Les 6, 7 et 8 avril derniers, le thermomètre a plongé à profondeurs inhabituelles. Certes, depuis quelques printemps, les viticulteurs et les arboriculteurs affrontent tous les 2 ou 3 ans des épisodes de gel. Mais pour Anthony Chambrin, conseiller à la frcuma Centre Val de Loire, il s’agit cette fois d’une chute des températures plus destructive encore. En effet, le thermomètre affichait par endroit entre -5 à -8°C! Or, à cette température, on peut constater les limites des équipements antigel.
Limites des équipements antigel: ne pas hésiter à associer les tours avec des sources de chaleur
Le samedi 10 avril, le Président du Conseil Régional du Centre, François Bonneau, l’attaché parlementaire du député, accompagnés du président de l’AOC Vouvray, d’élus locaux, de journalistes et de la Frcuma Centre Val de Loire ont mesuré de visu les conséquences du froid polaire. Une vague de froid qui s’est abattue dans l’Indre et Loire et plus largement sur une partie du continent européen. En présence des viticulteurs locaux rassemblés au sein de la cuma Chancéenne, ils ont observé l’impact dévastateur de cet épisode climatique sur de nombreux rangs de vigne.
En fonction des couloirs du vent et de l’exposition des parcelles, les destructions sont plus ou moins prononcées. La cuma la Chancéenne a pourtant investi récemment dans trois tours antigel. Avec trois autres installations attendues pour 2022. Les premières observations montrent d’ailleurs que leur action a pu limiter les dégâts dans la mesure d’une association avec des sources chaleurs. Soit des bougies disséminées dans les parcelles, ou bien des feux de paille ou de sarments. Les pâles des tours peuvent contribuer alors à brasser et répartir plus largement dans les parcelles, la chaleur produite.
Sur Facebook, des viticulteurs du Cher en appellation «Vins de Quincy & Reuilly» équipés de tours antigel ont fait part aussi de leur impression. «Après 3 jours de gel, le bilan est satisfaisant (on a évité le pire) et ce grâce aux tours antigel et aux hommes et femmes qui sont là pour les faire tourner. Bien sûr, les parcelles non protégées ont souffert mais quand on pense aux vignerons de certaines régions qui ont tout perdu, on ne peut pas se plaindre».
2 à 3 semaines d’avance
Par contre, sans source de chaleur associée à leur action, les tours ne suffisent pas toujours à elles seules à réchauffer suffisamment l’air pour éviter l’anéantissement des bourgeons, lorsque les températures deviennent très basses comme en ce début de printemps. Le débourrement précoce des vignes, avec 2 à 3 semaines d’avance sur le cycle végétatif «normal» rend en effet celles-ci particulièrement fragiles. Certains cépages plus tardifs comme le Sauvignon, où les bourgeons n’étaient pas encore tous sortis, ont échappé au pire semble-t-il.
Mais on ne pourra poser un diagnostic précis sur l’étendue des pertes que d’ici 2 à 3 semaines, pronostique le conseiller de la Frcuma. Si le bilan définitif n’est donc pas encore possible aujourd’hui, il apparait que les tours équipées de chaudières intégrées, montrent une efficacité supérieure lorsque les températures chutent très bas comme la semaine dernière.
Système d’aspersion efficace
La protection du vignoble par aspersion d’une couche d’eau sur les vignes sur transformant en fine pellicule de glace susceptible de protéger les bourgeons, semble encore plus efficace, évalue Anthony Chambrin. Problème: l’accès à l’eau, parfois très compliqué. Dans l’Indre et Loire, les viticulteurs réunis au sein de la cuma Confluence des Bédoins et de la cuma Protect 2001, ont eu une l’autorisation de pomper. Par contre, leurs homologues de de la cuma Bourgueil Viti Antigel qui ont un projet de pompage dans la nappe, tardent à recevoir leur autorisation administrative malgré les longues et fastidieuses démarches administratives qu’ils ont entreprises.
Une «lourdeur» procédurière dommageable qui empêchent un certain nombre de producteurs de s’équiper à bon escient pour lutter contre cette menace climatique. Pourtant, dès cette semaine, d’autres épisodes de gel menacent à nouveau les vignobles et les vergers du Centre Val de Loire et d’autres contrées. Ces phénomènes climatiques à répétition devraient inciter les viticulteurs et les arboriculteurs à investir dans les moyens de lutte antigel en sollicitant l’enveloppe d’aides prévues dans le cadre du plan de relance (70 millions d’euros déployés). Une enveloppe qui risque donc d’être rapidement épuisée.
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