Les volontaires ne font pas légion. C’est presque là une des idées reçues que la campagne de communication des cuma pourrait battre en brèche. Le 23 juin, Antony Soulis témoignait à l’AG de la section 72 de l’Union des cuma en tant que président épaulé par une équipe.
Pourtant, un an après son adhésion à la cuma de Sainte-Anne, c’était en qualité de candidat par défaut qu’il avait pris le relai du président. Ce dernier menait la barque depuis toujours. «Personne ne voulait prendre la place.» Le directeur adjoint de l’Union, Philippe Coupard, coupe le murmure croissant de la salle: «On voit que ton histoire sent le vécu.»
Les bonnes volontés existent pourtant
«J’ai fait quatre ans sur le même principe de fonctionnement.» Antony en tire alors le constat que cette situation ne serait pas tenable. En conséquence il sollicite sa fédération en quête d’une solution.
Le processus démarre avec une photographie précise de l’organigramme. «Tous les adhérents étaient administrateurs. On se voyait une fois par an à l’AG pour les décisions importantes. Tout le reste était la responsabilité du président.» Trop pour un seul homme, «surtout que la cuma se développait.» Après la phase de ménage dans les parts sociales, dans l’organisation… à l’aide d’accompagnements Dinacuma, la méthode a changé.
La convivialité reste au centre de la logique
Les administrateurs sont moins nombreux désormais. Mais ces élus s’impliquent plus. Et ils se répartissent clairement les missions. «Pour moi c’est devenu moins lourd à gérer», résume le président souriant. Avec Cyril Lhuissier, il pointe enfin un autre indicateur de la bonne santé de la coopérative. La dernière AG de la cuma de Sainte-Anne réunissait 19 des 20 adhérents, avec un barbecue.
La section fédérative profitait de son assemblée annuelle pour revenir sur une expérience marquante de son année dernière. Quatre étudiantes de Master Économie sociale et solidaire (Université du Mans) interviennent devant les cumistes.
«Nous nous sommes intéressées à vos groupes parce qu’ils place le côté humain avant le reste.» Au gré de rencontres avec l’Union des cuma et des responsables de la cuma des Bosquets, elles identifient les défis qu’elle doit relever. «Ces défis sont communs à beaucoup d’autres cuma.» Puis elles proposent des solutions.
Union des cuma : les écrits simplifient
Les cuma doivent réussir à faire travailler ensemble des générations différentes, faciliter la prise de responsabilité et entretenir l’animation du groupe. «Nous nous sommes dit que ce serait bien que la cuma propose un livret d’accueil.» Celui-ci apporterait immédiatement les informations nécessaires au nouvel adhérent.
Dans la continuité, les étudiantes préconisent la rédaction de fiches de postes. «Elles permettraient en même temps de mieux répartir les charges de travail entre les responsables.» les consultantes lancent enfin une réflexion à contre-courant d’une tendance du terrain.
«Nous avons trouvé que ce serait peut être plus simple si les cuma étaient plus petites», avec plus d’interactions entre elles. «Ce serait ainsi moins lourd d’endosser la responsabilité d’un groupe.»
La cuma de Mayet accueillait l’événement du 23 juin. Son histoire récente trouve des similitudes avec sa voisine sur la tribune. «Deux ou trois personnes portaient la cuma.» Dans un processus de fusion, ses responsables contactent l’Union des cuma. Leur demande visait à simplifier le travail du président et du trésorier.
«Nous nous sommes attaqués au partage de tâches.» Cette démarche que présentent André Dupuys et Julien Ménager aboutit à la création de commissions. En parallèle, le conseil d’administration d’une vingtaine de personnes est convoqué tous les deux mois. Tandis que le bureau de huit membres se voit tous les mois. «Dans une cuma telle que la notre, les projets arrivent un peu tous les jours. Les dirigeants ne peuvent pas se voir peu.»
Les héros solitaires sont en voie d’extinction
Voici donc deux exemples de coopératives qui mettent «fin au mythe du président héros solitaire.» Elles apportent en cela une illustration des annonces d’Hubert Muzard (Compétences coopératives). Le formateur est expert des coopératives.
Il martèle en effet que «l’engagement solitaire n’existe pas.» Si le président reste l’incarnation de la coop, il n’exercera la fonction que si d’autres personnes s’engagent avec lui. L’intervenant concède: «Cette prise de responsabilités est tout sauf simple.»
Ainsi, un accompagnement extérieur bienveillant s’avère «une condition absolument nécessaire pour croitre dans l’environnement qui est le notre.» Hubert Muzard précise son propos. «Ce n’est pas lui qui apporte la bonne solution. Mais il la fait émerger avec vous et il validera qu’elle est robuste.»
Le héros moderne travaille en groupe et mise donc sur son environnement. Les cuma sarthoises vivaient historiquement dans le sillage du binôme président – trésorier. Elles modernisent leur fonctionnement de plus en plus.