A l’occasion du lancement d’une pétition demandant au gouvernement « d’interdire l’abattage des animaux sans étourdissement préalable », L214 a publié mardi matin une nouvelle vidéo choc montrant l’égorgement à vif de moutons, filmée selon l’association le 12 septembre dans l’abattoir du Vigeant (Vienne). Ces pratiques d’égorgement sans étourdissement sont autorisées par dérogation aux membres des cultes juifs (rituel casher) et musulman (halal). Mais pour L214, ces images montrent que des « infractions à la réglementation » encadrant ces abattages sans étourdissement ont été commises au Vigeant, et l’association va porter plainte à ce sujet, a indiqué à l’AFP sa porte-parole, Brigitte Gothière. « Une fois que le sacrificateur a tranché la gorge de l’animal, celui-ci doit être maintenu immobile jusqu’à ce qu’il soit inconscient. Là, on voit clairement sur la vidéo qu’à la sortie du « restrainer » (l’appareil qui maintient immobile le mouton), les animaux continuent de se débattre, qu’ils sont encore conscients. Et on n’est pas sur des mouvements réflexes », explique Mme Gothière. Sur cette vidéo de deux minutes environ (https://youtu.be/70wwjEZ0VX8), on peut effectivement voir certains moutons tenter de relever la tête ou de se décrocher de la chaîne par laquelle ils ont été suspendus par une patte alors qu’ils se vident de leur sang après avoir été égorgés. Selon L214, cela ne devrait pas se produire. « D’après la règlementation, il doit y avoir un test à la sortie du « restrainer » pour vérifier si l’animal est bien inconscient (…) S’il est encore conscient alors qu’il n’est plus immobilisé, il doit y avoir une procédure d’urgence pour y remédier« , par étourdissement par exemple, assure Brigitte Gothière. Les avocats de l’association sont en train de visionner les images pour définir les fondements juridiques de la plainte, a-t-elle ajouté.
En plus des quelque 120 abattoirs pérennes utilisés toute l’année, comme celui du Vigeant, une soixantaine d’abattoirs temporaires ont été agréés cette année pour l’Aïd el-Adha, la fête du sacrifice (12 au 15 septembre), afin d’enrayer les pratiques clandestines. Les vidéos choquantes réalisées dans différents abattoirs de France et diffusées par L214 ont conduit à la création d’une commission d’enquête parlementaire qui doit rendre ce mardi ses conclusions sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs. « L’interdiction de la mise à mort d’animaux sans étourdissement est la moindre des choses, nous espérons que la commission aura envisagé cet impératif minimum ! », écrit l’association sur son site internet. « On attend des mesures ambitieuses », concrètement la fin de l’abattage des cochons étourdis au CO2 en sus de l’interdiction de l’abattage des animaux sans étourdissement préalable, a déclaré à l’AFP Mme Gothière. Il faudrait aussi « remettre en question le modèle alimentaire », sachant que 3 millions d’animaux sont abattus chaque jour dans les abattoirs, a ajouté la porte-parole de l’association, dont le nom fait référence à l’article L214 du code rural qui désigne les animaux comme des êtres sensibles. Elle estime que même si « l’abattage sans étourdissement n’a évidemment pas le monopole de la cruauté », cette pratique provoque, selon la communauté scientifique et vétérinaire, « davantage de douleur et de stress qu’un abattage avec étourdissement ». La formation, les contrôles vétérinaires et la vidéosurveillance seront évoquées dans la journée par la commission d’enquête parlementaire.
Paris, 20 sept 2016 (AFP)