Utiliser les huiles alimentaires usagées ou de friture comme carburant? Un amendement en ce sens a été déposé à l’Assemblée nationale. Ce dans le cadre du projet de loi pour le pouvoir d’achat. C’est Gregory Gendre, fondateur et coordinateur de l’association « Roule ma frite 17 », qui lance le pavé dans la mare agricole, dans un article de La Dépêche: « Aujourd’hui, avec les véhicules modernes, l’huile uniquement décantée et filtrée ne fonctionne plus. Elle va simplement être efficace sur les modèles d’anciennes générations ou sur du matériel agricole par exemple ». Du matériel agricole?
Des huiles usagées pour alimenter les tracteurs?
C’est le député EELV Julien Bayou qui a émis cette proposition. Elle a été votée par l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi sur le pouvoir d’achat. En premier lieu, souligne Stéphane Chapuis, de la fncuma, elle risque d’être retoquée lors de son passage au Sénat.
Le sénateur LR, Pierre Cuypers, secrétaire du Sénat (et auteur d’un amendement déposé à l’encontre de cette proposition), précise par exemple au site PublicSénat que: « Cette mesure n’est pas fondée du point de vue technique […] aucune norme européenne n’autorise leur utilisation […] L’utilisation directe de telles huiles comme carburant présente […] des risques importants pour les moteurs des véhicules, exposant les conducteurs à une perte de leur garantie constructeur ».
Utilisation des huiles de friture: des limites à plusieurs niveaux
Si le texte était conservé, il resterait encore « pas mal de limites », confirme Stéphane Chapuis: « Le gisement, déjà limite l’ampleur: le gazole, c’est plus de 30 millions de tonnes de consommation annuelle en France. Le gisement des huiles s’élève à environ 150 millions de litres, soit 0,1 millions de tonnes filtrées. »
Techniquement, ensuite, « l’utilisation d’huiles de friture (même non usagées) nécessite une filtration et une utilisation partielle. Et sur certaines typologies d’injection seulement. En clair, une partie seulement des tracteurs de plus de 15 ans pourraient être partiellement alimentés de cette façon. »
Ensuite, il existe déjà une voie d’utilisation pour les huiles usagées. « Cette nouvelle utilisation autorisée assécherait un débouché normé et conforme à l’EN590 (celle du Gazole et du GNR) qu’est le biodiesel. Tout le monde en met sans le savoir dans sa voiture diesel. Car il est mélangé au Gazole à diverses proportions selon les usages. Ces Esthers Méthylique d’Acide Gras (EMAG) sont le fruit d’un processus industriel. Il est en majorité basé sur une huile (Colza et tournesol) non usagée… Mais pour laquelle une voie « usagée » existe aussi. »
Économiquement, ensuite, « si il était autorisé, cet usage serait vraisemblablement toujours soumis à TICPE, au titre du gazole et a priori non du GNR. »
« Et enfin c’est bien le facteur le plus important, le tarif d’une huile collectée, filtrée puis livrée serait de l’ordre d’1€30 donc assez peu attractif comparé au GNR, » conclut Stéphane Chapuis.
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