Depuis cette dernière semaine de juillet, la cuma la Travailleuse moissonne du blé. « Habituellement, nous le démarrons plutôt au 20. » Et au-delà de la décade de retard, comme ce fut le cas pour l’orge, le coprésident Stéphane Blanchet retient surtout que les rendements 2024 ne sont pas au rendez-vous. La qualité non plus. « Là où on obtient une moyenne supérieure à 90 q/ha d’ordinaire, il tombe peut-être à 60 q/ha cette année. Avec des poids spécifiques moyen de l’ordre de 70 à 72 kg/hl. » L’agriculteur dans la région de Fougères (35) analyse : « La pluie a fait du mal. On a sans doute perdu entre 4 et 5 points de PS pendant cette semaine d’attente. »
Pendant que la récolte s’est retardée, la qualité des grains s’est fortement dégradée
L’humidité a aussi perturbé l’organisation d’intercuma que la coopérative cultive. En effet, la bretonne a ses habitudes de moisson en dehors de son territoire. Dans le Maine-et-Loire tout d’abord, à la cuma du Chatelais. « À l’origine, nous voulions mutualiser complètement nos moissonneuses-batteuses », explique le responsable de la cuma la Travailleuse. Le bon montage financier n’ayant pu se concrétiser, chaque structure a conservé son parc. Mais depuis, les cuma s’entraident : « Nous envoyions une batteuse qui remontait en même temps que la leur venait rendre les hectares. Ça a fonctionné pendant une dizaine d’années. » Puis l’échange n’a plus eu lieu pendant deux ans : « Nous avions laissé en compte les hectares qu’ils nous devaient. À la fin de leur saison 2023, ils nous ont proposé de venir nous aider pour les solder. Et l’échange est reparti », narre Stéphane Blanchet.
L’échange d’hectares a la priorité
Depuis trois campagnes, une seconde cuma vient prêter main forte au collectif de la Chapelle-Janson. Théoriquement, les agriculteurs à Plessala (22) n’ont besoin de leurs deux batteuses « qu’après la fin des chantiers ici. » Pas cette fois : La Lexion de la cuma des Forêts a dû regagner les Côtes d’Armor bien avant la fin du coup de bourre. « Finalement, elle n’a pu récolter qu’une douzaine d’hectares chez nous », regrette l’agriculteur en précisant que six heures de route séparent les deux groupes.
De la même manière, la Lexion de la cuma la Travailleuse n’avait récolté que la moitié de la sole prévue dans le Maine-et-Loire. « Dans l’idéal, il aurait fallu qu’on y reste une journée de plus. Ça aurait été terminé chez eux et leur machine aurait pu venir plus tôt. Mais personne n’est prêt à attendre dans ces conditions », observe le dirigeant qui analyse : « Sur une décennie, il va y avoir trois années où ça fonctionne parfaitement. Trois autres comme celle-ci où il n’y a pas moyen et trois autres où il faut trouver des arrangements. »
Une stratégie avantageuse sur le moyen terme
Malgré tout, cette mutualisation s’avère pertinente pour le groupe propriétaire de sa Lexion 650 et qui loue une John Deere t660i. « L’intercuma compense la demi-machine qu’il nous manque. » Et si la cuma la Travailleuse privilégie l’échange d’hectares, car « d’une année à l’autre, les comptes peuvent se rééquilibrer », son représentant observe : « Même s’il faut régulariser une partie de la différence de surface avec un chaque, c’est peu de chose par rapport à la location d’un engin. » Stéphane Blanchet retient surtout : « Quand les adhérents sont bien servis, que l’on peut en satisfaire trois ou quatre en même temps, le tout sans augmentation du tarif de la moisson, c’est très appréciable. » Pour cette saison le coût de l’hectare moissonné avoisinera 150 €.
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