Dans les cuma, les chantiers d’épandage de lisier sont encore très majoritairement réalisés par des équipages comprenant un tracteur et une tonne. La cuma Biolys (Maine-et-Loire) se lance sur un schéma vu jusque-là uniquement dans le Sud-Ouest, avec un automoteur ravitaillé par deux tonnes ou plus. Cette cuma a été créée par les membres de deux SAS dédiées à la méthanisation, Méthalys et Bioénergie Vihiers. Elle a pour objet principal l’épandage du digestat produit par les deux structures collectives. Sur chaque site, le produit est d’abord traité dans un séparateur de phases. La partie solide est épandue avec un appareil à table d’épandage (Pérard Optium).
Pour découvrir cette machine en fonctionnement rendez-vous le 14 juin à MECAELEVAGE 2018, dans le Maine-et-Loire, à proximité de Cholet.
La partie liquide est quant à elle stockée sur place ou évacuée vers des poches situées au plus près des parcelles, afin de réduire les temps d’approche le moment venu. Pour ces transferts, les SAS possèdent en commun un camion-citerne, qui sert principalement à la collecte des lisiers chez les éleveurs. Mais il ne serait pas adapté à faire les navettes vers les parcelle. Les chantiers d’épandage s’organisent donc au départ de ces différents lieux de stockage répartis dans un rayon de quelques kilomètres.
Choix agronomique
« Nous avons choisi un automoteur pour des raisons agronomiques, explique Michel Perdrieau, le président de la cuma. Le digestat est riche en azote ammoniacal, qui demande à être enfoui pour éviter son évaporation. Pour préserver cette valeur fertilisante, il nous fallait donc un enfouisseur, et de la puissance pour le tirer ». Avec presque 700 ch, le Vredo 21000 V emmène allègrement les 21 m3 de lisier et les 9,30 m de doubles disques, sur le plat comme en montée, et peut avancer jusqu’à 20 km/h. Il est porté par quatre roues dotées du télégonflage, et pouvant se mettre en crabe pour répartir les contraintes sur le sol. Seule limite : il faut au moins 1,5 bar dans les roues vu son poids élevé. Montant de l’investissement : 680 000 € sans les enfouisseurs. « Mais pour être efficace, un tel matériel doit rester dans la parcelle. Nous avons fait appel à des prestataires équipés de tonnes à lisier pour assurer le transport. Il en faut deux, voire trois selon la distance, pour que personne n’attende. En bonnes conditions, nous sommes déjà montés à des débits de chantier de 130 mètres cubes à l’heure ». Par contre, il est arrivé à la cuma de faire des chantiers avec l’automoteur en solo; dans ce cas, sa productivité est divisée par trois.
Un planning hebdomadaire
Comme on peut s’y attendre sur ce type d’automoteur, un DPA et un autoguidage assistent le chauffeur. Les chantiers sont organisés sur une base hebdomadaire. « Les adhérents ont jusqu’au jeudi minuit pour faire part de leurs demandes, précise Michel Perdrieau. Le vendredi matin, nous nous réunissons, plusieurs responsables et notre chef d’équipe Joseph Ortner, et nous préparons la semaine, avec deux impératifs : satisfaire les adhérents des deux unités de méthanisation, tout en réduisant les déplacements inutiles ». Joseph Ortner dirige ensuite la manœuvre : « Nous utilisons la plateforme myJohnDeere. Les adhérents ont un compte et ont rentré chacun leurs parcelles dessus, soit environ 7000 ha au total. J’ai de mon côté une vue d’ensemble qui me permet d’organiser les tournées. Je crée des fiches de chantier, pour l’épandeur à lisier comme pour l’épandeur de solide. Les chauffeurs y accèdent via un smartphone ».
Depuis son bureau, il peut suivre les mouvements des engins et l’avancement du travail. Avec ce système, les coups de téléphone sont réduits au maximum, et personne ne s’est jusque-là trompé de parcelle. Les adhérents ont simplement besoin d’indiquer aux chauffeurs où est l’entrée de la parcelle. Ces derniers notent les volumes épandus sur l’application, car les systèmes électroniques matériels ne sont pas suffisamment compatibles pour que cela soit automatique.
Bilan en attente
L’activité de la cuma a commencé fin 2017, et il est encore trop tôt pour tirer un bilan chiffré. Le début de saison 2018 a par ailleurs été difficile en raison des conditions climatiques. Michel Perdrieau pense arriver à un coût d’épandage de 4,50 €/m3, répartis en 2,50 € pour le transport et 2 € pour l’épandage proprement dit. Le volume à épandre annuellement avoisine 100 000 m3. Plus de détails sur cette cuma innovante à la journée MécaElevage 2018, le 14 juin près de Cholet.
En complément :
- un autre chantier de cuma avec automoteur dans le Sud-Ouest.
- un débat sur le thème des chantiers d’épandage de lisier et des limites du système actuel gros tracteur et grosse tonne.
- un équipement original : la cuma de l’Or Noir a investi dans une cuve à lisier frontale.