21 nouvelles fermes se sont converties ou installées en bio chaque jour depuis le début de l’année, selon une étude de l’Agence Bio parue la semaine dernière. Une hausse particulièrement visible dans la filière laitière avec 560 exploitations spécialisées engagées en six mois. « Après la période de conversion de deux ans, la filière attend donc un développement de l’ordre de 30% de la collecte de lait bio d’ici à 2018 », se réjouit l’agence. Une évolution qui concerne également les autres filières ; 740 nouvelles exploitations de grandes cultures (50 000 ha) et 394 nouveaux éleveurs bovins allaitants se sont déclarés à l’Agence Bio depuis le début de l’année.
Les zones d’élevage : premières concernées
Le nombre de producteurs bio, toutes filières et régions confondues, a augmenté de 10% entre le 31 décembre 2015 et le 30 juin 2016, contre 8% sur la même période en 2015. La région Occitanie a dépassé les 7 200 producteurs, suivie par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine (plus de 4 600 producteurs). La façade Ouest affiche aussi un fort dynamisme lié à l’engagement des producteurs laitiers. Au total, 31 880 producteurs étaient référencés en bio au 30 juin 2016. D’ici la fin de l’année, l’Agence Bio estime que les terres consacrées au mode de production biologique dépasseront la barre des 1,5 million d’hectares, soit plus de 5,8% de la Surface Agricole Utile (SAU).
Bug sur l’accompagnement
Par conviction, pour répondre à la demande et rassurés de l’accompagnement financier, les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à franchir le pas. Mais les Régions, elles, tirent la langue. Censées financer la transition avec les fonds du second pilier de la PAC et l’aide de l’Etat, « certaines doutent de pouvoir garantir même ce qui était prévu au titre de l’année 2015 », prévient « Région de France ». Pour l’association, l’Etat doit mettre en adéquation « sa volonté politique et ses engagements financiers ».
Les maquettes initiales insuffisantes
Entre les aides à la conversion et celles liées au maintien des productions, ainsi que les mesures agro-environnementales (MAEC), les enveloppes fondent comme neige au soleil. Une situation sur laquelle avait alerté la Fédération nationale des agriculteurs biologiques dès le mois de mai 2016. Le dossier qui concerne à la fois l’Association « Régions de France » et le ministère de l’Agriculture traîne en longueur et dérange… Les deux se renvoyant la balle. En attendant, certaines régions estiment avoir déjà mangé les sommes disponibles, initialement censées servir jusqu’à 2020. « Les Régions n’ont pas de marges de manœuvre. Aujourd’hui la seule solution est de restreindre pour servir plus de demandeurs », estime Région de France. La Bourgogne, la Normandie et l’Occitanie seraient dans une situation critique.
Le ministère réagit
le 7 novembre, à la veille des assises de la Bio (14 novembre à Paris), Stéphane Le Foll a annoncé 50M€ supplémentaires « destinés à couvrir le fort besoin constaté sur 2016 ».
« Depuis 2015, les demandes des agriculteurs pour bénéficier des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) ou du soutien pour l’agriculture biologique sont en forte croissance. Une des conséquences du succès de ces dispositifs est le dépassement des budgets initialement prévus, et ce malgré un doublement des budgets alloués à ces mesures entre la période 2007/2014 et la période 2015/2020 », indique le communiqué du ministère.
Boom de la consommation
Avec une demande exponentielle depuis quelques années et une filière avale de plus en plus organisée, le marché du bio a fait un bond en avant de 20% sur le premier semestre 2016. « A la fin de l’année, il devrait atteindre les 6,9 milliards d’euros, soit un gain d’1 milliard d’euros en seulement 1 an », applaudit l’Agence Bio. D’après le dernier baromètre Agence BIO/CSA 2015, 9 Français sur 10 (89%) consomment désormais bio, au moins occasionnellement, alors qu’ils n’étaient encore que 54% en 2003. 65% en consomment même régulièrement, c’est-à-dire au moins une fois par mois, contre 37% en 2003.
Les GMS au rendez-vous
Avec 30% de la distribution des produits bio, les grandes et moyennes surfaces (GMS) tiennent la corde (+ milliards d’€ de chiffres d’affaires en 10 ans*), suivies des magasins spécialisés (+1,5 Md€) et de la vente directe (+220 millions d’€). En première ligne face aux consommateurs, difficile d’imaginer que les distributeurs ne soient pas dans les starting-blocks pour déclarer une guerre des prix… qui serait malvenues pour les producteurs.
*Source Agence Bio/ANDI
Voir aussi notre infographie : le boum de la bio !