que le modèle cuma reste une source de solutions pour les exploitations agricoles.
En titre du temps fort se pose une question. « Comment dynamiser la cuma et attirer les jeunes ? »
La cuma attire les nouveaux agriculteurs qui se retrouvent dans ses projets
Malo Letonturier, un jeune arboriculteur de Créhen (22) et président de cuma, répond : « Il faut aller les rencontrer. Voir quel est leur besoin. » Pour évaluer si la cuma peut y répondre et comment. Son incitation est en même temps la démarche qui a relancé sa cuma. Promise un temps à la dissolution, celle-ci étend son dynamisme sur un territoire d’une trentaine de kilomètres d’envergure. Le président poursuit : « Aucune de nos machines ne va chez l’intégralité des adhérents. » Chacune répond en effet aux besoins particuliers, et parfois hétérogènes, de petits groupes. Le Dynadrive, un matériel emblématique du renouveau de la coopérative, en donne l’exemple.
Si certains l’utilisent en outil de travail du sol ou de destruction de prairies, « il m’intéressait aussi pour la destruction des intercultures », confirme Thomas Dubois. L’éleveur de porcs en système biologique depuis 2021 fait donc partie des nouveaux adhérents qui ont trouvé leur intérêt dans les projets et les offres de la cuma des Vergers d’Armor. Parmi eux, les producteurs en vente directe sont largement majoritaires. « Nous avons un brasseur, un éleveur bovin, un éleveurs de porcs, un fromager, deux paysans boulangers… liste le président. Il y a toujours moyen de se faire un bon repas lors des réunions de cuma. »
La rigueur du service sert énormément l’attractivité de la cuma
L’animatrice confirme et interroge : « L’échange, la convivialité, la communication ? Est-ce la clef, pour que ça marche ? » Jean-Bernard Esnault rebondit. Lui, est président de la cuma Rance Arguenon depuis peu. Ce poste, il l’a accepté en posant la condition de ne pas être seul à prendre la relève. Il se montre plutôt satisfait du fonctionnement. « Les gars ont joué le jeu, en prenant la responsabilité de matériels, notamment. » Pour autant, il constate la difficulté « d’avoir tout le monde aux réunions (mais il faut insister) », et ne cache pas l’importance de l’engagement nécessaire pour que le groupe vive. « Il ne faut pas hésiter à mettre en place des actions, comme une fête des Rois, ou un repas de fin des ensilages. Ce sont des choses qu’on pratique à la cuma et cela rapproche les gens. »
Malo Letonturier complète et nuance. La communication est effectivement un paramètre qui a joué un rôle prépondérant dans le renouveau de sa coopérative. Pour autant, « ayant commencé dans une cuma où le matériel était vétuste, je peux témoigner que ça ne fait pas tout. » Jean-Bernard Esnault conforte : « Il faut être rigoureux. Ce matériel de cuma, que nous ne pourrions pas avoir tout seul, il faut y faire attention ! Et ça se fait avec une bonne entente. » Tout est lié.
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