Suzanne Coll, contributrice au magazine numérique indépendant TakePart, rapporte le cas de deux groupes d’agriculteurs indiens dans son article «WhatsApp change la manière dont les Indiens achètent et produisent la nourriture».
WhatsApp , au fait, c’est quoi ? Une plate-forme gratuite de messagerie instantanée tous supports (texte, audio, photo, vidéo) pour les smartphones, qui ne passe pas par les forfaits téléphoniques.
Vendre
La journaliste relate le travail de Santhosh Kittur et Abhijit Kamath, deux producteurs de bananes que leur intérêt pour les pratiques de maraîchage «à l’ancienne» a amené à cultiver ensemble leurs bords de parcelles adjacents, pour faire pousser des légumes.
Pour vendre leur récolte en commun, ils décident d’utiliser le marketing direct et créent un groupe de consommateurs WattsApp. Ces derniers sont informés des produits disponibles, photos à l’appui. S’ils se manifestent, ils sont prioritaires par rapport aux autres clients.
Créé en août, le groupe compte aujourd’hui 80 acheteurs et les deux créateurs y trouvent leur compte, financièrement parlant.
S’impliquer
Autre initiative : celle d’Anil Bandawane, relatée sur le site «The Better India». Il a fondé le groupe Facebook Baliraja, dont la centaine de membres est aujourd’hui rassemblée au sein d’un groupe WhatsApp. Il s’agit tout simplement d’un groupe de développement, qui travaille sur la fertilisation, l’usage des phytos, la gestion du climat ou encore les questions de stockage. Aux questions des membres, un petit panel d’experts répond et chacun partage ses expériences.
La phase technique est déjà dépassée puisque ce groupe, rapporte Suzanne Coll, a permis à cinq veuves de recréer des revenus pour leurs familles, à travers des initiatives de financement au sein du groupe (une forme de «crowdfunding», de financement par le groupe).
Ces collectifs constituent également un levier de choix pour les ONG, telle Hope, qui travaille avec Balijara : l’organisation a construit une petite unité de stockage pour trois villages.
Peser dans le débat
Les administrations agricoles commencent à y voir un intérêt également, tel ce bureau agricole local au Punjab qui, faute de moyens humains suffisants, commence à utiliser WhattsApp pour distiller ses conseils agricoles (relaté dans cet article de l’Indian Express), avec les mêmes effets que pour le groupe Balijara : une amélioration des pratiques, une implication de plus en plus forte et la prise de conscience des agriculteurs qu’ils peuvent faire des choix et peser.
Prolongement naturel de ce mouvement: Suzanne Coll note qu’aujourd’hui, «le groupe Balijara amplifie la voix de ses membres pour attirer l’attention au plus haut niveau politique, soulignant aux yeux du premier ministre et du ministre du Maharashtra, l’importance que revêtent des sujets tels que l’assurance récolte, la sécurité foncière, la formation des agriculteurs et l’importance d’un meilleur soutien à la production agricole».
Ces initiatives, aujourd’hui isolées, ne devraient pas le rester. La facilité d’usage de WhatsApp, sa gratuité, et les bénéfices qu’en tirent ces agriculteurs indiens, vont sans aucun doute rendre ses utilisations exponentielles. Au-delà de l’aspect technique, elle peuvent permettre de redonner un peu de pouvoir aux agriculteurs qui s’en saisissent.