Lundi 12 avril, les cuma normandes commencent leur semaine avec une visite de Hervé Morin. Une visite présidentielle (Conseil régional de Normandie) répond ainsi à l’invitation du réseau de coopératives de proximité, à Vimoutiers (61), avec Clotilde Eudier, sa vice-présidente en charge de l’agriculture. Une cuma sur deux a bénéficié des aides de la programmation 2014-2020 de la Région Normandie et de l’Europe (Feader). «Or quand on aide une cuma, on aide en fait beaucoup d’agriculteurs», salue le président du comité régional des cuma Etienne Capelle.
De plus, «c’est sur le côté qualitatif du soutien et sur ses effets que nos représentants voulaient mettre l’accent», explique Etienne Fels, directeur de la fédération Normandie Ouest. Une cuma dynamique investit. Mais cela va au-delà du matériel. Elle accueille des nouveaux adhérents. Par extension, elle intéresse des jeunes responsables. Elle améliore les conditions de travail et l’efficacité des chantiers. Elle donne des perspectives à ses agriculteurs ainsi que dans leur territoire, tout en favorisant l’accès aux pratiques de l’agroécologie… Les projets innovants tels que les collectifs Secoppa, sur la luzerne, ou pour un abattoir dans le Pays d’Auge le démontrent.
Des services qui naissent et qui durent
Avec le témoignage des responsables de cuma locales, «les échanges ont été concrets», retient Étienne Capelle de l’événement. «La cuma, c’est une solution pour les problèmes de main d’œuvre sur nos élevages et ça crée de l’emploi local», soutient Alexandre Lefèbvre devant les élus régionaux. La cuma de Vimoutiers, dont il est président, vient d’embaucher un chauffeur-mécanicien avec un camion-atelier. Tout aussi récemment, elle a investi dans un tracteur. C’est son premier automoteur. De surcroît, la cuma de Crouttes à laquelle l’éleveur adhère également, en est à sa sixième désileuse automotrice.
Une demande pour faire évoluer les pratiques en sortant de la course au volume
Pour la mise en œuvre de la prochaine Pac, les cuma ont déjà identifié des pistes d’améliorations. Elle n’ont pas manqué de les exprimer. «Alexandre a pris un exemple intéressant», relève Étienne Capelle. «Ils ont plusieurs tonnes avec des buses palette. Ils voudraient évoluer vers d’autres pratiques, avec des pendillards ou de l’enfouisseur. Mais si on veut être soutenu, il faut que l’investissement apporte plus de volume, que le matériel soit plus gros… Or Alexandre l’a clairement expliqué: la tonne de 10m3 est adaptée au relief accidenté de son territoire.» Des véhicules plus imposants ne pourraient en dire autant.
Des supports concrets ont amendé les échanges
À l’approche de la prochaine programmation, les représentants des cuma ont aussi demandé une augmentation significative des plafonds d’investissement. «Aujourd’hui, ils sont équivalents pour une cuma ou un gaec. Ils ne correspondent pas à notre besoin», soutient le président du comité. Au lendemain du rendez-vous, il pointe un regret principal: Le timing serré de la rencontre n’a pas laissé le temps à l’assistance d’entrer dans le bois et sa filière, entre autres sujets. Il illustre encore: «Sébastien Allais a pu parler du semoir direct ou du rouleau faca de sa cuma de l’Houay, mais il aurait eu beaucoup à dire aussi à propos des circuits de proximité.» Pour la prochaine fois peut-être. Car si c’était une première dans l’histoire du réseau normand, ses responsables espèrent que cette visite de représentants de la Région ne sera pas la dernière.