1/ Sécurité des exploitations : le réflexe gendarmerie
4 800 gendarmes spécialisés
Très dispersées géographiquement et occupant l’ensemble du territoire, les exploitations agricoles sont difficiles à sécuriser. « La gendarmerie dispose de plusieurs acteurs qui peuvent aider les agriculteurs à prendre des dispositions pour lutter contre les atteintes aux biens », rappelle Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie. « Sur l’ensemble du territoire, près de 4 800 gendarmes spécialisés sont là pour conseiller les entreprises, dont les exploitations agricoles. » En effet, 88 % des communes rurales sont en zone gendarmerie, ce qui représente près de 400 000 exploitations.
Un coaching avec les forces de l’ordre pour sécuriser son exploitation
Dans les différentes brigades de gendarmerie, des personnels sont formés comme correspondants de sûreté pour les entreprises, commerces et exploitations agricoles. Ils peuvent être sollicités pour des conseils simples concernant la prévention contre les vols de matériels agricoles. Mais il est aussi possible de réaliser un véritable audit complet, dans le but de mieux sécuriser son exploitation, avec les référents sûreté de la gendarmerie.
Ils sont au nombre de 300 répartis sur tout le territoire national. Pour bénéficier de ce service, qui est gratuit, il faut se rapprocher de sa brigade locale. « Il y a beaucoup de sollicitations pour l’intervention des référents sûreté. Les demandes sont toujours prises en compte, mais il faut parfois faire preuve de patience », reconnaît la porte-parole de la gendarmerie. Au terme de cet audit, un document de synthèse est remis à l’agriculteur.
Multiplier les obstacles pour ralentir les vols de matériels agricoles
Dans près de 30 % des cas, les vols de matériels agricoles sont commis dans des locaux ouverts ou fermés, mais non verrouillés.
« L’ennemi du cambrioleur est le temps. L’objectif doit être de ralentir son action en multipliant les obstacles. » Le premier commence dès l’accès principal. Installer un portail peut sembler anodin, mais fermé à clé, il représente le premier obstacle que rencontrera une personne mal intentionnée. L’obscurité est toujours l’alliée des cambrioleurs. L’installation de plusieurs spots lumineux reliés à des détecteurs de mouvement est aussi un bon moyen de dissuasion.
La mise en place d’un système de vidéosurveillance peut aussi être dissuasive et en cas de vol utile aux enquêteurs. Pourtant, certaines règles sont à respecter. Les caméras ne doivent filmer que du terrain privé. Aussi, la présence d’une pancarte indiquant que le lieu est sous vidéosurveillance, en plus d’être dissuasif, est obligatoire.
Une liste des matériels à jour
Après un vol, la gendarmerie demande une liste des objets disparus pour alimenter une base de référence nationale. Dans près de la moitié des cas, il a été remarqué que les plaignants ne sont pas en mesure d’indiquer les marques et numéros de série des matériels dérobés. En cas d’arrestation des cambrioleurs, les forces de l’ordre sont souvent dans l’incapacité de restituer les objets retrouvés.
Aussi, si on explique à un gendarme que l’enrubanneuse a été volée, il ne va pas forcément voir de quoi il s’agit. Pourtant, une solution existe. Elle consiste à se constituer un dossier listant le matériel présent, en y joignant photos et factures. Un dossier à mettre à jour au fur et à mesure des investissements et qui sera aussi utile pour les assurances.
Le marquage des petits outils par gravure est un plus.
Systématiser le dépôt de plainte
Souvent, pour les vols de petits matériels, les agriculteurs jugent inutile le fait de porter plainte. Pourtant, « cela peut être de la délinquance itinérante qui est en train de faire le tour des exploitations du secteur. Si personne ne le signale, la gendarmerie ne peut pas connaître le phénomène et prendre des dispositions », rappelle la porte-parole de la gendarmerie.
Des moyens pour faciliter la démarche ont été mis en œuvre, permettant aussi de gagner du temps. Il est ainsi possible d’effectuer une pré-plainte via internet. Ensuite, un rendez-vous à la brigade de gendarmerie est nécessaire pour signer cette plainte.
Ne pas intervenir
On a tous entendu cette réflexion : « S’ils reviennent, je sors le fusil. »
« Aucun matériel ne mérite de se retrouver dans cette situation, qui peut être dramatique. Dans la loi, ce n’est pas parce qu’on est volé, qu’on est légitime pour tirer sur quelqu’un », prévient la porte-parole de la gendarmerie. « De victime, on va passer de l’autre côté et se retrouver devant les tribunaux. Réagir soi-même, c’est aggraver la situation. »
En revanche, appeler le 17 doit être un réflexe. Même la nuit, des gendarmes sont en patrouille et peuvent intervenir. « Récolter des informations est aussi très important. Repérer le type de véhicule, le nombre de personnes, le type de vêtements, même la coupe de cheveux, peut être un détail important lors de l’enquête. »
2/ Cyber sécurité : l’agriculture aussi concernée
Le monde agricole dans son ensemble n’est pas épargné par la cyber criminalité. Les constructeurs de matériels, l’industrie agroalimentaire font déjà l’objet d’attaques. Dans ce contexte, les exploitations agricoles sont aussi concernées.
Le constructeur de matériels agricoles AGCO, l’entreprise Lactalis, des chambres d’agriculture, des coopératives comme la Scara dans l’Aube, ou plus récemment la cave coopérative Vinovalie dans le Sud-Ouest, ont tous été victimes de hackeurs. À la clé, le blocage de l’informatique de l’entreprise, assorti d’une demande de rançon pour retrouver un fonctionnement normal.
Quels risques pour une exploitation agricole ?
Les services de renseignements américains avaient déjà lancé l’alerte pour le secteur de la production agricole. Leur analyse montrait qu’il était tout à fait possible de pirater une exploitation agricole. À la clé par exemple, la paralysie de la gestion de la température dans les élevages hors-sol, le dérèglement de la programmation de l’irrigation, ou la mise hors service des robots de traite.
Une attaque de ce genre a été subie par un éleveur au Royaume-Uni. Le réseau informatique de son robot de traite a été mis hors service après qu’il a cliqué sur un lien malveillant reçu dans un mail. La possibilité de pirater les tracteurs et leurs GPS existe aussi. Une cyber-attaque pourrait ainsi les rendre inopérants.
Les agriculteurs sont aussi des cibles
Les agriculteurs n’ont généralement pas l’impression d’être des cibles, pourtant, dans le numérique, les frontières n’existent pas. Ce qui est arrivé à l’éleveur au Royaume-Uni peut très bien se passer sur notre territoire. Pour cela, différents services, dont la gendarmerie, essayent de sensibiliser les agriculteurs. Dans les recommandations simples, faire régulièrement les mises à jour des logiciels, mettre en place des mots de passe robustes, sauvegarder ses données sur un disque dur externe. Quelques mesures essentielles pour assurer sa cybersécurité sont aussi à retrouver sur le site cybermalveillance.gouv.fr.
Surveiller aussi la communication
Plus éloignée de la cyber sécurité, la communication est aussi à surveiller. Un agriculteur faisant de la vente directe à la ferme a annoncé sur son site qu’il serait fermé durant 15 jours, en expliquant que c’était pour lui la période de vacances. Résultat : une exploitation cambriolée avec la disparition de matériels. Prudence aussi sur les réseaux sociaux. Partager le fait d’être en vacances loin de chez soi, c’est aussi s’exposer à des risques de voir son exploitation visitée.
3/ Des vols de matériels agricoles qui stoppent le développement de la cuma
Dans la Drôme, la cuma d’Auriples la Répara avait fait de la construction de son bâtiment un axe de développement. L’intention était bien sûr de rassembler tout le matériel dans un même endroit. Il y avait aussi le projet, à terme, de développer un atelier dans la partie fermée du bâtiment.
Mais cette partie sert aujourd’hui uniquement pour le stockage de la moissonneuse-batteuse, du tracteur et de la cuve de GNR. « Ce qui a stoppé le développement de ce projet, ce sont les multiples effractions. Nous nous sommes fait fracturer la porte plusieurs fois, et voler du GNR. C’est une problématique qui est malheureusement en hausse », reconnaît Jean-Charles Jouve, président de la cuma. Mettre en place des protections, comme une alarme ? « Mais qui va y aller quand elle se déclenchera ? Le bâtiment est éloigné des habitations. Nous n’avons pas trouvé de solution. » Une situation un peu handicapante, car il n’y a toujours pas d’atelier. « Quand nous organisons une journée entretien, nous amenons chacun nos outils. Ce problème de vols à répétition entrave notre développement. »
4/ Assurance contre le vol : des règles à respecter
L’assurance multirisques agricoles inclut généralement une garantie contre les vols de matériels agricoles. Toutefois, cette dernière demande parfois de mettre en place certains moyens de prévention pour être activée. Pour cela il faut bien lire le contrat, et respecter les différentes mesures permettant d’être indemnisé en cas de vol. Il peut s’agir de l’installation d’un portail, d’une porte blindée à l’entrée de l’atelier, ou de barreaux installés aux fenêtres. Mais il peut aussi s’agir de l’installation d’un système d’alarme. Dans ce cas, vérifier qu’il est reconnu par votre assurance.
Pour les locaux enregistrés dans le contrat comme devant être fermés, il faut généralement qu’il y ait eu effraction pour faire jouer la garantie. Le vol de gros matériels dans un hangar non fermé est généralement couvert. En revanche, dans certains contrats demandant l’installation d’un portail, ce dernier devra avoir été forcé.
Différents types d’indemnisation
Lors d’un vol, la première étape est de porter plainte, car l’assureur en demandera une copie. Le dépôt de plainte doit en général être réalisé dans les deux jours suivant les faits. Pour pouvoir être indemnisé, il faudra aussi fournir une liste détaillée des objets dérobés avec une facture comme preuve d’achat.
Selon les termes du contrat, l’indemnisation suite à un vol peut être basée sur la valeur à neuf ou la valeur de remplacement. Pour la valeur à neuf, aucune dépréciation du matériel n’est prise en compte. Pour la valeur de remplacement, l’indemnisation correspondra à la valeur vénale du matériel au moment du vol. Un choix qui peut être fait indépendamment pour chaque matériel, mais le montant de la prime n’est pas le même.
À la garantie vol s’ajoutent généralement des franchises. Bien vérifier les montants, qui peuvent ne pas être négligeables. Des montants qui poussent certains à ne pas avertir l’assurance en cas de vol pour ne pas voir la prime augmenter, ou par peur d’une résiliation du contrat en cas d’une multiplication des sinistres.
5/ GPS : un équipement très convoité
Pas une semaine sans entendre parler d’un vol de système de guidage GPS. Ces vols touchent souvent les entrepreneurs, ou directement les concessionnaires qui détiennent généralement plusieurs exemplaires. Mais les exploitations sont aussi concernées.
Pour la gendarmerie, le vol de GPS est généralement le fait de bandes organisées, dont le butin part rapidement à l’étranger. Même si certains tracteurs sont équipés d’antennes intégrées dans le toit, le choix des agriculteurs se porte généralement sur des systèmes facilement déplaçables, pouvant équiper différents tracteurs ainsi que la moissonneuse-batteuse. Un moyen de mieux rentabiliser l’investissement. Les différents systèmes mis en place pour bloquer le fonctionnement des GPS, une fois déclarés volés, ne sont pas efficaces. Les voleurs ne vont en effet pas ramener le GPS sous prétexte qu’il ne fonctionne pas. Le seul moyen semble être le démontage de l’antenne et de la console. S’il faut moins d’une minute pour un voleur pour dérober un GPS, il faut le même temps pour le démonter. De plus, un GPS à l’abri, non soumis à l’humidité ou aux variations de températures, aura certainement une plus longue durée de vie.
Un point de vigilance aussi sur les assurances. Pour certaines assurances, un GPS qui est compris dans l’achat d’un tracteur est couvert par le contrat du tracteur. En revanche, quand le système de guidage est acheté a posteriori, il nécessite souvent un contrat d’assurance spécifique. Bien se renseigner auprès de son assureur.
6/ Vol de GNR : pas de parade miracle
Les vols de GNR ne faiblissent pas, compte tenu de son prix toujours élevé. Certaines mesures permettent de limiter les risques de vol de GNR, mais pas de les supprimer.
Avec un prix de 1,30 €/l, le GNR reste une marchandise prisée par la délinquance, car facile à revendre sur les marchés parallèles. Sur les exploitations, le plus facile à protéger reste la cuve. Dans le cas d’une nouvelle installation, privilégier une cuve enterrée, qui sera plus difficilement accessible. Sinon, la placer dans un hangar fermé. Aussi, sécuriser la pompe de remplissage en installant un interrupteur caché. La parade qui semble la plus efficace est la jauge connectée. Cette dernière peut être programmée pour détecter par exemple une baisse de niveau durant la nuit. L’alerte est donnée par SMS.
Les conseils généralement donnés sont de ne pas remplir les réservoirs des automoteurs le soir. Durant un temps, l’installation d’une crépine verrouillée à l’entrée du réservoir était préconisée. Une solution plutôt contre-productive. Les voleurs percent alors le réservoir, généralement en plastique, pour dérober le GNR. En plus du vol de carburant, il faudra réparer ou remplacer le réservoir. Vivement le tout électrique pour supprimer ce problème…
7/ Comment choisir son traceur GPS pour prévenir les vols de matériels agricoles ?
L’offre de traceur GPS est pléthorique. C’est aussi un petit outil de plus en plus populaire, qui permet généralement de retrouver des matériels volés. Des constructeurs comme JCB le proposent de série, mais il est possible de l’installer soi-même. Mais comment faire le bon choix ?
Le traceur peut être soit intégré, soit mobile. Dans le premier cas, il est relié à la batterie du véhicule et difficilement déplaçable. Dans le second cas, le traceur est autonome, et dispose de sa propre batterie dont l’autonomie est à prendre en compte. La position du traceur est suivie via une application dédiée, généralement sur smartphone. Les alertes peuvent être envoyées par SMS, mail, ou message vocal.
La résistance du traceur est à prendre en compte. L’indice de protection, représenté par le sigle IP, indique les capacités de résistance du traceur à la poussière et à l’eau. Le maximum est IP69, mais une protection IP66 reste suffisante d’après les experts. La résistance aux chocs est matérialisée par la classification IK suivie de deux chiffres. Le maximum est IK10, qui permet de résister à des chocs de 20 joules.
Côté prix, la fourchette est importante, allant de 50 € à plus de 300 € pièce pour les modèles les plus perfectionnés. L’installation d’un traceur GPS permet aussi parfois de faire diminuer la prime d’assurance.
8/ Vigi Agri : des alertes de proximité par SMS
Vigi Agri ou encore Alerte Agri sont des dispositifs destinés à avertir les agriculteurs des vols commis sur les exploitations environnantes. Le dispositif, mis en place dans de nombreux départements via une plateforme, résulte généralement d’un partenariat entre la chambre d’agriculture et la gendarmerie. Il permet aux agriculteurs d’être informés par SMS des vols recensés. Dans certains départements, des agriculteurs référents ont aussi la possibilité de signaler, via la plateforme, des agissements suspects ou des tentatives de vol. Un système d’information qui permet une grande réactivité. L’abonnement est gratuit ou coûte seulement quelques euros suivant les départements.
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