Leurs noms fleurent bon les régions: du prestigieux Aloxe-Corton en Bourgogne au léger Vouvray de Loire, 98% de la viticulture française est organisée autour de 366vins AOP/AOC (appellations d’origine protégées ou contrôlées), 74 IGP (Indication géographique protégée) et 54 IG d’alcools (Cognac..), qui lient les appellations à un territoire délimité et/ou à des techniques de fabrication très précises.
Au total, la France compte plus d’un millier de ces produits, dont une cinquantaine de fromages, sous appellation. Certains sont connus dans le monde entier comme Roquefort ou Beaujolais. Une petite partie d’entre eux a été prise en compte lors de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Canada, le CETA, qui prend effet le 1er mars, ce qui les garantit contre les contrefaçons à l’étranger.
A la demande du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, l’établissement public qui certifie et accorde les labels de tous ces produits, l’INAO, a défini une quarantaine de mesures agro-environnementales qui vont être proposées aux diverses appellations, afin qu’elles les intègrent à terme dans leurs cahiers des charges. A titre d’exemple, pour la viticulture et l’oléiculture (oliviers à huile), l’enherbement entre les rangées de cépages ou d’arbres, permettant de mieux capter et garder l’eau dans les sols, devrait être encouragé. Pour la production fromagère, c’est surtout le ratio d’alimentation du bétail qui devrait varier, via une augmentation des rations d’herbe ou de foin, et/ou une diminution des rations d’herbe ensilée. Ou la race de vache qui pourrait être unique pour tel ou tel fromage.
La liste des 40 mesures n’est pas publique, devant être validée au cours du premier trimestre 2017 par les différents comités de l’Inao. Certains organismes fromagers ont déjà manifesté l’envie de les intégrer dans leurs cahiers des charges, alors que la filière viticole aurait plutôt tendance à les ressentir comme une contrainte supplémentaire, selon le directeur de l’INAO, Jean-Luc Dairien.
Obligation d’exemplarité
Dans un premier temps, la liste ne sera pas une obligation, ce sont des suggestions qui seront soumises aux organismes gérant les différentes appellations, souligne-t-il. « Nous n’avons pas voulu mettre en place un dispositif contraignant, mais incitatif, qui pourra être valorisé au plan commercial », a-t-il ajouté. Ensuite, une fois qu’une ou plusieurs mesures seront retenues dans les cahiers des charges, elles deviendront obligatoires. « Ces mesures répondent à des évolutions inéluctables », estime M. Dairien. « Dans les 20 ans à venir, l’agriculture prendra mieux en compte l’environnement, c’est le consommateur qui le réclame. » « Les produits sous signe de qualité et d’origine ont un lien avec le terroir, et de protection de ces terroirs, ils ont une obligation d’exemplarité, c’est une condition de crédibilité », a-t-il ajouté.
Outre les appellations, l’INAO pilote aussi les Labels rouges, garants d’une certaine qualité, accordés à ce jour à 434 produits. L’un des derniers nés est un sapin de Noël coupé de type Nordmann ou Epicéa qui répond à certains critères de couleur, symétrie, homogénéité, décrits dans un arrêté d’homologation paru au journal officiel, le 20 novembre. Chaque année, l’INAO accorde appellations géographiques ou labels à une vingtaine de produits: 25 en 2014, 18 en 2015 et 25 en 2016. Cette année, l’INAO a octroyé 4 AOC (vin de Cairanne dans le Vaucluse, Kintoa et jambon du Kintoa issu d’une race de porc pie-noir du Pays Basque, Cidre Cotentin), 1 AOP (abricots rouges du Roussillon), 12 IGP (parmi lesquels le sel Salies-de-Bearn ou le jambon d’Auvergne) et 8 nouveaux labels rouges (dont le piment doux, pâté de foie de volailles supérieur, sapin de Noël, rillettes de saumon).