«Ce projet d’unité de méthanisation est né d’un besoin de chaleur pour 6000m² de bâtiments municipaux, salle des sports, salle des fêtes, école, centre de loisirs et bibliothèque. La mairie s’est donc impliquée dès le départ» explique Emmanuel Carles, à la tête de la cuma du pays de Seyches qui réunit une trentaine d’adhérents.
Une technologie innovante
Après plusieurs réunions, une dizaine d’éleveurs se montrent intéressée par la création de cette unité de méthanisation. Un groupe de réflexion autour du projet se constitue en décembre 2014. Et les études de faisabilité, confiées à Solagro, sont lancées. Le choix va se porter sur un système léger et intégré dans le paysage, puisque l’emplacement choisi se situe à une centaine de mètres des premières maisons. «L’une des premières spécificités de ce projet réside dans sa technologie innovante basée sur des poches souples, qui s’affranchit des traditionnelles cuves en béton. Le digesteur en lui-même sera constitué de poches souples» explique Emmanuel Carles. Ce système est signé ArcBiogaz, un constructeur d’unités de méthanisation établi à Castelmoron-sur-Lot.
Concertation et blocages en tout genre
Autre particularité, la municipalité fait le choix d’organiser des réunions publiques en amont du projet. Et de rencontrer les acteurs publics du département, sous-préfecture, DDT, DDCSPP, de l’Ademe avec le soutien du dispositif MéthaN-Action. «Nous mettons en place un comité de pilotage ouvert en impliquant des riverains. Tous les feux étaient au vert. Nous constituons une SAS Levignergies en septembre 2015, avec pour objet de faire de la méthanisation. La municipalité intègre la SAS. Dès l’automne, nous allons subir les premières oppositions», poursuit le président de la cuma. En octobre 2016, le permis de construire est déposé, les demandes de subvention également. Le financement est enfin bouclé. «A ce moment-là, nous espérions une mise en service pour la fin du premier semestre 2018», observe Emmanuel Carles.
De procédures diverses, en blocages administratifs en tout genre, suivis d’une défection du maître d’oeuvre début 2019, le dossier a mis des années à aboutir. Le comité de pilotage a joué un rôle essentiel. En décembre 2019, le bâtiment, destiné à réceptionner et stocker les matières qui alimenteront le dispositif de production de gaz, est construit. Un dispositif de dépressurisation et de biofiltres pour le traitement olfactif des rejets d’air dans l’atmosphère est prévu.
La mise en service du digesteur est attendue pour la fin du premier semestre 2020. Il sera alimenté par huit éleveurs (bovin lait, viande, ovin, caprin, volailles, palmipèdes) totalisant 5000m³ de lisier et 15000t de fumier, dans un rayon de moins de dix kilomètres. Le digesteur doit réceptionner les déchets verts du conseil départemental. Mais également les déchets de céréales de la coopérative Terres du Sud, de déchets de fruits et légumes d’une entreprise locale. Le méthaniseur doit produire 350kW en vitesse de croisière. Le prix du rachat par ERDF est alors fixé à 21,5 centimes par kW.
Le digestat sera épandu chez les agriculteurs adhérents via un système de transport et d’épandage collectifs (en privilégiant l’option cuma). Cela réduira d’autant les apports d’engrais minéraux
En chiffres
- Investissement global : 3,2 M€
- Amortissement : sur 15 ans
- Emprunts : 1,6 M€
- Subventions : 1,2 M€
- Capital social de la SAS : 400.000 euros dont 175.000 des éleveurs réunis en groupement
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Lot-et-Garonne – Janvier 2020.
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